"Vrais efforts et vrais progrès" en termes de parité dans la banque (Maya Atig, FBF)

Les banques françaises cherchent à féminiser leur états-majors et ont réalisé de "vrais efforts" et de "vrais progrès" en ce sens ces dernières années, affirme la directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF) Maya Atig, que l'AFP a rencontrée.

Question : Quel est l'état des lieux de la parité entre hommes et femmes dans les banques ?

Réponse : La banque est une profession majoritairement féminine, avec près de 60% de femmes, un chiffre qui peut varier à la marge selon les groupes bancaires. La parité s'est développée ces dix dernières années et se renforce à tous les postes, à tous les échelons. Il y a eu de vrais efforts et de vrais progrès partout. Nous voulons être une branche pionnière en la matière, d'autant plus qu'il y a une caricature, démentie par les chiffres, selon laquelle la banque est un métier masculin. L'index 2022 de l'égalité hommes femmes (score sur 100 donné à l'égalité de traitement entre hommes et femmes selon plusieurs critères comme l'égalité salariale, NDLR) pour la branche s'établit à 87, en progression par rapport à l'année précédente.

Q : Pourquoi les femmes n'accèdent-elles jamais à la plus haute fonction ?

R: Le sujet dépasse l'univers bancaire puisqu'il concerne aujourd'hui 37 entreprises du CAC 40. Ensuite il y a des questions d'âge. Sauf exception, dans la banque comme dans beaucoup de grands groupes, vous pouvez prétendre à cette fonction autour de 55, 60 ans. Il est donc logique que les dirigeants actuels reflètent les viviers de recrutement des grandes écoles il y a 30 ans, qui étaient très loin de la parité. Il y a aussi une question de parcours. Les hommes ayant souvent occupé des postes de responsabilité plus variés dans leur carrière, c'est un atout pour monter la dernière marche. Mais en réalité, aux fonctions emblématiques à l'intérieur des banques, les femmes sont plus présentes qu'on ne le pense.

Q : Une femme arrivera-t-elle à la tête d'une banque d'ici 2030 ?

R : Je suis persuadée que ça arrivera. C'est le mouvement naturel, il va y avoir des évolutions d'ici 2030 et il n'y a aucune raison pour qu'il n'y ait pas une femme à la tête d'une banque.

Q : Identifiez-vous des fonctions "féminisées" au sein des comités de direction ?

R: Il y a logiquement une proportion plus forte de femmes dans les métiers qui suivent des études où les femmes étaient très majoritaires, comme les ressources humaines ou la communication. A l'inverse, un effort très spécifique a été fait dans l'informatique, de manière d'autant plus complexe que les viviers progressent très peu en termes de féminisation. Il y a aussi eu de grandes évolutions dans la finance de marchés par exemple.

Q : Que pensez-vous de la loi Rixain, qui impose un quota de 30% de femmes dans les instances dirigeantes à partir du 1er mars 2026, puis 40% à partir du 1er mars 2029 ?

R : La loi Rixain comme la loi Copé-Zimmermann en son temps sont des lois positives, elles accompagnent le sens de l'Histoire. Elle a le mérite de mettre des objectifs intermédiaires et un instrument de mesure adaptable aux entreprises. Les principaux groupes bancaires n'ont pas de difficultés particulières puisqu'ils sont déjà aujourd'hui à l'attendu de 2026, avec environ un tiers de femmes dans leurs "top 50". Ils sont en avance, mais pas encore à l'objectif suivant.

Q : En tant que femme, vous sentez-vous parfois gênée d'être la plupart du temps en minorité ?

R : Je ne peux pas me dire dans chaque réunion +ah je suis la seule femme+ sinon ma vie serait un enfer. Je me sentirais seule et gênée si j'entrais dans une ambiance +boy's club+, ce qui n'est pas le cas, bien au contraire. Il ne faut pas oublier non plus que je suis la troisième directrice générale de la FBF, une fédération professionnelle dirigée par des femmes depuis 2003 sans discontinuer.

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