L’inventrice à l’origine de ce cendrier-champignon, Audrey Speyer, est franco-belge et auprès d’un autre projet – Neurogreen, la poubelle intelligente – elle est lauréate du premier prix "Bootcamp MoveUp Festival" organisé au mois de juillet durant le Dour Festival. Sa start-up, PuriFungi, est à la croisée des chemins entre la recherche scientifique, l’engagement écologique et la résilience citoyenne déclare Audrey Speyer sur sa page Facebook. Elle travaille avec les champignons comme matière première et développe des "kits" reprenant des techniques naturelles, à la manière du biomimétisme, telles que la "mycoremédiation" qui utilise des champignons pour purifier et dépolluer.
Ses cendriers vivants nommés "MYcelial Ashtrays" reprennent ce processus. Une culture de champignon sert de réceptacle à mégots, ceux-ci vont absorber et digérer les contaminants pour ensuite recycler le mégot. La nature ayant besoin de temps, le processus n’est pas immédiat. Mais au bout de 2 semaines, les champignons développent le mycelium, c'est-à-dire le réseau racinaire, puis assimilent ainsi le mégot. Au bout de 2 mois, ce qu’il en reste peut être utilisé en tant que bio-matériau comme substitut au plastique.
Gérer les mégots de manière durable
Le mégot est un fléau, d’après une étude de la Commission européenne relayée par le ministère de la Transition écologique et solidaire en juillet 2018, son filtre contient des matières plastiques telles que l’acétate de cellulose qui peut mettre plus de dix ans pour se dégrader. Il est aussi chargé de plusieurs milliers de substances chimiques - comme l'acide cyanhydrique, le naphtalène, la nicotine, l'ammoniac, le cadmium, l'arsenic, le mercure ou le plomb3 - dont certaines sont dangereuses et toxiques pour les écosystèmes. Enfin, un mégot jeté par terre et emporté par les eaux se retrouvera à coup sûr dans les mers et océans.
Le consommateur aura à la prochaine cigarette consumée, une pensée pour la mission PuriFungi et peut-être il décidera de ne pas jeter sa cigarette dans le caniveau." - Audrey Speyer
Le projet de PuriFungi s’inscrit dans la volonté de "réduire le déchet à sa source de production - par les cendriers - et réduire la pollution issue de ce déchet via une technique naturelle de dépollution. Grâce à l'inoculation d'une espèce de champignon sur le substrat pollué, appelée mycoremédiation", nous explique l’équipe de PuriFungi. Mais plus globalement, le but est de "sensibiliser les fumeurs et les conscientiser sur leurs actes et leurs consommation" ajoutent-ils, et cela "grâce aux cendriers eux-mêmes faits à base de mégots, le fumeur est interpellé par le visuel et la composition du cendrier, il remarque la présence de mégots et comprend l'enjeu qu'il y a derrière l'objet. Il aura, à la prochaine cigarette consumée, une pensée pour la mission PuriFungi et peut-être il décidera de ne pas jeter sa cigarette dans le caniveau".
En tant que Festival "durable jusqu’à la moelle", le Cabaret Vert ne peut ignorer la problématique en lien avec les mégots. Jean Perrissin, le responsable développement durable du festival, déplore, dans une interview donnée à Trax le 23 juillet dernier, le fait que ce soit le "N°1 des déchets du festival". Sa petite taille ne réduisant pas ses effets nocifs sur l’environnement et sa grande capacité à polluer, il est nécessaire qu’il soit pris en charge, mais cela avec le concours des festivaliers qui doivent jouer le jeu et jeter leurs mégots dans un cendrier et non à même le sol.
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