Allain Bougrain-Dubourg, grand défenseur de la cause animale, président de la Ligue pour la protection des oiseaux.
©XAVIER LEOTY / AFP
HUMEUR

Allain Bougrain-Dubourg: "En soulageant l'animal, on fait l'apprentissage de la solidarité humaine"

Lamartine, Hugo, Voltaire, Rousseau et tant d'autres penseurs ont échoué. Tous, à leur manière et en leur temps, ont tenté de rehausser nos consciences pour offrir à l'animal une cohabitation décente. 

Et voilà qu'en ce début de 21ème siècle, des pratiques féodales perdurent dans l'indifférence des décideurs. Pire, on baisse le voile sur la souffrance animale en usant de mots n'affectant pas notre sensibilité. Ainsi, à la chasse, on ne tue plus, on "prélève" ; dans les cirques on ne dresse plus, on "éduque" ; les élevages industriels sont devenus "conventionnels", tandis que dans les abattoirs on ne saigne plus sans insensibilisation, on pratique le "rituel".

D'une richesse admirable, la langue française dédramatise l'insupportable. Même le mot "nuisible" a été effacé du vocabulaire lors de la loi sur la reconquête de la biodiversité en 2016. Désormais il faut dire "susceptible d’occasionner des dégâts". Qu'est ce que cela change pour les intéressés, renards, martres, putois et autres geais ? Rien ! On continue de les traquer par le fer et par le feu. La fondation du groupe La Dépêche a lancé un Concours Régional d'Eloquence dont le thème cette année est "Protection des êtres sensibles".

14 établissements scolaires de la région Occitanie sont arrivés en finale afin de s'exprimer devant un jury présidé par Louis Schweitzer. Qu'avaient à dire ces jeunes de 15 ans ? Avec une étonnante assurance, ils ont renvoyé en miroir la condition humaine et animale. "SDF, chiens sans collier", même combat, pourrait-on résumer. L'énergie et les compétences à engager pour traiter l'un et l'autre de ces problèmes sont analogues. À soulager l'animal, on fait l'apprentissage de la solidarité humaine.

Au hasard des plaidoiries, le jury a noté que les plus rejetés méritaient la plus grande attention en référence à l'ortie, défendue par Victor Hugo. "J'aime l'ortie car on la hait !". Autre réflexion : l'idée d'imaginer que les animaux puissent prendre la parole, quel serait alors leur message ? Plus loin, le pangolin et la chauve-souris ne nous ramèneraient ils pas également  à la raison ?

"L'éloquence est un art de conviction et de sincérité, pas de sophistication", a rappelé le bâtonnier Thierry Carrère. À l'évidence, les jeunes d'Occitanie répondent à ces critères. Peut-être parviendront ils à faire reconnaître la sensibilité à l'animal sauvage en droit. Jusqu'alors, seul l'animal domestique a obtenu ce privilège élémentaire. L'animal machine de Descartes est toujours d'actualité...

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