L'UNESCO, qui n'en est pas à une "journée mondiale" près, a décidé que le 16 mai serait décrété "Journée mondiale de la lumière" afin de valoriser le rôle de cette dernière dans les secteurs des sciences, de la médecine, de la culture et bien d'autres encore. On ne peut que souscrire. On pourrait même en profiter pour mettre en lumière le plan Borloo qui visait à électrifier l'Afrique et dont on ne sait trop ce qu'il en est aujourd'hui...
La biodiversité en jeu
Quoi qu'il en soit, l'UNESCO serait bien inspirée de tempérer sa volonté de combattre l'obscurité tant il est vrai que la pollution lumineuse fait aujourd'hui des ravages considérables sur la faune, la flore et la santé humaine. L'ANPCEN (Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement) rappelle que 60 % des Européens et 80 % des Nord-américains ne peuvent plus voir la silhouette luminescente de notre galaxie depuis leur habitation, mais souligne, qu'au delà de ce désagrément, c'est la biodiversité qui est en jeu. Evidemment, les oiseaux sont perturbés, notamment durant les périodes migratoires, mais de nombreux poissons le sont également, tout comme les batraciens.
A ces effets néfastes, il faut ajouter l'impact sur les insectes pollinisateurs. A ce propos, une équipe du Muséum d’Histoire Naturelle et du CNRS a étudié des sites illuminés qui ont connu une baisse de 62 % des visites de pollinisateurs par rapport aux prairies vierges de pollution lumineuse. Conséquences, certaines productions de fruits diminuaient de 13 % ! Quand on sait que la lumière artificielle connait une hausse de 6 % par an, en moyenne dans le monde, on peut s'interroger sur les effets secondaires. C'est en réponse à ce constat que l'ANPCEN se bat pour obtenir une trame "nocturne" qu'il conviendrait d'adosser à la trame verte et bleu.
Dérèglement de l'horloge biologique
Il y a quelques semaines, le Conseil d'Etat sommait le gouvernement de prendre en compte la situation. Le dérèglement de l'horloge biologique pour les humains était notamment pointé générant des troubles du sommeil tandis que les scientifiques suggéraient que la pollution lumineuse pouvait participer au développement des dépressions, du diabète, voire même du cancer. Las, l'ANPCEN propose de positiver en accordant un label "Villes et villages étoilés" à toutes les municipalités qui font un effort pour réduire l’éclairage. Rien que l'année dernière, l'association a labellisé près de 375 communes situées dans 72 départements différents. À l'évidence, la prise de conscience commence à s'affirmer. Les économies réalisées en limitant l'éclairage ont sûrement participé à sensibiliser les communes, mais il reste à surmonter cette vieille idée reçue : l'obscurité favorise l'insécurité. En vérité, c'est le contraire qui est avéré : les zones éclairées attirent les rassemblements, voire la délinquance....