Seules 91 374 logements ont subi une rénovation d'ampleur en 2024, contre les 200 000 prévues.
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Environnement

Passoires thermiques : l’UFC-Que Choisir dénonce des aides inefficaces

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Dans une étude parue le 5 mai, l’UFC-Que Choisir dénonce "l’inefficacité persistante des dispositifs d’aide à la rénovation des logements", laissant des millions de Français sans solutions face à la "précarité énergétique".

Deuxième pôle le plus émetteur de gaz à effet de serre dans la vie des Français, le logement reste un grand enjeu de la lutte contre le réchauffement climatique. La principale raison de ce triste record : les 4,2 millions de passoires thermiques recensées en France. 

En 2021, la loi Climat et résilience fixait comme ambition la rénovation de "l’ensemble du parc résidentiel d’ici 2050", rappelle l’UFC-Que Choisir dans une étude publiée le 5 mai. 

Peu de rénovations 

Pour l’association de consommateurs, "les résultats sont largement en dessous des attentes". Alors que la loi prévoyait la rénovation de 700 000 logements en 2024, moins de 450 000 ont effectivement eu lieu. 

Deux types de rénovation étaient également prévus : la rénovation par geste, "qui consiste en des gestes de travaux isolés (remplacement de chaudière, isolation d’un mur…)" et la rénovation d’ampleur, bien plus efficace, mais nécessitant des travaux plus approfondis. 

Le rapport souligne que c’est la première option qui a souvent été privilégiée. Ainsi, alors que 200 000 rénovations d’ampleur devaient avoir lieu l’année dernière, seules 91 374 ont effectivement été réalisées. 

La lenteur du dispositif aurait pourtant des conséquences directes. Aujourd’hui, 26 % des Français souffrent du froid chez eux. En été, ils sont près de 60 % à souffrir de la chaleur. 

Des aides difficilement accessibles ?

Le rapport pointe surtout le manque d’accessibilité des aides de l’État, ainsi que leur caractère peu incitatif. La plus connue, MaPrimeRénov’, est jugée "trop complexe" pour un quart de ses bénéficiaires, principalement à cause de sa lourdeur administrative. 

Au-delà des démarches à effectuer, les aides proposées seraient souvent financièrement insuffisantes. Les "foyers aux revenus intermédiaires et supérieurs" doivent régulièrement s’acquitter de restes à charge très importants, le soutien de MaPrimeRénov’ se limitant parfois à seulement 20 % du coût des travaux. 

Pour les ménages les plus modestes, si le reste à charge est peu élevé, ils doivent néanmoins être en capacité d’avancer "jusqu’à 70 % du montant de l’aide", est-il précisé.

Quelles solutions ? 

Face à ce constat, l’UFC-Que Choisir propose plusieurs solutions. Elle souhaite notamment que les avances soient revalorisées, "en particulier pour les ménages modestes", mais qu’elles soient également étendues "aux classes intermédiaires". 

Elle demande aussi que l’accompagnement de l’État, par ailleurs obligatoire dans le cas d’une rénovation d’ampleur, soit renforcé. La création d’un "guichet unique pour toutes les aides" fait également partie de ses exigences. 

"Sans des réformes structurelles et ciblées, la France n’atteindra pas ses objectifs en termes d’amélioration de la performance énergétique des logements", rappelle Marie-Amandine Stévenin, présidente de l’UFC-Que Choisir. L’association souligne aussi qu’au-delà d’être un enjeu écologique, le sujet des passoires thermiques reste une question de conditions de vie décentes pour nombre de Français.