Les principaux banquiers et assureurs français se sont engagés à aligner leur portefeuille avec les objectifs de l'Accord de Paris.
©DAMIEN MEYER/AFP
Finance durable

Le premier cercle du pouvoir dans les banques, une affaire d'hommes

Jamais une femme n'a dirigé de grande banque en France, ni n'en dirige aujourd'hui. A quelques jours de la journée internationale des droits des femmes, le constat est sévère pour une profession pourtant majoritairement féminine.

Les mieux placées arrivent dans le premier cercle. Les banques Société Générale et Crédit Agricole comptent par exemple chacune une femme, Diony Lebot et Valérie Baudson, parmi leurs 12 directeurs généraux délégués et adjoints. Aucune au sein de BNP Paribas et de Crédit Mutuel Alliance fédérale.

Secteur féminin

Ce constat peut être dressé dans diverses industries, mais la banque est un secteur particulier, qui compte plus de femmes que d'hommes, soit 57 % des effectifs des quelque 350 000 salariés, selon la Fédération bancaire française (FBF). Le rapport s'inverse chez les cadres et s'accentue à mesure que grossissent les responsabilités et le salaire. Seuls 32 % des plus hauts cadres bancaires sont des femmes, un pourcentage cependant nettement plus élevé qu'en 2012 (24 %).

Les banquiers sont-ils donc d'irréductibles machistes ? Non, répond le professeur de management à l'université de Genève et chercheur affilié à Skema business school Michel Ferrary, qui avance l'argument de la formation, la finance à haut niveau restant très "matheuse" et dépendante d'un vivier d'écoles d'ingénieurs très peu féminisé. Et "pour arriver au sommet de grands groupes, la mobilité internationale est clé", ajoute-t-il, interrogé par l'AFP, une mobilité souvent freinée par des contraintes familiales plus pesantes pour les femmes, selon lui.

Force de loi 

Les banques, comme l'ensemble des entreprises de plus de 1000 salariés, devront se conformer aux quotas prévus à partir du 1er mars 2026 par la loi Rixain, sous peine de sanctions financières. Ce texte voté fin 2021 impose un minimum de 30 % de femmes parmi les "cadres dirigeants" et au sein des "instances dirigeantes" des entreprises (comité exécutif, comité de direction, etc.), puis 40 % à partir du 1er mars 2029. Il s'inscrit dans le sillage de la loi Copé-Zimmermann de 2011, qui impose un minimum de 40 % de femmes autour de la table des conseils de surveillance et d'administration.

La plupart des établissements bancaires sont déjà dans les clous des premières exigences de la loi Rixain. Mais à y regarder de plus près, les femmes qui se hissent aux premières loges sont souvent cantonnées à des directions dites "fonctionnelles" comme les ressources humaines, la RSE, le juridique ou la communication, moins écoutées dans les décisions stratégiques que les grands métiers apporteurs d'affaires. La banque LCL en est un exemple : un comité exécutif composé de neuf personnes, dont deux femmes en charge des finances et du juridique pour la première, des ressources humaines pour la seconde.

La loi Rixain "accélère la féminisation des comités exécutifs", salue auprès de l'AFP Floriane de Saint Pierre, présidente de la plateforme de données dédiées à la gouvernance d'entreprise Ethics & Boards, une étape indispensable avant d'avoir un jour une femme directrice générale.

Plafond de verre

Les nominations récentes ne traduisent pour l'instant qu'un léger frémissement en ce sens. Celles du mois de février aux directoires de BPCE (pour Banques populaires et Caisses d'épargne), et de la Banque postale permettront à BPCE d'atteindre la parité (deux sur quatre avec l'arrivée le 1er avril d'Hélène Madar, qui rejoint Béatrice Lafaurie) et à la Banque postale les 40 %, avec l'arrivée de Perrine Kaltwasser. Une percée récente est visible au sommet dans les métiers de la banque de détail (Marguerite Bérard chez BNP Paribas, Marie-Christine Ducholet chez Société Générale, Marion Rouso à la Banque postale) ainsi que dans la finance de marchés (Stéphanie Paix chez Natixis, Valérie Baudson chez Amundi).

Mais le plafond de verre demeure solide pour la plus haute fonction, contrairement à l'Espagne (Ana Botin dirige le géant européen Santander) ou au Royaume-Uni (Alison Rose chez NatWest). BPCE et Société Générale ont choisi l'an dernier de désigner à leur tête des hommes, respectivement Nicolas Namias et Slawomir Krupa. Au rang des finalistes, aucune femme. Si la fédération professionnelle a pour directrice générale Maya Atig, elle reste présidée par le grand patron du Crédit Agricole, Philippe Brassac.

Avec AFP. 

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