©Poulehouse/Facebook
Environnement

Poulehouse : fini les poussins broyés, place au sexage dans l'œuf !

L'entreprise Poulehouse commercialise depuis plusieurs années des œufs "qui ne tuent pas les poules". Cette année il vont encore plus loin en adoptant une technique venue d'Allemagne visant à éviter le broyage des poussins : le sexage dans l'œuf.   

Depuis 2017, la start-up française fait figure d'ovni dans la filière de l'œuf. Contrairement à de nombreuses entreprises, elle offre une seconde vie aux poules pondeuses en leur faisant échapper à l'abattoir. En 2019, Poulehouse s'est lancé un nouveau défi : produire des œufs sans broyer de poussins. ID s'est entretenu avec Fabien Sauleman, un des fondateurs de l'entreprise. 

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cette nouvelle initiative expérimentale que vous menez ?

Aujourd'hui, le fait de faire venir les premiers poussins issus de ce procédé de sexage est une première en France. Cela ouvre un débat : nous démontrons la viabilité de la technologie développée par la start-up allemande Seleggt avec laquelle nous travaillons. Cette entreprise est la seule actuellement à avoir mis en place cette technique. La question que nous posons alors est : "que faire en France par rapport à cela ?". Puisque la technologie existe et est efficace, et puisque la demande du consommateur est claire, comment agir en tant que distributeur ou politique, et sous quel délai ? 

Quelle problématique vous a poussé à adopter ce nouveau procédé ? 

Dans la filière de l'œuf aujourd'hui, les poules pondeuses sont "optimisées" pour accélérer le rythme de ponte. Or, un œuf sur deux qui éclot est un mâle qui, par définition, ne pond pas. Ces mâles ne se transforment pas ensuite en poulets satisfaisants pour le marché européen : il existe en effet une filière spécifique de poulets fermiers qui grandissent plus rapidement. Le poussin mâle, une fois né, ne sert à rien : il est donc tué le plus vite possible dans le but d'éviter d'enclencher des coûts d'élevage et d'alimentation. Ces poussins mâles sont donc systématiquement tués le jour de leur naissance. Chaque année, près de 50 millions d'entre eux sont amenés à la vie pour être ensuite tués. L'aspect le plus choquant de ce processus est cette idée de "vie inutile" il me semble. 

Cet aspect-là n'est pas dissimulé, mais pourquoi ne constitue-t-il pas une information de notoriété publique ? 

Les associations de défense de l'environnement ont mis en lumière cet aspect-ci de la filière de l'œuf il y a quelques années de cela, mais est-ce que les gens ont vraiment envie de savoir ? Dans les faits, je pense qu'effectivement beaucoup de personnes ne savent pas que les poussins sont tués, de même que beaucoup de personnes ne savaient pas que les poules elles-mêmes étaient tuées après 18 mois, dès qu'elles se montrent un peu moins productives. 

Quelle est la solution proposée par cette start-up allemande avec laquelle vous travaillez ?

Leur solution est d'identifier le sexe de l'animal avant sa naissance. Cela consiste à faire des prélèvements dans l'oeuf puis d'utiliser des révélateurs chimiques pour rendre les hormones visibles. On peut par la suite identifier s'il s'agira d'un individu mâle ou femelle, de façon suffisamment précoce pour pouvoir éliminer les futurs poussins mâles, avant même qu'ils ne soient capables de ressentir quoique ce soit, ou de souffrir. Rappelons également que les poussins mâles sont tués à la naissance dans des conditions assez barbares : ils sont la plupart du temps broyés et je crois qu'une partie d'entre eux est également gazée. Mais y a-t-il une "bonne façon" de tuer ? Je ne sais pas. 

Allez-vous créer un packaging particulier lors de la commercialisation de ces nouveaux œufs ? 

Nous ferons des annonces à la rentrée, mais dans les faits, il y aura en effet un petit signal sur la boîte pour pouvoir les reconnaître. Ce qu'il faut mettre en avant pour l'instant, c'est que le fait d'acheter des œufs Poulehouse favorise une start-up qui tente de faire bouger les choses. Notre objectif est d'équiper progressivement tous les lots de cette façon-là. Ainsi, d'ores et déjà, acheter nos œufs participe au développement de cette technologie. 

Les œufs que vous proposez actuellement s'achètent à environ 1 euro pièce. Les nouveaux œufs seront-ils plus chers et peut-on imaginer voir ce prix baisser dans le futur ? 

Nous n'allons pas répercuter les nouveaux coûts liés à ce nouveau procédé sur nos œufs : ils seront au même prix que ceux que nous vendons actuellement. Il s'agit d'un prix effectivement élevé, dans la mesure où nous nous sommes engagés à nous occuper pendant des années de poules qui pondent moins, et que cela a un coût. L'essentiel des coûts dans la filière de l'œuf reposent sur l'alimentation des poules. Nous avons pour projet cette année de proposer un œuf moins cher. Nous serons probablement en mesure de rendre ces œufs éthiques financièrement accessibles. 

Voici la chronique du Social Lab sur France Inter :

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