Arnaud Rousseau, président de la FNSEA.
© STEPHANE DE SAKUTIN:AFP
Environnement

Salon de l'agriculture: la FNSEA boycotte le débat imaginé par Macron

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Des tracteurs défilent vendredi dans Paris et le syndicat majoritaire FNSEA a demandé à Emmanuel Macron de renoncer au débat qu'il veut orchestrer samedi au Salon de l'agriculture, dans un regain de tension aux allures de fiasco pour l'exécutif à la veille de l'ouverture de l'événement.

Une trentaine de tracteurs sont installés dans le centre de Paris, place Vauban, derrière les Invalides, après avoir traversé dans la matinée la capitale depuis l'ouest, dans un concert de klaxons et sous les applaudissements des passants, à l'appel de la Coordination rurale, 2e syndicat agricole.

"On cherche à faire des choses symboliques, des choses qui ont du sens", a expliqué Célestin, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille. "Ce qu'il nous faudrait, c'est des prix, la baisse des exigences environnementales et fiscales", estime ce jeune homme de 19 ans, au volant de son tracteur.

Un autre cortège, à l'appel cette fois de l'alliance majoritaire FNSEA/JA, est attendu à Paris dans l'après-midi. Avec pour destination le parc des expositions de la Porte de Versailles, où le Salon de l'agriculture doit ouvrir samedi au public pour neuf jours.

Une fois sur place, des agriculteurs "veilleront toute la nuit jusqu'à l'arrivée du président de la République", selon la FNSEA. L'exécutif s'efforce depuis un mois de répondre aux agriculteurs qui manifestent pour obtenir un meilleur revenu et moins de contraintes administratives et environnementales, au prix de concessions sur les pesticides.

Le gouvernement a encore annoncé vendredi que les éleveurs ayant perdu des chèvres ou des brebis à cause du loup seraient mieux indemnisés, et que le protocole de tir contre l'animal protégé était assoupli.

"Provocation inacceptable"

Il a cependant suffi que l'Elysée évoque parmi les participants au débat le collectif des Soulèvements de la Terre, écologistes connus pour leur combat radical contre l'agriculture intensive, pour rallumer la mèche de la colère qui semblait retomber depuis trois semaines.

Une "erreur de communication", selon l'Elysée. "Une provocation inacceptable", a rétorqué le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, qui a obligé l'Elysée à rétropédaler. A la suite d'une réunion du conseil d'administration de la FNSEA, il a annoncé qu"aucun représentant" de l'organisation ne participerait au débat. Il a même demandé à "ne pas tenir ce débat", évoquant un "climat d'exaspération" et des "risques de débordement".

La présidente de la Coordination rurale (CR), Véronique Le Floc'h, a indiqué à l'AFP que les responsables nationaux du syndicat ne prévoyaient pas de débattre avec Emmanuel Macron, mais que "plusieurs adhérents de la Coordination rurale y seront" s'il est maintenu, dont Karine Duc, coprésidente de la CR Lot-et-Garonne.

"Arnaud Rousseau a fait pression pour ne pas se retrouver face à nous et Macron s'est couché. Qu'il soit rassuré: nous n'aurions pas participé à cette supercherie, mais merci pour le spectacle!" ont ironisé Les Soulèvenements de la Terre sur X.

"Nous n'avons pas été sollicités, ce qui montre l'intérêt de Macron pour la biodiversité", a de son côté ironisé le président de la Ligue de protection des oiseaux, Allain Bougrain-Dubourg. Plusieurs ONG invitées, dont Générations Futures et la Fondation pour la Nature et l'Homme, diront en fin de journée si elles participeront au débat.

Le médiatique représentant du premier distributeur alimentaire français E.Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, a qualifié de son côté le débat de "grossière manipulation", dénonçant un "coup de com' pas vraiment au niveau de la situation".

Des manifestations sont aussi organisées en dehors de Paris. Dans le Lot, un convoi d'une cinquantaine d'agriculteurs, avec 21 tracteurs et 13 bennes, selon la préfecture, a mené opérations escargot et barrages filtrants, avant de se rassembler dans le centre de Cahors, à l'appel de la FNSEA locale et des Jeunes agriculteurs (JA).

"Ça va être un salon d'explications, un salon qui pourrait être un peu viril - on peut être viril mais correct - parce que le monde agricole a besoin tout de suite de réponses précises sur 'On fait quoi, quand ?'", a confié à l'AFP le président du Salon, Jean-Luc Poulain.

Les organisateurs n'ont toutefois pas dérogé à la tradition: sa vache égérie, Oreillette, une Normande de cinq ans, descendue de sa bétaillère vers 08H20 devant une nuée de journalistes, a reniflé le bitume du parc des expositions puis été amenée vers la salle où elle sera présentée en majesté jusqu'au 3 mars.

Avec AFP.

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