Elisabeth Borne et François de Rugy lors de la passation de pouvoir le 17 juillet 2019.
© Alain JOCARD / AFP
Environnement

Ministère de l'écologie : les chantiers qui attendent Elisabeth Borne

Des choix énergétiques à la lutte contre le gaspillage, de vastes chantiers attendent Elisabeth Borne qui succède mercredi à François de Rugy à la tête du ministère de la Transition écologique.

Le président de la République a salué mercredi 17 juillet "le sens des responsabilités" qui a conduit François de Rugy "à préférer quitter le gouvernement plutôt que d'entraver l'action de la majorité" à l'occasion du conseil des ministres. 

La porte parole du gouvernement Sibeth Ndiaye précise qu'Edouard Philippe et Emmanuel Macron ont souligné "l'importance que revêt le respect scrupuleux et strict de la séparation des activités publiques et privées et ont invité les ministres à être extrêmement précautionneux et attentionnés vis-à-vis de cette séparation". Bien qu'aucun nouveau règlement ne soit envisagé pour réguler les pratiques tendancieuses qui ont poussé François de Rugy à la démission, ils mettent en évidence qu'"il convient à chacun d'être en permanence vigilant" étant donné qu'"il y a des choses qu'on acceptait il y a 5 ans, il y a 10 ans, il y a 20 ans et qui aujourd'hui ne sont plus acceptables aux yeux de nos concitoyens".

Lors de la passation de pouvoir entre François de Rugy et Elisabeth Borne, ce dernier a évoqué une "erreur regrettée et payée au prix le plus élevé et le plus cruel" mais assure que le contexte récent "ne peut venir effacer les actes posés, les avancées réalisées, les moyens dégagés pour mener concrètement une politique de progrès écologique". Faut-il continuer sur cette lancée ?  Quoi qu'il en soit, c'est maintenant à Mme Borne de reprendre le flambeau. Le chantier s'annonce ardu, avec des décisions qui se heurtent aux intérêts de différents secteurs, à l'heure où la France, qui a déjà du retard sur ses engagements climatiques, a récemment été rappelée par le Haut conseil pour le climat à revoir son action.

 

L'"Urgence écologique et climatique"

Le projet de loi énergie et climat, actuellement examiné par le Sénat, fixe une série d'objectifs pour répondre à "l'urgence écologique et climatique". Il prévoit d'atteindre la "neutralité carbone" à l'horizon 2050, une baisse de 40% de la consommation d'énergies fossiles d'ici à 2030 et la fermeture des dernières centrales à charbon en 2022. Il entérine le report de 2025 à 2035 de l'objectif de ramener à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité (plus de 70% aujourd'hui). Le sujet de la rénovation énergétique des logements, absent du texte initial, a été ajouté par les députés.

Une "convention citoyenne", voulue par Emmanuel Macron comme une réponse au grand débat, est chargée de proposer d'autres mesures. Ces 150 particuliers tirés au sort devront commencer leurs travaux en septembre et conclure début 2020.

Le nucléaire et les énergies renouvelables

L'adoption du projet de loi énergie est indispensable pour pouvoir entériner la feuille de route énergétique de la France à horizon 2028. Présentée en janvier, la programmation pluriannuelle de l'énergie fait actuellement l'objet de consultations pour d'éventuelles modifications à la marge. Elle prévoit la fermeture de 14 réacteurs nucléaires sur 58 d'ici à 2035, mais ouvre aussi la porte à la construction de nouveaux réacteurs. Le gouvernement veut disposer mi-2021 des éléments pour se décider.

Elle fixe également des trajectoires de développement des énergies renouvelables avec des appels d'offres réguliers, en particulier dans le solaire et l'éolien.

Les transports

Le projet de loi sur les mobilités (LOM), un texte fleuve qui vise à "verdir" les transports, doit revenir en septembre en nouvelle lecture au Parlement. Il doit notamment fixer un cadre pour la circulation des trottinettes électriques et permettre d'étendre l'interdiction de circulation de véhicules polluants à certaines heures dans les villes.

Les "éco-taxes"

Le gouvernement a annoncé début juillet qu'il allait mettre en place dès 2020 une contribution sur les vols au départ de la France. Cette mesure, dénoncée par le secteur concerné, doit être intégrée dans la loi énergie climat. L'exécutif compte aussi réduire l'avantage fiscal accordé aux transporteurs routiers sur le gazole.

Quant à la hausse de la taxe carbone, étincelle du mouvement des "gilets jaunes", le gouvernement souhaite qu'une éventuelle décision vienne de la "convention citoyenne" installée à la rentrée.

La lutte contre le gaspillage

Le projet de loi pour une économie circulaire sera examiné par le Parlement à la rentrée, dans un contexte d'attentes grandissantes de l'opinion publique. Ce texte décrète la guerre au plastique et mise sur le recyclage et les consignes. Il recèle de multiples propositions qui doivent cependant trouver leurs modalités concrètes d'application.

L'électricité et le gaz

Le projet de loi énergie climat intègre un article permettant de faire évoluer le mode de calcul des tarifs régulés de l'électricité, qui avait entraîné une hausse très contestée de 5,9% en juin. Le texte prévoit également de mettre fin d'ici à 2023 aux tarifs réglementés de vente du gaz, jugés contraires au droit européen.

Le bien-être animal

François de Rugy avait prévu de prendre en septembre des décisions concernant le sort des des animaux dans les cirques, les zoos, les delphinariums et les élevages de visons, au moment où l'opinion publique est de plus en plus sensible à la condition des bêtes sauvages en captivité.

La biodiversité

Le gouvernement a présenté début juillet un maigre bilan d'un plan pour préserver la biodiversité. Il est notamment prévu d'augmenter la part des aires marines et terrestres protégées à 30% du territoire d'ici à 2022 (contre 20% actuellement). L'Office français de la biodiversité (OFB) est en cours de création. Il regroupera à partir de 2020 l'Agence française pour la biodiversité et l'Office national de la chasse et de la faune sauvage.

L'adaptation au changement climatique

Un deuxième plan national d'adaptation au changement climatique a été présenté en décembre. Mais un rapport sénatorial a estimé en mai que la France devait faire plus, alors que des zones littorales, des activités agricoles et des ressources en eau sont menacées.

Avec AFP

Vous avez apprécié cette information ? Pour nous permettre de préserver notre indépendance et vous proposer des contenus toujours plus nombreux et rigoureux, vous pouvez soutenir notre travail. 

Si vous avez une minute et 1€, cela peut faire la différence pour nous. Merci ! #TousActeurs.