"Nos organisations sont solidaires des paysans qui revendiquent de produire une alimentation saine et de toucher des revenus dignes en préservant les écosystèmes et les paysages", écrivent les associations, dont La Ligue de protection des oiseaux (LPO), France Nature Environnement (FNE), Humanité et Biodiversité et le Fonds mondial pour la nature (WWF).
En pleine crise agricole et à la veille d'un des Salons de l'agriculture les plus électriques de l'histoire, les ONG dénoncent un "enchaînement hâtif de régressions environnementales décrétées par le gouvernement sous la pression de tracteurs téléguidés par les syndicats majoritaires".
Les associations dénoncent l'"opposition stérile" entre agriculteurs et écologistes, saluant le fait qu'une "grande partie" du secteur "a déjà intégré les enjeux écologiques". Mais "la politique agricole prévue nous paraît inacceptable face à un déclin dramatique de la biodiversité", a déclaré Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO, lors d'une conférence de presse.
En Europe, 800 millions d'oiseaux ont disparus en 40 ans, soit 20 millions par an, selon une récente étude européenne coordonnée par le CNRS.
Or "l'oiseau est l'indicateur de l'état de la biodiversité: là où ses populations s'épanouissent, c'est tout le cortège du vivant, les mammifères, les insectes, les batraciens, les reptiles qui s'épanouissent également", a-t-il rappelé.
Préférence européenne
Les ONG détaillent plusieurs pistes de solutions: une alimentation plus saine, moins carnée, qui favorise l'élevage à l'herbe et la "sortie de la production animale industrielle"; une diminution des cultures très consommatrices en eau, une restauration des mares (90% disparues en un siècle) et des zones naturelles de régulation du cycle de l'eau, comme les marais et les terrasses, ainsi que des haies; dont 70% ont été détruites en 70 ans.
Outre le soutien à l'agriculture biologique et aux circuits courts, elles prônent "l'organisation d'un marché intérieur européen fondé sur la préférence communautaire". Ce qui "n'est pas l'autarcie", a souligné Jean-David Abel de la FNE, mais qui implique d'appliquer nos standards environnementaux aux importations.
Pour la réduction des pesticides, les associations réitèrent leur soutien à l'indicateur de mesure de référence français, le Nodu, que le gouvernement veut remplacer par l'outil européen HRI1.
"Il ne faut pas opposer une politique de réduction des usages", qui serait incarnée par le Nodu "et une politique de réduction des risques" avec l'indicateur européen, a mis en garde Bernard Chevassus-au-Louis, président de Humanité et Biodiversité, "il faut réduire à la fois les usages et les risques".
Cap Nature et Biodiversité se montre aussi "solidaire" de l'Office français de la biodiversité, accusée par des agriculteurs de les mettre sous pression. "En 2023, ses 1.700 inspecteurs ont réalisé 3.000 contrôles sur 400.000 exploitations", a rappelé Allain Bougrain Dubourg, ce qui veut dire qu'"un établissement est contrôlé une fois par siècle".
"Quarante pour cent des contrôles portent sur l'eau et la santé humaine", "sur des zones de captage polluées par les pesticides et des zones d'épandage en bordure des habitations, des Ehpad, des écoles", a-t-il souligné. "Un moment aussi, il faut se calmer: si on n'a pas la police de la nature pour contrôler ce qui est l'élément terre, où allons nous?", a-t-il conclu.
Les ONG, non conviées au grand débat au Salon de l'agriculture proposé par le président Emmanuel Macron, ont défendu le dialogue constant qu'elles mènent déjà avec l'État et les agriculteurs au sein du Conseil économique, social et environnemental (CESE), du Conseil national de la Transition écologique (CNTE) ou du Comité national biodiversité (CNB).
Le collectif, également composé de la Fondation pour la nature et l'homme (FNH), l'Aspas et le Société nationale de protection de la nature (SNPN), sera reçu par le Premier ministre le 4 mars, après le Salon de l'agriculture.
Avec AFP.
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