Quand la fiction rattrape la réalité. Alors qu’en Australie une équipe de scientifiques cherche aujourd’hui à faire revivre le tigre de Tasmanie, une entreprise américaine, Colossal Biosciences, tente de réanimer le mammouth laineux, espèce disparue il y a 4 000 ans.
Comment ? En appliquant des “techniques avancées de modification génétique” pour réintégrer ce pachyderme dans la toundra arctique. A la manœuvre de ce projet, l’entrepreneur Ben Lamm et le généticien George Church de l’Université d’Harvard.
Concrètement, il s’agit d’intégrer des séquences d’ADN de mammouth laineux, retrouvés congelés dans la toundra sibérienne il y a vingt ans, dans le génome d’éléphants d’Asie. Ces deux pachydermes ont un ADN similaire à 99,6%, comme le souligne Colossal Biosciences sur son site internet. Un premier spécimen de cette espèce hybride pourrait voir le jour d’ici cinq ans grâce à une éléphante mère-porteuse.
Pour ressusciter des animaux disparus, il existe à l’heure actuelle trois techniques : “croiser des espèces proches afin de retrouver certains traits perdus, le clonage, et enfin l'édition génomique”, indique l’AFP. Cette méthode a été récemment utilisée par une équipe spécialisée dans la paléogénétique. Leur objectif : ressusciter le Rattus macleari, une espèce de rat endémique de l’île Christmas, dans l’océan Indien, disparue il y a environ 120 ans.
“Redonner vie aux prairies arctiques”
S’appuyant également sur la manipulation génétique, la création d'un mammouth-éléphant poursuit un but particulier. “Sa réintroduction dans la toundra doit permettre de restaurer des écosystèmes disparus qui pourront aider à stopper voire à inverser les effets du changement climatique”, relève l’entreprise américaine.
Les mammouths laineux génétiquement modifiés pourraient notamment "redonner vie aux prairies arctiques", qui permettent de capter le dioxyde de carbone et de supprimer le méthane, deux gaz à effet de serre, selon Colossal Biosciences. En piétinant le sol, ils empêchent la fonte du pergélisol qui joue un rôle essentiel dans le stockage du CO2.
15 millions de dollars de fonds privés ont pu être levés pour réaliser ce projet de “dé-extinction”. Un procédé qui suscite quelques interrogations au sein de la communauté scientifique.
Okay, I am picking up my *cough* mammoth thread from yesterday.
If you are interested in the story so far, I talked a bit about the current main justification given by Colossal for their plans for "mammoth de-extinction" here:https://t.co/IQ6dUG8PrR
🧵/1
— Tori Herridge (@ToriHerridge) September 14, 2021
"Il n'y aura plus jamais de mammouths sur terre. Si cela fonctionne, ce sera un éléphant chimérique, un organisme totalement nouveau, synthétique et génétiquement modifié", avait tweeté Tori Herridge, biologiste et paléontologue au Muséum d'histoire naturelle de Londres.
Ce projet soulève des questions éthiques, notamment celle du bien-être animal mais aussi écologiques. Quelles conséquences la réintroduction d’espèces pourraient-elles avoir sur les écosystèmes actuels ? Un article de Planet-Vie, qui fait partie de la fédération des sites dits “experts” de la DGESCO (direction générale de l’enseignement scolaire), publié en mars 2018, s'interroge également sur un second risque : celui de la diffusion de pathogènes par ces nouveaux animaux, ou la ré-apparition de virus, "dont l’ADN serait encore intégré au génome utilisé pour cloner un représentant d’une espèce disparue".
Avec AFP.
Vous avez apprécié cette information ? Abonnez-vous à notre newsletter en cliquant ici !
Pour aller plus loin et agir à votre échelle, découvrez notre nouveau guide Idées Pratiques #10 : Vacances écolo, mode d'emploi
Au sommaire : état des lieux de l'impact du tourisme sur l'environnement, conseils et bons plans pour allier plaisir et écologie... 68 pages de solutions pour préparer vos vacances en mode écolo.
Cliquez ici pour découvrir et commander votre guide Idées Pratiques.
#TousActeurs