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Environnement

Ces animaux stars de Disney qui pourraient bientôt disparaitre

La firme aux grandes oreilles a dévoilé il y a quelques semaines la bande-annonce du remake de son film à succès Le Roi Lion, sorti en salles en 1994. Mais en l'espace de 25 ans, les choses ont bien changé pour Simba et ses congénères, dont la population a chuté de 43 % entre 1993 et 2012. 

Les animaux mis en scène dans les classiques de Disney ne seront-ils bientôt qu'un lointain souvenir ? La question se pose, alors que le géant du divertissement a diffusé fin novembre la première bande-annonce de la nouvelle version de son film d'animation acclamé, dont la sortie aura lieu en 2019, soit 25 ans après celle de l'opus originel.  

25 années pendant lesquelles les populations de lions d'Afrique ont fondu comme neige au soleil, avec un déclin de l'ordre de 43 % entre 1993 et 2012, pour un nombre d'individus estimé aujourd'hui à entre 20 000 et 30 000 par la liste rouge de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Pire, ce chiffre pourrait tomber à 10 000 d'ici une vingtaine d'années, s'inquiétait en 2015 une étude parue dans la revue Proceeding of the National Academy of Sciences (PNAS) -alors qu'ils étaient encore 200 000 à courir la savane au milieu du XXe siècle-, en raison notamment du braconnage ou de l'accaparement des terres qui composent leur habitat naturel. "Le lion est qualifié de 'vulnérable', mais il est très préoccupant de constater que la vaste majorité de la population aurait diminué à un taux correspondant aux critères du statut 'en voie de disparition'", pointe notamment l'UICN, alors que la sous-espèce présente en Afrique de l'ouest (Panthera leo senegalensis) est pour sa part déjà menacée d'extinction.

Dans une telle dynamique, les prochaines aventures de Simba pourraient bientôt laisser un goût bien amer, alors que le lion est loin d'être le seul animal en danger représenté dans le film. Le vieux sage Rafiki, qui appartient à l'espèce des mandrill, considérée comme "vulnérable", fait également face à une menace d'extinction provoquée par l'homme, dont l'attrait pour la déforestation pèse lourd sur ces populations de singes d'Afrique de l'ouest. Hors têtes d'affiche, les girafes (- 40 % d'individus matures entre 1985 et 2015), dont plusieurs sous-espèces sont "en danger", voire "en danger critique", les guépards, ou encore les éléphants ont aussi le statut "vulnérable", avec des populations en baisse, excepté pour les pachydermes, dont les effectifs sont repartis ces dernières années à la hausse grâce notamment à des efforts de conservation. 

Les animaux "stars" menacés

Et le Roi Lion n'est pas le seul Disney -ni même le seul film d'animation- à subir la dure loi de la perte de biodiversité. Autre classique, Le livre de la jungle met également en scène plusieurs espèces dont le destin est plus ou moins menacé. A commencer par l'ours Lippu et la panthère noire, symbolisés à l'écran par Baloo et Bagheera, dont les espèces sont vulnérables car exposées entre autres à la perte d'habitat ou la chasse. Autre animal emblématique, l'orang-outan, espèce dont fait partie King Louie, paie les ravages causés par la culture de l'huile de palme en Indonésie et en Malaisie. Entre 1950 et 2010, sa population à Bornéo aurait baissé de 50 %. Enfin, Shere Khan, le principal antagoniste de l'histoire est de son côté en danger critique : en un siècle, la population de tigres, pourtant si présents dans l'imaginaire collectif, aurait chuté de 95 %, pour un nombre d'individus estimé aujourd'hui à environ 4000. 

Dans un article paru en avril 2018 dans Pios Biology, une équipe internationale de chercheurs s'inquiétait justement de la disparition des animaux dits "charismatiques", dont la surexposition sur nos écrans aurait tendance à faire oublier que ces espèces sont en voie de disparition. "En utilisant librement l'image des espèces rares et menacées dans leurs produits marketing, beaucoup d'entreprises créent une perception biaisée avec des effets délétères involontaires sur les efforts de conservation", dénonçaient les auteurs de cette liste où figuraient le tigre, le lion, la girafe, le panda, le guépard, l'ours polaire, le gorille et le loup gris, tous menacées à l'exception du dernier. Et tous stars de films Disney, Pixar ou encore Dreamworks.  

"Le panda, l’ours polaire et le tigre sont les plus évidents, car ils bénéficient de nombreuses campagnes d’information. Mais pour d’autres, comme la girafe, les résultats sont frappants. Le public ne semble pas savoir que la girafe est une espèce en voie de disparition, que la girafe Masaï a perdu 97% de ses effectifs en quelque 35 années, ce qui est quasiment un génocide lorsqu’on parle d’une espèce et de ses gènes", commentait alors Franck Courchamp, écologue au CNRS.

Pour les chercheurs, un levier pourrait pourtant permettre de contribuer à la préservation des espèces concernées : l'instauration d'un droit à l'image, payé par les entreprises et dont le profit irait au financement de campagnes d'information ou d'actions de conservation. "Ces entreprises auraient d’ailleurs tout à y gagner, car si elles étaient vues comme des acteurs de la préservation de l’espèce qui le représente, le message serait fort et attractif auprès de leurs consommateurs. À l’inverse, si elles perdaient leur emblème, cela serait assez préjudiciable, car elles se verraient promouvoir fièrement le logo d’une espèce disparue…"