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Environnement

Climat : la France oublie ses "émissions importées"

Ce mardi 6 octobre, le Haut Conseil pour le Climat a alerté sur l'augmentation significative des "émissions importées" du pays ces dernières années. Elle occuperait 53 % de l'empreinte carbone totale de l'Hexagone. 

La France consomme-t-elle assez français ? La part de ses "émissions importées" de gaz à effet de serre fait bondir l'addition. En effet, celle-ci ne cesse d'augmenter, dépassant de moitié l'empreinte carbone totale du pays, selon un rapport du Haut Conseil pour le Climat (HCC) publié ce mardi. Commandé par le gouvernement en août 2019 et intitulé "Maîtriser l'empreinte carbone de la France", il somme l'Hexagone de mieux prendre en compte ce phénomène pour lutter contre le réchauffement climatique.

Qu'est-ce que les "émissions importées" ?

Dans un contexte de société mondialisée, une partie des biens et services consommée sur le territoire est aujourd'hui produite à l'étranger : les émissions générées cette production extérieure destinée à la consommation intérieure sont ainsi dites "importées".

Exemple, lorsqu'un Français achète un téléphone en provenance de Chine ou un vêtement en provenance de l'Inde, ce geste émet des émissions de gaz à effet de serre "importées". 

En effet, cette catégorie ne cesserait de croître depuis ces 25 dernières années, tant qu'elle concerne désormais 53 % de l'empreinte carbone totale du pays, selon les sources compilées par l'organisme indépendant.

Pourtant depuis les années 90, les émissions françaises ont chuté de 16 %. Problème, le calcul de l'empreinte carbone ne comptabilise pas toutes les différentes sources de gaz à effet de serre liées aux échanges internationaux. Le Haut Conseil en distingue trois types : 

  • Les émissions exportées : émises sur le territoire français mais liées à une production destinée à l’étranger.
  • Les émissions importées : émises à l'étranger mais liées à la consommation française.
  • Les émissions liées aux transports internationaux : liées au trafic maritime et aérien, au départ ou à destination de la France.

Le flou autour des émissions importées

Compte tenu ces différentes catégories, dans l'ensemble, l'empreinte carbone du pays a enregistré une très faible baisse depuis 2005 seulement, alors qu'il vise la neutralité carbone d'ici 2050.

Comment l'expliquer ? Le Haut Conseil pour le Climat écarte la piste d'une augmentation de la dernière catégorie, plutôt stable sur la dernière décennie : "L’augmentation des émissions de l’aérien est compensée par une diminution de celles du maritime, principalement du fait d’une amélioration de l’intensité d’émission malgré une augmentation du trafic", précise le rapport. Du côté des émissions importées, après une période stable depuis le début du siècle, une très légère augmentation a été enregistrée à partir de 2014 sans pour autant être alarmante. Finalement, la faible diminution de l'empreinte carbone totale "est à la peine en raison de l'augmentation des émissions importées qui ne sont pas soumises aux politiques nationales" de réduction, tranche Corinne Le Quéré, présidente de l'organisme indépendant.

D'après les calculs réalisés par l'instance, l’empreinte carbone totale de la France s’élevait en 2018 à 749 mégatonnes équivalent CO2, soit 11,5 tonnes/CO2 par habitant, parmi lesquelles 6,4 tonnes/CO2 concerneraient des émissions importées. Une augmentation de 78 % depuis 1995 que la présidente attribue principalement à "la hausse de la consommation" dans un contexte de mondialisation.

Les pistes de solutions

Pour espérer atteindre les objectifs climatiques de la France en prenant en compte ces dimensions, le HCC recommande une réduction de ces émissions importées, qui comptent comme coupables majoritaires les entreprises. Comment ? Le rapport explore d'abord la piste d'une taxe carbone aux frontières. Mais si la France y est favorable, cette mesure ne suffirait pas à elle seule à régler le problème, précise le rapport qui plaide pour un "accompagnement" du monde économique, avec des "stratégies de réduction quantifiées" par filière ou une prise en compte de la question dans les commandes publiques.

Autre levier évoqué, la mise en place d'un "score carbone", à la manière de l'étiquette énergie par exemple mais en plus juste et plus précis. Celui-ci prendrait en compte toutes les phases de vie d'un bien, de la production au recyclage éventuel, et pas seulement son utilisation. Un moyen de mieux informer les consommateurs, qui rejoint l'une des propositions de la Convention citoyenne pour le climat

Enfin, le HCC préconise à la France de faire de la diplomatie, notamment dans le cadre de l'accord de Paris. C'est-à-dire de pousser les autres pays à renforcer leurs engagements climatiques en prenant en compte les émissions importées de chacun. En conséquence, l'instance prévient aussi que les engagements nationaux de la France "ne doivent pas mener à une augmentation des émissions mondiales" par simple déplacement de la production. Pour Corinne Le Quéré, "si les autres pays ont une trajectoire de réduction des émissions qui va vers la neutralité carbone, les émissions liées à nos importations diminueront automatiquement".

Avec AFP.

En partenariat avec BFM Business : revoir la chronique ici.

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Commentaires
Par pierre bjd - le 12/10/2020

La France incorrigible, donneuse de leçon, « cocorico les pieds dans la….. » vassale d’une Europe Allemande qui depuis 2000 explose les bénéfices auprès de ces partenaires Européens en polluant un max tout en bénéficiant d’une auréole verte.
On comprend mieux son aversion du nucléaire Français en particulier , c’est d’abord du buisines , pour le leur, ils commencent à réfléchir, autrement les effets délétères du carbone Allemand commence enfin à se savoir.
La pandémie devrait nous ouvrir les yeux , il n’en n’est rien…c’est de l’incompétence collective.
Merci donc de nous rappeler que nous polluons ailleurs en dénonçant tout en profitant éhontément.
Encore une taxe qui ne servira à rien sauf d’enrichir les plus riches et les moins vertueux et mettre la France à genoux…c’est bien partit.
Il convient de rapatrier massivement les productions polluantes chez nous, car nous pourrons assurément mieux produire « vertueusement ». La désindustrialisation est mortelle pour notre démocratie….nos emplois et compétences perdus , cédés à bas prix, sans doute à jamais avec l’augmentation de la dette, tous les jours nous baignons dans » profitez de la vie tout va bien soyez heureux, mettez des panneaux solaires sur votre toit, et commandez sur Aliexpress et tout ira bien ».
Franchement il serait temps d’un réveil massif, de réactions contre cette volonté mondiale d’asservir la France, . Notre jeunesse est en danger de soumission béate.
Par ex la réussite chinoise tient en quelques mots prononcés par Deng Xio Ping dans les années 80 consignes données à chaque Chinois en résumé« Demain la Chine devra être plus grande qu’aujourd’hui, allons chercher toutes les meilleures technologies du monde afin de les maîtriser, la Chine choisira alors le meilleur pour elle »
En 30 ans objectif largement dépassé, dans tous les domaines l’adhésion de la population et notamment une jeunesse laborieuse et studieuse, au-delà des aspects politiques, est tenace.
Alors au boulot, reconquérir ce que l’on a perdu pour satisfaire au moins les besoins de la nation et payer le reste….bien sur créer de nouvelles compétences mais cela demande beaucoup de temps et d’assiduité collective.

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