"Presque toute la carte est couverte de rouge", indique Samuel Monnier, ingénieur du réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA). Vendredi 2 juin, le réseau a une nouvelle fois actualisé la carte des départements en alerte allergie aux graminées. Effectivement, seuls l'Ille-et-Vilaine (35) et le Finistère (29) sont en alerte jaune à ces pollens allergènes.
Bulletin allergo-pollinique vidéo du 01 juin à voir ici https://t.co/tV0UOYFRWM
Des pollens de graminées pour la fête de mères !
Les concentrations de pollens de graminées dans l’air sont très fortes sur nos capteurs de pollens comme c’est le cas chaque année en début juin !— Réseau National de Surveillance Aérobiologique (@rnsa_pollen) June 1, 2023
"Les graminées sont des herbes que l’on voit le long des routes, dans les champs, nos parcs et jardins. Ils ont pour particularité d’être très allergènes, et présents partout en France. Début mai ils sont entrés en floraison. De la fin mai à début juin, on est en plein dans la période des allergies", explique le spécialiste, qui ne rassurera pas les plus sensibles. "Cela va durer pendant plusieurs semaines, puis diminuer vers la fin juin. L’été, le risque est plutôt faible à moyen".
Des pollens "dopés" par le réchauffement climatique
Si la saison des graminées est un évènement routinier, le réchauffement climatique serait la cause de l’aggravation des allergies. "Avec le changement climatique, on a des pollens plus allergisants, émis en plus grand nombre, développe Samuel Monnier. À cause des concentrations de CO2 et de l’augmentation des températures, les plantes sont comme 'dopées'. On constate par exemple une augmentation de 20 % des quantités de pollens de bouleau en trente ans, au même rythme que l’augmentation des températures".
Les saisons allergiques sont aussi allongées, les cycles de certaines plantes étant modifiés par le réchauffement des températures. "Les noisetiers ont fleuri très tôt cette année, en fin décembre début janvier, contre février les autres années. Le risque d’allergie à ce pollen a donc été étendu". Selon une étude publiée dans la revue Nature, d’ici 2 100, la période d’allergie pourrait débuter jusqu’à 40 jours plus tôt et prendre fin 19 jours plus tard, à cause du changement climatique.
Les bons gestes à adopter pour limiter l'allergie
En cas d’allergie déclarée, il est essentiel de consulter rapidement un médecin ou allergologue pour recevoir un traitement et un suivi le plus tôt possible. Pour limiter l’exposition au pollen, Samuel Monnier donne quelques conseils :
- Protéger ses cheveux avec un chapeau ou casquette et se les laver le soir
- Aérer son logement de préférence tard le soir ou tôt le matin
- Éviter de faire sécher son linge à l’extérieur
- Garder les vitres de voiture fermées
- Préférer les activités sportives en intérieur
- Porter des lunettes de soleil, voire un masque chirurgical
Vous pouvez suivre l'évolution des risques sur pollen.fr
Facteur aggravant
À cela vient s’ajouter la pollution atmosphérique, qui joue comme "facteur aggravant" de l’allergie. "En ville, la pollution de l’air par les particules NO2 et ozone fragilisent les voies respiratoires des individus, ce qui exacerbe les symptômes, parce que les pollens rentrent plus profondément dans les voies respiratoires", précise l’ingénieur du RNSA. De plus, ces polluants attaquent directement la structure du pollen et fragilisent sa paroi. Les toxines allergisantes se libèrent donc, ce qui rend les pollens de la ville "bien plus allergisants qu’à la campagne".
Conséquence ? Des symptômes plus aigus constatés par les médecins et allergologues, et surtout une augmentation du nombre d’allergiques. "Dans les années 1900, presque personne n’était allergique, aujourd’hui on est autour de 20 % de la population, et on peut s’attendre à ce que ces pourcentages augmentent encore dans les années à venir. Certaines études [dont une de l’OMS] estiment qu’on pourrait atteindre 50 % en 2050", s’inquiète Samuel Monnier.
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