Giulia Cobol et Luca Bellomo sont en route pour l'île de La Palma et y lancer leur projet.
©Luca Bellomo
Portrait

Des terrains de handball à la permaculture

Luca Bellomo et Giulia Cobol laissent tout derrière eux pour se lancer dans un projet à visée écologique et sociale. Dès la semaine prochaine sur l'île de La Palma, ils poseront leurs valises pour y construire un lieu d'accueil entièrement autonome.   

"Il faut que je rafraîchisse un peu mon français". Ainsi s’entame la conversation, alors que Luca Bellomo a passé les six dernières années de sa vie entre le Nord-est de l'Italie et l'archipel espagnol des Canaries. Pourtant, ce Parisien et ex-handballeur professionnel de 25 ans vient de poser ses valises à Bordeaux auprès de sa famille, en compagnie de Giulia Cobol, 30 ans, avec qui il partage sa vie depuis quatre ans. 

La semaine prochaine, le couple franco-italien repartira sur l'île de La Palma au large des côtes Nord-ouest africaines pour se lancer dans un projet tant écologique que social : faire sortir de terre un vaste site de quelque 3000 mètres carrés, où se côtoieront maisons en argile, matériaux recyclés, potagers, micro-éoliennes et panneaux solaires... La structure entièrement autosuffisante et alimentée aux énergies renouvelables servira de lieu de vie au couple, mais aussi de structure de formation et d'accueil pour des programmes municipaux de vacances pour enfants, personnes porteuses de handicap physique ou mental, ou de simples visiteurs souhaitant s'initier à la permaculture ou la bioconstruction

Construction d'une maison en terre et en paille avec une base circulaire lors d'un atelier de construction à La Palma.
©Luca Bellomo

"Enfant parisien", loin de la nature

"J'ai grandi à Paris, au rythme parisien... J'étais bien loin des potagers et du bio !". Pas vraiment accoutumé au vert, à la nature ou à l'écologie, Luca a en revanche toujours eu une fibre sociale. Après des études de sport dans la capitale, le projet initial était de partir à l'étranger pour faire de l'humanitaire, finalement avorté. "Je me suis demandé ce dont j'avais envie, ce que je savais faire : je me débrouillais un peu en italien et je savais jouer au hand". Le voilà donc parti en Italie du côté de Trieste où il signera pour trois saisons "en série A, dans le club le plus titré du pays" (Pallamano Trieste). 

Après une déception sportive et une titularisation en équipe nationale qui lui passe sous le nez pour d'obscures raisons administratives, Luca se lasse de cette vie. Il commence alors à "développer (ses) petits projets", notamment en travaillant dans une structure d'accompagnement aux personnes en situation de handicap. C'est à leur côté qu'il se surprend à muter vers "un mode de vie plus sain et plus simple", notamment en travaillant sur des jardins, des potagers, etc.

Puis Giulia arrive dans sa vie. Cette Italienne, ex-étudiante en fac de bio, à l’inverse de Luca a grandi au contact de la nature, l'écologie étant "quelque chose d’assez évident" pour elle. Et l'un et l'autre se complètent bien : "Après ses études en biologie, elle a eu du mal à trouver du boulot dans sa branche et a donc travaillé dans l'administratif. Ce qui nous sert bien aujourd'hui pour développer le projet, puisqu'elle y comprend quelque chose, contrairement à moi", sourit Luca.

Recherche de fonds et terrain exploitable sur l'île "la plus verte" de l'archipel

"Il y a deux ans, on est partis sur l'île de La Palma et on y a vécu pendant presque un an. À ce moment-là, j'ai arrêté le sport, elle a arrêté de travailler et on a fait du volontariat dans une ferme. On y a appris plein de choses, notamment sur la permaculture, la bioconstruction, la façon de gérer les animaux, les plantes, en utilisant au mieux les ressources à disposition. Moi, enfant parisien, tout était un peu nouveau pour moi".

Des plateformes flottantes en bois recyclé, conçues pour accueillir des légumes, plantes phyto-purifiantes pour l'eau, et prévenir de l'évaporation due aux fortes chaleurs.
©Luca Bellomo

Et une fois l'année écoulée, l'envie de mettre en place leur propre projet se fait sentir. Ni une ni deux, le couple rentre à Trieste et se laisse un an pour enchaîner les petits boulots et trouver les fonds nécessaires. 

La Palma est l'une des dernières îles encore verte des Canaries" - Luca Bellomo

C'est sans hésiter sur cette même île qu'ils construiront leur futur : "On a visité beaucoup d'îles des Canaries, mais La Palma est l'une des dernières qui soit encore verte. Les autres coins sont affrichés par les monocultures de bananes qui utilisent beaucoup d'eau."

"Banana circle" : une installation qui deviendra une douche extérieure entourée de plantes nécessitant de grandes quantités d'eau. Avec l'aide de l'eau, le monticule central, composé de matières organiques, permet de fournir les nutriments nécessaires au bon développement des plantes.
©Luca Bellomo

Si l'entièreté du projet sera construite de leurs quatre mains, les premiers mois sur l'île seront consacrés à la recherche du terrain, soit la partie la plus longue et la plus coûteuse. "Il y a beaucoup de critères qui entrent en jeu, La Palma est la deuxième île au monde avec le plus de dénivelés : on peut être à 15 minutes de la mer mais à 800 mètres d'altitude. Et si les constructions en argile ne nécessitent pas de fondation - donc peuvent être installées sur un terrain non-constructible -, on aura sans doute besoin de faire quand même des structures 'en dur' pour les toilettes aux normes handicapées par exemple". Quoiqu'il en soit, l'aventure démarre la semaine prochaine et pourrait bien se concrétiser plus vite qu'il n'y paraît. 

"Les délais dépendent de beaucoup de choses qui nous dépassent malheureusement, comme la recherche du terrain, mais aussi les financements. Une fois tout ça réglé, les travaux seront rapides : par exemple, une maison en argile se construit en deux semaines". Luca et Giulia espèrent démarrer lesdits travaux d'ici le début de l'année 2020, auquel cas "d'ici un an on sera capable d'accueillir les premiers visiteurs, et d'ici trois ans, on aimerait avoir quelque chose qui tourne bien".

Coût estimé du projet : "entre 60 et 80 000 euros". Et s'il y mettra toutes ses économies, le couple cherche à gonfler la note grâce à des financements extérieurs : aides de l'Union européenne, de la région, mais aussi levée de fonds. "On a ouvert une cagnotte pour proposer à ceux qui seraient intéressés par le projet d'y participer", que ce soit par du mécénat ou en échange d'un séjour dans le futur site sur l'île de La Palma. 

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