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Le brief

Les 3 actus qu'il ne fallait pas manquer cette semaine : loi sur les mobilités, feuille de route énergétique et finance (pas) durable

Dans l'actualité cette semaine : la présentation du projet de loi d’orientation des mobilités, les grandes lignes de la programmation pluriannuelle de l'énergie et les appels à la transition vers une finance plus durable. 

Semaine chargée pour l'exécutif, alors que la fronde des gilets jaunes persévère. Lundi, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, a présenté en Conseil des ministres le projet de loi d’orientation des mobilités. Comparée à une "boîte à outils" dans laquelle élus et opérateurs pourront venir piocher pour "apporter les meilleures réponses, inventer, innover et améliorer les déplacements quotidiens de nos concitoyens", cette dernière poursuit quatre objectifs, résume le portail institutionnel "vie-publique.fr":

  • Sortir de la dépendance à l'automobile
  • Accélérer le déploiement de nouvelles solutions de mobilité
  • Assurer la transition écologique
  • Programmer les investissements dans les infrastructures de transport. 

Dans le détail, une quinzaine de mesures clés sont prévues, parmi lesquelles la possibilité, pour les collectivités de subventionner les offres de covoiturage, la mise en place d'autorités organisatrices de la mobilité, la création d'un "forfait mobilités durables" ou l'encadrement de l'usage de nouveaux engins comme la trottinette électrique et de l'essor des véhicules autonomes. Et si la mention de la mise en place de zones à faibles émissions dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants qui le souhaitent apparait bien dans le texte, la possibilité d'installer des péages urbains est quant à elle passée à la trappe, "faute de villes candidates" et pour ne pas "accentuer les fractures entre territoires". Un élément -parmi d'autres- qui dénote le manque d'ambition du texte face à l'urgence "sociale et écologique", regrettent certaines associations. 

"Le projet de loi sur les mobilités fait un pas vers un système de mobilité plus durable, mais le gouvernement ne s'est pas donné les moyens d'en faire un véritable bouclier contre le dérèglement climatique et la hausse des prix du carburant. Il a cédé face aux pressions de certains secteurs particuliers", a notamment réagi le Réseau Action Climat (RAC). 

Une PPE trop timide

Emmanuel Macron a présenté mardi les grandes orientations de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Cette feuille de route énergétique pour les dix ans à venir inscrit notamment la volonté de réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique à 50 % d’ici 2035, avec la fermeture de 4 à 6 réacteurs nucléaires d’ici à 2030, l’augmentation du soutien financier au développement des énergies renouvelables, avec l'objectif d'atteindre "40 % de part renouvelable dans la production d'électricité d'ici 2030" et de se "désintoxiquer des fossiles", ou encore une concertation de terrain sur la transition écologique et sociale. 

Très insuffisant, ont immédiatement jugé en choeur les ONG, qui dénoncent globalement des mesures peu concrètes, qui "ne permettent pas de réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre dans les secteurs fortement émetteurs, la consommation d’énergie et d’électricité". "Comme ses prédécesseurs, Emmanuel Macron recule devant la nécessité d’engager les mesures structurantes de transition énergétique pour lesquelles les solutions existent déjà et de nombreux acteurs de terrain sont mobilisés" a ainsi réagi le directeur du CLER - Réseau pour la transition énergétique, Jean-Baptiste Lebrun, dont les propos sont rapportés par Le Monde. Egalement au coeur des doléances, la place accordée au nucléaire pose problème : "La France persiste à présenter l’énergie nucléaire comme une alternative aux énergies fossiles, alors qu’elle n’est ni propre, ni peu coûteuse et ne garantit en aucun cas notre indépendance énergétique", regrette le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard. 

Mobiliser le secteur financier

"Les banques sont dans l’immobilisme face au défi du changement climatique !", dénonçait en fin de semaine dernière Oxfam dans un rapport paru à la veille de la quatrième édition du Climate Finance Day (CFD), qui s'est tenue du 26 au 28 novembre à Paris et a réuni des poids lourds de la finance mondiale. "De 2016 à 2017, (six banques françaises) ont réduit leurs financements à destination des énergies renouvelables (moins 1,8 milliard d’euros) d’un montant équivalent à l’augmentation de leurs financements vers les énergies fossiles (plus 1,8 milliard d’euros)", pointe notamment l'ONG, qui appelle les établissements visés à stopper le financement du charbon, à publier un calendrier de sortie des énergies fossiles et à être plus transparents sur leurs financements. 

Mais les acteurs privés ne sont pas les seuls à la traine dans le financement de la transition, révèle également une étude du groupe de réflexion I4CE publiée lundi, qui montre que si les investissements en faveur du climat ont progressé en France, ils restent toujours trop timides en vue d'atteindre les objectifs fixés par la pays dans le cadre de sa stratégie nationale bas-carbone et de sa politique pluriannuelle de l'énergie (PPE). Il y a donc encore du chemin à parcourir pour que "la finance climat devienne la finance traditionnelle", comme l'a appelé de ses voeux mercredi la secrétaire d’Etat auprès du ministère de la Transition écologique et solidaire Brune Poirson.

L'actu en chiffres : 

  • Pour ne pas franchir la barre des 2 °C de réchauffement, les pays devront tripler le niveau de leur effort, selon le rapport "Emissions Gap Report 2018", publié mardi 27 novembre par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Et pour éviter de dépasser les 1,5 °C, ils devront les multiplier par 5. 
  •  Les frais de santé - maladies respiratoires et cardiovasculaires - directement liés au trafic routier s'élevaient en 2016 à environ 66,7 milliards d’euros pour les 28 pays européens, révèle une étude publiée mardi 27 novembre par l'ONG l'Alliance européenne pour la santé publique (EPHA). 
  • Entre août 2017 et juillet 2018, la surface déboisée au Brésil a atteint 7 900 km2, soit "l'équivalent d’un million de terrains de foot", selon des données publiées par l’Institut brésilien d’études géographiques. Le pays a annoncé cette semaine qu'il renonçait à accueillir la COP 25.