Les "substances" radioactives contenant des radionucléides qui justifient des mesures pour protéger l'homme et l'environnement des radiations, sont divisées entre matières et déchets. Les "matières radioactives" utilisées surtout par l'industrie nucléaire, mais aussi la recherche, la défense ou le secteur médical, sont les substances pour lesquelles "une utilisation ultérieure est prévue ou envisagée", selon le code de l'Environnement. Les "déchets" au contraire sont des substances pour lesquelles "aucune utilisation ultérieure n'est prévue ou envisagée". La différence entre les deux catégories s'illustre dans le débat entre les pro et anti-nucléaires.
En France, qui a fait le choix du retraitement, les combustibles usés des centrales nucléaires, entreposés notamment dans la piscine de La Hague, sont catégorisées comme matières, servant notamment à fabriquer les combustibles MOX. Mais certaines ONG comme Greenpeace voudraient les voir requalifiées comme "déchets", considérant que seulement 1% est réellement réutilisable.
Différents types de déchets
Selon le dernier inventaire de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), la France comptait 1,62 million de m3 de déchets radioactifs fin 2017, issus à près de 60 % de l'industrie électronucléaire. Ces déchets sont classés en six catégories selon leur radioactivité et leur durée de vie.
Les déchets de haute activité (HA), qui peuvent être radioactifs jusqu'à plusieurs centaines de milliers d'années, sont des résidus provenant du processus de retraitement du combustible usé. Ils représentent seulement 0,2% du volume total (3.740 m3) mais 94,9% du niveau de radioactivité. La catégorie la plus importante en volume (près de 60%) est celle des déchets de faible et moyenne activité à vie courte (FMA-VC, jusqu'à 300 ans), issus du fonctionnement ou de la maintenance des centrales et de la recherche.
Un tiers correspond aux déchets de très faible activité (TFA) provenant principalement du démantèlement des centrales (bétons, métaux...), quel que soit leur niveau de radioactivité. En raison de la croissance attendue de cette catégorie, avec une prévision de 2,2 millions de m3 à la fin du démantèlement des installations nucléaires existantes, les maîtres d'ouvrage du PNGMDR (ministère de la Transition écologique et Autorité de Sûreté nucléaire) ouvrent notamment le débat sur l'introduction de seuils de radioactivité en dessous desquels ils seraient gérés comme des déchets conventionnels ou recyclés.
Entreposer n'est pas stocker
Selon le code de l'Environnement, l'entreposage consiste à placer des matières ou déchets dans une installation dédiée à titre "temporaire". L'opération de stockage, qui ne concerne que les déchets, est elle "potentiellement définitive", "sans intention de les retirer ultérieurement".
À ce stade, le stockage existe pour les catégories de déchets les moins radioactifs (TFA et FMA-VC), mais pas pour les autres. Pour les déchets les plus radioactifs (HA et déchets de moyenne activité à vie longue), une loi de 2006 a fait le choix d'un stockage géologique profond, qui a donné naissance au projet controversé d'enfouissement Cigéo à Bure (Meuse). Le futur site est censé accueillir à 500 mètres sous terre quelque 80.000 m3 de déchets issus du parc nucléaire actuel, avec une réversibilité avant sa fermeture vers 2150.
Mais certains opposants estiment que cette réversibilité n'est pas réelle et plaident pour un entreposage en attendant que la science trouve éventuellement une autre solution. Alors qu'EDF et Orano (ex-Areva) favorisent l'entreposage dans des piscines, Greenpeace plaide pour un entreposage à sec en sub-surface (un peu sous terre).
Saturation ?
Greenpeace dénonce une "saturation" des piscines de refroidissement sur les sites des réacteurs et des immenses piscines de La Hague. Tout comme Orano, les maîtres d'ouvrage n'envisagent pas une saturation de La Hague avant 2030, notant une capacité d'entreposage disponible de 6 %.
Soulignant que créer de nouvelles installations d'entreposage prend 10 à 15 ans, ils jugent "essentiel de prévoir dès à présent de nouvelles capacités". EDF envisage la création d'une piscine centralisée, mais le lieu "qui n'est pas encore choisi" ne sera pas annoncé pendant le débat, selon l'entreprise.
Avec AFP.