Profiter des vagues cet été tout en protégeant les océans ? C’est l'objectif que s'est fixé la Surfrider Foundation Europe. Engagée depuis 30 ans sur les questions liées à la qualité des eaux et la santé de la population, notamment à travers ses campagnes régulières de collecte de déchets, elle a lancé en juin dernier le Projet CURL, pour permettre aux surfeurs d'analyser le niveau de pollution chimique des océans aux éléments micropolluants.
Un manque d'analyse de la pollution chimique
Surfrider a décidé d'initier cette expérience en raison d'un constat sur les eaux de baignade : si celles-ci sont analysées au niveau bactériologique, il n'en serait pas de même sur le plan de la pollution chimique. "Voilà pourquoi ous avons jugé intéressant d’étudier l’exposition des surfeurs aux substances chimiques présentes dans l’eau. Le projet a été lancé très rapidement, en 2-3 semaines", explique à ID le responsable du programme CURL, Marc Valmassoni.
Mais quels prélèvements sont réalisés par les surfeurs ? Il s’agit avant tout d’éléments issus de la chimie organique, comme les pesticides, les produits pharmaceutiques comme le paracétamol, ou encore les produits d’hygiène et de cosmétique. Le projet vise également à collecter des micropolluants provenant de la pétrochimie, notamment la pollution des hydrocarbures rejetés par les bateaux et les gaz d’échappement. "Nous voulons rechercher un maximum d’éléments. Nous faisons un screening large avant d’aller voir en détails, afin d’évaluer ensuite les risques sanitaires possibles et de lutter contre ces pollutions."
Six mois de surf pour récolter des données
Concrètement, le principe consiste pour les surfeurs volontaires à s’équiper d’un « kit d’échantillonneurs passifs », une bandelette en silicone qui dispose de plusieurs capteurs semblables à des doses de café, pour absorber les produits chimiques présents dans l’eau. Ces kits sont ensuite récupérés par le laboratoire IFREMER , qui avait notamment lancé une application pour recenser les matériaux de pêche abandonnés, ainsi que les laboratoires LabEx COTE et EPOC de l’Université de Bordeaux, pour être analysés. Ces résultats seront ensuite partagés afin de sensibiliser les autorités politiques et sanitaires, ainsi que les acteurs économiques des littoraux, sur cette pollution.
L’opération devrait durer environ six mois, jusqu’à fin octobre. Marc Valmassoni l’explique par le nombre d’heures nécessaire pour immerger les capteurs. "Il faut que les capteurs soient immergés dans l’eau environ une centaine d’heures pour absorber un maximum de données. À raison de une à deux heures par jour dans l’eau pour les surfeurs, il nous faut donc six mois pour effectuer les prélèvements".
Une initiative à dimension européenne
Depuis le début de l’été, le projet s’est déjà développé sur plusieurs sites où les vacanciers vont profiter de la plage en France. Si Surfrider a débuté avec quatre kits déployés au Pays Basque, terre d’origine de l’association, deux autres ont également été envoyés pour analyser le parc marin de Marseille, en partenariat avec l’association de plongeurs Septentrion.
Malgré le fait que les analyses ne soient pas encore terminées, Marc Valmassoni précise que l’initiative a été prolongée pour une deuxième année par les laboratoires. L'association compte également étendre ce projet à plusieurs sites européens à partir de 2022. "Nous avons déjà prévu d’envoyer un kit à San Sebastian en Espagne, et nous voulons également en envoyer au Portugal, en Hollande et en Italie pour analyser les zones côtières les plus exposées aux produits chimiques pour les populations".
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