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HUMEUR

La condition animale ressort du chapeau

Si l'art de la politique est de savoir concilier les différences, François de Rugy va pouvoir exercer ses potentialités sur le thème de la condition animale. Je lui souhaite des résultats plus satisfaisants que ceux de Michel Barnier qui avait tenté l'exercice en 2008 avec les rencontres "Animal et société" et dont le bilan n'est guère satisfaisant.

Il vient de réunir les représentants des cirques, parcs zoologiques, élevages de visons et autres delphinariums.  Face à eux, les délégués des principales associations de protection animales auxquelles s'ajoutent ceux de l’administration, des mairies, de l'Assemblée Nationale, de l'Ordre National des Vétérinaires, etc... En tout, une soixantaine  de personnes. Tous sont attentifs aux propos de François de Rugy qui commence par évoquer la nécessité de faire évoluer la situation actuelle avant de passer la parole à Louis Schweitzer.

L’ancien patron de Renault s'est investi avec détermination dans la cause animale en acceptant la présidence de la Fondation Droit Animal Ethique et Sciences. S'appuyant sur des sondages unanimes à condamner très majoritairement les ménageries, les delphinariums, et les élevages de visons, il propose une transition engageant les professionnels à envisager une évolution radicale.

Je souscris pleinement à cet objectif de bon sens. Prenant ensuite la parole, les intéressés campent sur leur position avec parfois un aplomb invraisemblable. Il est dit, par exemple, que ce sont les delphinariums qui nous en ont appris le plus sur les dauphins ou encore que jamais les visons ne se sont échappés des élevages...

Avec la même assurance, les associations de protection animale déclinent un point de vue évidemment radicalement différent. Pour ma part, je souligne notamment qu'avant de parler de bien-être, il faudrait commencer par reconnaître la sensibilité de l'animal sauvage, au même titre qu'elle le fut pour l'animal domestique. Car enfin, un chien serait sensible et pas un renard, un canari le serait également mais pas un rouge-gorge... En attendant que le code civil accueille cette évidence, les réunions se poursuivront dans l'espoir de faire évoluer la condition animale. Si les parties restent campées sur leur position, François de Rugy devra trancher d'ici la fin de l'été. Il l'a clairement promis.

"La personne la plus hésitante à faire une promesse est celle qui la respectera avec le plus de foi", disait Jean Jacques Rousseau. Le ministre n'a plus qu'à démentir le philosophe.