à Marseille, Greenpeace a dessiné des "tags propres" dans la ville, au pochoir et à l'eau, facilement effaçables.
©Théo Giacometti/Hans Lucas/AFP
Environnement

Greenpeace cible Marseille, "lanterne rouge" en termes de solutions de mobilité

"On veut respirer!", "Marseille suffoque": en plein pic de pollution aux particules, des graffitis de Greenpeace sur les murs de la ville dénoncent la mauvaise qualité de l'air dans la cité phocéenne, lanterne rouge en termes d'alternatives à la voiture.

Pendant qu'une soixantaine de ses militants taguaient les artères les plus fréquentées de la ville, Greenpeace a aussi envoyé en février aux élus de la deuxième ville de France un courrier leur demandant d'agir pour limiter la circulation routière, responsable de 48% des émissions de dioxyde d'azote et de 31% des particules fines, selon Atmosud.

"Marseille, c'est la lanterne rouge des villes en termes de solutions de mobilité alternatives à la voiture", dénonce Florian Bessiere, référent climat-transport chez Greenpeace, qui a organisé cette campagne de "tags propres" effaçables à l'eau, dessinés au pochoir sur les façades des immeubles et les palissades.

Dans la métropole, souligne Atmosud, organisme régional de surveillance de l'air, 250.000 personnes sont exposées quotidiennement au dépassement des valeurs "limites" européennes d'émissions polluantes.

Dans une interview au Point en octobre, la présidente LR de la métropole, Martine Vassal, assurait: "Les habitants des Bouches-du-Rhône perdent six mois de leur vie dans les embouteillages et six mois d'espérance de vie à cause de la pollution. On ne parle plus de priorité, mais d'urgence."

"Marseille fait partie des zones pour lesquelles la France a été renvoyée devant la Cour de justice européenne en raison des dépassements de la valeur limite annuelle pour le dioxyde d'azote" (NO2), rappelle Greenpeace dans sa lettre.

"Le fort ensoleillement est à l'origine d'une importante activité photochimique (...) qui se traduit par des niveaux moyens [ndlr: d'ozone et de particules] estivaux plus forts à Marseille et une moyenne annuelle plus élevée qu'à Paris", écrit Atmosud dans un communiqué.

- "Très défavorable" au vélo -

A cette particularité géographique et climatique s'ajoute un trafic routier très dense avec les nuisances qui en découlent, dans une ville où le "tout voiture" prédomine, avec une seule rue piétonne, la rue Saint-Ferréol.

Dans le domaine des transports en commun, la ville méditerranéenne ne compte que 1.129 kilomètres de lignes de bus, tramway et métro, contre 3.886 à Lyon par exemple, selon l'Union des transports publics. Elle est aussi classée bonne dernière et "très défavorable" pour la pratique du vélo par la Fédération des usagers de la bicyclette, avec seulement 130 km de pistes cyclables sur la métropole contre 750 pour l'agglomération lyonnaise.

Nicolas Nace, référent de l'association écologiste Alternatiba, qui s'est jointe à Greenpeace pour cette action, est catégorique : "Marseille a au moins une vingtaine d'années de retard au niveau de la mobilité".

Pour lui, "il est important que le problème soit posé au niveau de la métropole, il y a beaucoup de circulation par exemple des gens qui habitent à Marseille et vont travailler à Aix-en-Provence". Alterniba préconise le rail comme priorité, accompagné d'un réseau de transports en commun efficaces.

Pour Greenpeace, la collectivité doit aussi renoncer à ses projets routiers comme le Boulevard urbain Sud (BUS) qui devait prolonger la rocade autoroutière L2, inaugurée en décembre 2016 au nord et à l'est de la ville et intégralement ouverte en octobre 2018.

Comme 14 autres zones en France, la métropole d'Aix-Marseille s'est engagée à créer d'ici à fin 2020 une zone à faible émission (ZFE) où la circulation des véhicules les plus polluants sera interdite.

Insuffisant, pour Nicolas Nace, qui craint "une ZFE a minima avec des mesurettes concentrées sur le centre-ville pour les touristes, concentrée autour du Vieux-Port".

La seule mesure adoptée par la Ville de Marseille consiste à augmenter le prix du stationnement "les jours de pic de pollution", selon une porte-parole. La métropole n'était pas disponible pour répondre aux questions de l'AFP.

AtmoSud relève qu'en dix-sept ans, les émissions de NO2 n'ont été réduites que de 5% sur la métropole Aix-Marseille, contre plus de 20% à Toulon ou Avignon par exemple.

A Marseille, relève l'organisme public, le trafic maritime contribue aussi à polluer l'air: il serait responsable de 38% des émissions de NO2 et de 15% des particules fines.

Avec AFP.