Généralisé dans les années 1950 face à l’explosion du nombre de cancers du poumon, le filtre à cigarette est présenté comme une solution de protection de la santé du fumeur. Mais il n’en est rien, selon Surfrider Foundation, qui appelle à son interdiction dans un communiqué.
"Un outil marketing"
L’ONG de défense des océans déplore "une protection illusoire", entraînant "une pollution bien réelle". En effet, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ne reconnaît aucun des effets bénéfiques attribués aux filtres à cigarette.
Surfrider, ainsi que le Comité national contre le tabagisme, attribuent sa généralisation au "marketing" de l’industrie du tabac, afin de donner un faux sentiment de sécurité aux consommateurs de cigarettes. Pire, le filtre, qui altère le goût du tabac, pousserait les fumeurs à tirer plus fort et encouragerait la pratique des plus jeunes, moins facilement dégoûtés.
En plus de n’offrir aucun intérêt pour la santé des fumeurs, les filtres font en revanche partie des principales sources de pollution des rivières et des océans. Fabriqué à partir d’acétate de cellulose, une matière plastique contenant de nombreux produits chimiques.
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D’abord traités avec du dioxyde de titane, "un composé toxique qui leur confère leur couleur blanche et leur texture brillante", ils sont ensuite "compactés avec de la triacétine" et recouverts d’un papier lui-même traité à l’aide de produits toxiques.
Enfin, le papier de manchette, qui masque le filtre des cigarettes industrielles, est également imprégné de substances toxiques. Elles permettent d’éviter que la cigarette ne colle aux lèvres mais rendent sa dégradation encore plus lente.
Des océans contaminés
Une fois abandonnés dans la nature, les filtres suivent le même chemin que la plupart de nos déchets plastiques. Lors d’épisodes de pluie, ils sont charriés par l’eau jusqu’à atteindre une rivière, puis un fleuve et terminer dans l’océan.
Consommé par la faune marine, le plastique entre dans la chaîne alimentaire, au bout de laquelle se trouve l’humain. On estime que les Européens mangent chaque semaine l’équivalent d’une carte de crédit de plastique.
Au-delà du simple filtre, le mégot de cigarette contient également plus de 7 000 substances polluantes, qui contaminent sols, rivières et océans. La nicotine, à elle seule, peut contaminer jusqu’à 1 000 litres d’eau en 24h. On y trouve aussi du goudron, des pesticides, des gaz issus de la combustion et des métaux lourds.
Surfrider Foundation invite à accentuer la sensibilisation "sur les dangers liés aux mégots et plus particulièrement aux filtres lorsqu’ils sont jetés dans la nature". Elle appelle aussi à une "réglementation plus stricte sur les filtres plastiques", notamment en appliquant le principe du pollueur-payeur, quitte à "s’interroger sur la nécessité réelle" de ceux-ci.