Protéger les arbres, voilà la mission de l’association A.R.B.R.E.S. Depuis 1994, celle-ci préserve les arbres en les faisant connaître au public, notamment avec son label "Arbres Remarquables de France". Entretien avec George Feterman, président de l’association et professeur agrégé de sciences naturelles.
Qu’est-ce que le label "Arbre remarquables de France" ?
A la création de l’association en 1994, notre objectif était de faire connaitre et de protéger les arbres au profil particulier. Vingt-sept ans plus tard, on n’en finit pas de découvrir des arbres extraordinaires. On a ainsi créé ce label en l’an 2000 pour tenter de les préserver. Il a d’ailleurs reçu le soutien de la secrétaire d’état chargée de la biodiversité en 2021 reconnaissant la valeur de ce label, sans pour autant lui attribuer de qualité juridique.
Qu’est-ce qu’un arbre remarquable selon ce label ?
Un arbre remarquable peut être très vieux ou de dimension impressionnante. Il peut aussi avoir une histoire ou une légende particulière, ce qui contribue à l’aspect plus culturel que naturel de notre pays. Si un arbre extraordinaire est toujours là, c’est que des hommes ont décidé qu’il devait continuer sa carrière. Avec le label, on perpétue donc cette tradition en mettant leur particularité en avant.
Au-delà de cette forme de notoriété, qu’est-ce ce label apporte à l’arbre ?
Il lui procure une notoriété qui s'avère protectrice. L'attribution du label à un arbre marque une préservation de longue durée pour la commune, sans pour autant qu’il y ait cette valeur juridique que nous n’avons pas obtenue pour l’instant. C’est l’évènement en tant que tel, autour de l’attribution du label, qui est protecteur. La preuve en est qu’on a attribué 750 certifications depuis plus de vingt ans, et qu’aucun de ces arbres n’a été détruit par les hommes. On peut prendre l’exemple de la ville de Gréasque, entre Aix en Provence et Marseille, qui a créé un périmètre de sécurité grâce à un mulch composé de bout de pins. Personne ne peut alors s’approcher ou toucher l’arbre. C’est un exemple que l’on conseille de suivre pour éviter les piétinements qui menacent les racines.
Comment fonctionne cette association ?
Nous sommes une association de bénévoles. Nous n’employons qu’un salarié pour la recherche d’aides financières. Ces aides sont fournies par plusieurs organismes comme la Fondation Iris, la Fondation Lemarchand ou la Fondation Vulli. Certaines petites communes de moins de 2 000 habitants, nous donnent aussi de l’argent lorsqu’elles ont des travaux d’entretien.
Parmi ces 750 arbres, lequel vous a particulièrement touché ?
Je les connais presque tous mais j’ai un faible pour deux arbres en particulier. Le premier est un olivier se trouvant à Roquebrune Cap Martin. Cet arbre bimillénaire est le plus vieux de France. Il approche d’ailleurs de l’âge des grands séquoias américains. Le deuxième est un arbre situé à Béceleuf, près de Niort, dans Les Deux-Sèvres. Celui-ci pousse à l’intérieur d’un pigeonnier en ruine dont il dépasse maintenant le sommet. Il parvient ainsi à marier patrimoine bâti et arboré.
On a vu récemment l’affaire des arbres centenaires près de la Tour Eiffel qui devaient être abattus. La ville a dû faire marche arrière, face à la protestation du public. Peut-on parler d’un attachement culturel fort à l’arbre ?
Le grand public, et la jeunesse en particulier, est attaché aux arbres. On observe d’ailleurs que les jeunes qui arrivent dans les métiers des arbres sont aujourd’hui sensibilisés à leur préservation. Concernant le cas de la Tour Eiffel, j’étais au premier rassemblement pour la "sanctuarisation des arbres et jardins du champs de Mars", le 4 mai dernier, pour dire que je voulais que la ville dans laquelle j’habite, Paris, soit un exemple pour le monde entier. Elle se doit d’être irréprochable et ne pas sacrifier ces arbres centenaires pour un projet de réaménagement qui a si peu d’importance. Le public a envoyé un message clair concernant les arbres de la Tour Eiffel : il faut les laisser tranquilles.
Conférence de l’arbre urbain au Champ de Mars. Sanctuarisation des jardins et protection de la nature demandée par @FNE_Paris pic.twitter.com/GCAKijfcI9
— GNSA 🌳 Groupe National de Surveillance des Arbres (@GNSA_arbres) May 5, 2022
Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Écoutez la chronique Social Lab ici.
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