300 chercheurs du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat - GIEC, se sont réunis à Toulouse jeudi 29 août.
©capture d'écran Twitter/Météo France
Environnement

Les experts du GIEC se rassemblent à Toulouse le temps d'une conférence sur le climat

Venue pour savoir "à quel point c'est grave", Alyssa Nallet est "déprimée" : jeudi soir à Toulouse, "l'urgence" de limiter le réchauffement climatique, mais aussi l'inquiétude face à l'insuffisance des moyens déployés a été au centre d'une rare rencontre publique avec des experts du Giec.

Pour cette initiative inédite en France, Météo France avait convié près de 300 participants à trois heures d'exposés et de débat, en marge d'une réunion de 300 chercheurs du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec). En quelques heures, l'évènement a affiché complet, drainant surtout scientifiques et militants environnementaux, mais aussi un public profane, comme Alyssa, 22 ans, animatrice dans une école.

Sur le réchauffement climatique et ses conséquences, "en fait nous n'avons pas beaucoup d'informations fiables, on sait que c'est mauvais, mais pas à quel point et que faire, c'est pour ça que je suis là", explique-t-elle à l'AFP. "Il n'y a pas assez de communication" sur cet enjeu planétaire majeur, juge aussi Fabrice Guitard, un instituteur de 45 ans, en demande "d'un peu plus d'objectivité" et d'un "constat sur le niveau d'alerte".

"Plus une seule centrale"

A la sortie, Alyssa se perçoit "victime d'une évolution écologique catastrophique" face à laquelle les "grands décideurs n'utilisent pas leur pouvoir de changer les choses". Les débats de fait ont plutôt broyé du noir, les experts reconnaissant "avoir échoué" à imposer pleinement leur constat scientifique aux responsables politiques, peiner à trouver les relais pour vulgariser suffisamment, ou se heurter encore au manque d'interdisciplinarité dans leurs recherches.

Et les esprits ont été marqués par une présentation démontrant le lien direct entre le réchauffement climatique et les phénomènes extrêmes endurés par la planète, des incendies de forêts en Suède aux feux en Amazonie en passant par la canicule de juillet. A la question de son intervention, de savoir "si le réchauffement global peut encore être limité à 1,5 degré", Roland Séférian, ingénieur-chercheur à Météo France, affirme ainsi qu'il ne répondra pas. Il jette ensuite un froid en affirmant qu'au vu de la production actuelle de CO2, il faudrait "que plus une seule centrale au charbon ne soit construite dans le monde à partir d'aujourd'hui".

"Toute action compte"

Physicien au CNRS, Nicolas Laflorencie, a apprécié que la réunion dégage ce sentiment "d'urgence". Mais il déplore au final "une trop grand prudence" des scientifiques à mettre les points sur les i. Certains des membres du panel franchissent toutefois le pas, s'attirant des applaudissements : ainsi le climatologue Christophe Cassou, qui en réponse à un activiste écologiste juge que "oui, la désobéissance civile peut-être une possibilité" pour faire bouger les choses, "car toute action compte".

A un auditeur botaniste, louant le travail du Giec face aux "délires collapsologues", son collègue Hervé Douville répond qu'il ne "faut pas ridiculiser ceux qui s'inquiètent". Le prénom de l'inspiratrice Greta Thunberg revient d'ailleurs à plusieurs reprises, notamment dans la bouche de la Suisse Sonia Seneviratne. "J'ai l'impression que le message est passé, que la jeunesse se mobilise, même en Suisse cela a fait bouger les choses", avance cette climatologue, l'une des rares à professer un certain "optimisme".

Avec AFP

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