Vignes en Savoie.
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Question de la semaine

Viticulture : l'agriculture biodynamique pour soigner les maux de la terre

ID vous a posé la question suivante en début de semaine "Viticulture : connaissez-vous la biodynamie ?" Pour une majorité, la réponse est oui. Alors que les polémiques autour des produits phytosanitaires font rage actuellement, cette agriculture alternative permet pour sa part de soigner la terre.

Cette semaine, ID vous a demandé si vous connaissiez la biodynamie, une agriculture qui a la cote malgré une histoire vieille de près d’un siècle. À date de publication de cet article, vous êtes une grande majorité (66 %) à voter oui.

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Viticulture : connaissez-vous la biodynamie ?

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Un concept mystique, entre cycles lunaires et préparations médicinales. Telles sont les idées reçues sur la biodynamie, une agriculture dont le mot résonne souvent, mais dont le concept reste pour beaucoup encore assez flou. 

André Genoux est viticulteur en agriculture biodynamique sur les contreforts du massif des Bauges en Savoie. Vigneron de père en fils depuis cinq générations, il est néanmoins le premier de sa famille à produire des vins en biodynamie, et ce depuis 2008. Pour ce viticulteur, cette agriculture est à la fois " très simple et très compliquée", confie-t-il en souriant. La biodynamie est une agriculture holistique, c’est-à-dire qu’elle considère la terre comme un écosystème vivant. Les produits utilisés pour entretenir la vigne sont donc uniquement faits à base de plantes, minérales ou animales, constituant une sorte de traitement homéopathique. "Un individu n’a pas besoin d’aller se soigner tous les jours si son organisme est sain ; pour la vigne c’est pareil. Si la terre dans laquelle s’enracine la vigne est saine, la vigne va trouver tous les éléments dont elle a besoin dans le sol." 

Parmi les traitements utilisés, certains se démarquent. C’est notamment le cas de la bouse de corne, aussi appelée "500". Une préparation obtenue pendant l’hiver par la fermentation dans le sol de bouse de vache de bonne qualité, qui a été introduite dans des cornes de vaches. Une fois concoctée, cette préparation sera pulvérisée avec de l’eau sur les vignes.

La biodynamie c’est 30 % de travail en plus pour 30 % de récoltes en moins. La barrière qui empêche les vignerons de passer en biodynamie est essentiellement dans la tête. Il faut changer de schéma mental pour pouvoir faire de la biodynamie.

Aussi appelée "anthroposophie", la biodynamie utilise le calendrier lunaire pour optimiser la qualité de ses produits, afin que le sol, la plante et la lune se combinent au mieux. "À l’origine, la vigne est une liane qui pousse en forêt, elle a donc besoin d’autres plantes autour d’elle", explique André Genoux. "Dans notre cas, nous avons fait le choix de ne pas tout planter en vignes, parce qu’elles ont besoin de parties boisées, de parties sèches et d’autres plus humides autour d’elles." Sur ses 20 hectares, le vigneron n’en a planté que 12 en vignes, les 8 hectares restants servant à recréer un écosystème propice au bon développement de ses plantations. 

"La qualité du vin", voilà l’une des raisons qui a poussé le vigneron à passer à l’agriculture biodynamique. "Nous en avions assez de voir la terre et la vigne souffrir sous l’action des pesticides". S’il faut compter environ quatre années pour passer d’une agriculture conventionnelle à une agriculture biodynamique, l’étape la plus difficile est avant tout mentale, selon André Genoux. "La biodynamie c’est 30 % de travail en plus pour 30 % de récoltes en moins. La barrière qui empêche les vignerons de passer en biodynamie est essentiellement dans la tête. Il faut changer de schéma mental pour pouvoir faire de la biodynamie ". 

Nos clients nous disent que nos vins ont plus de profondeur. Un vin en biodynamie est vivant, il va procurer une émotion. Il ne s’agit plus simplement des qualités gustatives qu’on a en bouche, c’est plus que ça.

Si André Genoux s’est lancé dans l’anthroposophie, c’est premièrement dans une quête de bonification de son vin, mais également pour des raisons religieuses. "Ce qui a été un déclenchement plus tardif, c’est aussi ma foi chrétienne, cet amour de la terre et cet amour de la vie qu’a traduit le pape François dans sa dernière encyclique", explique-t-il.

Qualifiée "d’agriculture positive", la biodynamie permet de lutter contre les aléas climatiques et environnementaux. "Ici en Savoie, nous sommes dans des coteaux très pentus, puisqu’on a 30 à 40 % de pentes. Lors de gros orages, les vignes de nos voisins sont ravinées, la terre s’en va. Pour notre part, depuis que nous sommes en biodynamie, nous n’avons plus aucun problème de ravinement." 

Bouse de corne, aussi appelée " 500 ".
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En outre, la biodynamie permet aussi une bonification de la qualité des vignes. "Nos clients nous disent que nos vins ont plus de profondeur. Un vin en biodynamie est vivant, il va procurer une émotion. Il ne s’agit plus simplement des qualités gustatives qu’on a en bouche, c’est plus que ça", explique le vigneron. 

Début 2018, 511 domaines étaient certifiés biodynamiques par le label Demeter en France. Avec un total de 13 665 hectares, la biodynamie représentait environ 1 % de la surface en agriculture biologique sur le territoire.

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