Le prototype des barrages "Ocean Cleanup", bientôt mis en place pour dépolluer le Pacifique nord.
©TheOceanCleanup/Youtube
HUMEUR

L'avenir de l'océan dans les filets de Bruxelles

À l'heure où le futur paysage européen se redessine à travers d'improbables stratégies, les candidats au mieux disant écologique seraient bien inspirés de s'attarder sur la question essentielle de la pêche.

Le 3 avril, 751 eurodéputés vont voter un budget de six milliards d'euros au bénéfice de la pêche, l'aquaculture et la protection de l'environnement marin pour une période allant de 2021 à 2027. L’ennui, c'est que ce budget non négligeable peut servir le meilleur comme le pire.

L'association Bloom et Birdlife International craignent qu’il finance les aides à la constructions et à la modernisation des bateaux de pêche, y compris en outre-mer. Il conviendrait, tout au contraire, de consacrer 25 % de ce budget à la protection et à la restauration des écosystèmes marins. De même, les associations demandent à ce que 25 % du budget permette de contrôler les pêches et d'enrichir les données scientifiques.

Rejetant la course à la surcapacité chronique des flottes européennes, les associations veulent sauvegarder les pêcheurs artisans. Pour engager le secteur de la pêche sur la voie de la durabilité, les citoyens d'Europe doivent sensibiliser leurs députés européens pour qu'ils votent judicieusement selon les recommandations des associations. L'hypothèse d'une prise de conscience n’est pas gagnée. Début mars, 24 des 27 députés membres de la commission de la pêche au Parlement Européen votaient en faveur de toutes les mesures favorisant la surexploitation des océans. Devant l'influence indéniable des lobbies de la pêche dans cette commission, Bloom demande à ce qu'elle soit dissoute.

En attendant, tout se jouera cette semaine en plénière tandis que les parlementaires peuvent encore faire basculer l'inacceptable proposition. On peut espérer qu'ils auront à l'esprit l'état déplorable de l’océan. Au hasard des chiffres qui en disent long, il faut rappeler que 20 % des poissons pêchés servent de "poissons fourrage" aux poissons d'élevage (notamment le saumon)... 80 % des espèces commercialisées sont surexploitées ou au bord de l'extinction. Les pêcheries industrielles reçoivent 80 % des subventions publiques.