Pourquoi la France s'est-elle abstenue lors du vote sur la proposition de la Commission européenne d'autoriser pour dix ans supplémentaires le glyphosate ?
On a dit, depuis le début, que la proposition de la Commission telle qu'elle est formulée, dix ans sans conditions, ne correspondait pas à la trajectoire dans laquelle s'est mise la France depuis plusieurs années, à savoir essayer de restreindre les usages là où il y a des alternatives pour faire en sorte qu'on utilise moins de glyphosate, ce qui a été fait pour les jardins, les espaces verts, ainsi qu'en agriculture où on a essayé de limiter le champ d'action.
Cela aboutit à un vote d'abstention qui veut dire deux choses. La première est que dans la logique du message "pas d'interdiction sans solution", il y a des impasses techniques sur le glyphosate et qu'il y a donc besoin de pouvoir utiliser cette molécule dans un certain nombre de cas, comme dans l'agriculture de conservation des sols (qui évite le labour, NDLR) ou dans les zones montagneuses. La deuxième est qu'on signifie à la Commission que nous ne sommes pas d'accord avec sa mouture.
Il n'y avait aucune logique à ce qu'on vienne approuver quelque chose qui n'est pas conforme à ce qu'on fait en France, et qu'il faut saluer puisqu'on est quand même à 27 % de réduction (d'utilisation du glyphosate) en 2022 par rapport à la période 2015-2017.
Qu'attend désormais le gouvernement ?
La France attend que la proposition de la Commission converge vers l'idée d'une ré-homologation sous condition d'usage : là où il y a des impasses, garder l'usage de la molécule, et là où on peut s'en passer, le faire partout en Europe.
(Avec le vote de vendredi), on peut avoir espoir. En tout cas, on va se battre pour faire en sorte que tout le monde soit sur (notre) ligne.
On demande éventuellement une durée moindre (que les dix ans proposés par la Commission), le remplacement (du glyphosate) là où il y a des alternatives crédibles, techniquement possibles et économiquement viables, et le maintien pour les zones montagneuses et pour l'agriculture de conservation des sols.
Ensuite, il nous paraît important de continuer à poser sur la table la question des usages non agricoles, dans les parcs et les jardins.
Craignez-vous de fâcher les agriculteurs ?
Je ne suis pas en porte-à-faux avec les agriculteurs car ils se sont déjà engagés dans la voie de la réduction du glyphosate. Dire qu'on veut dix ans sans restriction reviendrait à accepter (...) qu'on revienne sur la trajectoire qu'on a décidée, (et qui est financée) avec des moyens publics puisque on dépense 70 à 80 millions d'euros par an de défiscalisation pour ceux qui réduisent le glyphosate. C'est aussi une question de responsabilité politique.
Avec AFP.
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