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Plébiscitée depuis plusieurs années par les militants écologistes, la désobéissance civile a également été adoptée dans le passé pour sensibiliser l’opinion à de nombreuses causes, du combat pour le droit de vote des femmes à la lutte contre les lois ségrégationnistes aux Etats-Unis. Retour en arrière avec le sociologue Manuel Cervera-Marzal, auteur notamment des Nouveaux Désobéissants : citoyens ou hors-la-loi ?
Comment est née la notion de désobéissance civile ?
L’histoire de la désobéissance est aussi ancienne que celle de l’humanité elle-même. Si l'on pense au mythe d’Adam et Eve, ou celui d’Antigone, il y a toujours eu des actes de désobéissance. L’expression de "désobéissance civile" apparait toutefois pour la première fois sous la plume d’Henry David Thoreau (1817-1862) lorsqu’il rédige le traité Résistance au gouvernement civil qui sera renommé à titre posthume, De la désobéissance civile. Henry David Thoreau fournit aussi une première justification de la désobéissance civile dans ce texte. Il affirme que lorsqu’il y a un conflit entre ce que dicte la loi et ma conscience, je dois faire prévaloir ma conscience.
Comment Henry David Thoreau a-t-il inspiré Gandhi puis Martin Luther King ?
Lorsqu’ils étaient emprisonnés, Gandhi et Martin Luther King ont lu le petit opuscule d’Henry David Thoreau. Tous les deux ont écrit qu’ils avaient été profondément bouleversés par ce texte. L’idée centrale qu’ils en retiennent, c’est celle de souveraineté de la conscience individuelle. Lorsqu’il y a un conflit entre ce que veut la loi et ce que me dit ma conscience individuelle, je dois toujours me fier à celle-ci.
Gandhi et Martin Luther ne sont pas uniquement des héritiers de Thoreau. Ils vont aussi innover. Avec eux, la désobéissance civile devient collective."
Ils vont être les leaders de mobilisations de masse. Ils ajoutent également la dimension de non-violence.
Au début des années 70, Greenpeace utilise la désobéissance civile pour protester contre les essais nucléaires aux États-Unis. Pourquoi les militants écologistes ont-ils recours à ce mode d’action ?
On peut l’expliquer par le fait que les écologistes des années 60-70 viennent de milieux antimilitaristes. Ils luttent contre la course aux armements. En Allemagne, dans les années 70, la jeunesse étudiante refuse notamment que l’OTAN installe des missiles Pershing II qui soient dirigés vers l’URSS depuis le sol allemand. La lutte contre le nucléaire militaire est liée à celle contre le nucléaire civil. C’est par cette question du pacifisme et de la non-violence que l’on peut faire le lien vers la désobéissance civile.
D’Extinction Rebellion à Dernière Rénovation, en passant par Just Stop Oil, les mouvements de désobéissance civile se multiplient aujourd’hui aux quatre coins du monde. Peut-on parler d’un nouvel âge de la désobéissance civile ?
Ce qui pourrait légitimer de parler d’un nouvel âge, c’est le recours de plus en plus fréquent à la désobéissance civile. Dans la plupart des démocraties occidentales, certains activistes constatent que le vote n’est plus suffisant tout comme les manifestations. On déterre des modes d’action qui avaient été un peu relégués et oubliés. On s’en saisit car on considère que les moyens légaux de contestation (voter, manifester, pétitionner) se révèlent inefficaces. La question de l’urgence est également déterminante.
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