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Environnement

Bio : éventualité d'une décision sur le recours aux serres chauffées

Un comité national de l'agriculture biologique doit se réunir jeudi 11 juillet pour, théoriquement, se prononcer sur la question du recours aux serres chauffées. Mais la décision pourrait être reportée, faute de consensus.

Les acteurs historiques de l'agriculture bio sont opposés à la volonté de certains producteurs de fruits et légumes d'"industrialiser" la filière en chauffant les cultures sous serre, alors que ces derniers mettent en avant la demande toujours plus forte du consommateur. Signe d'une issue incertaine, les deux camps ont poursuivi leur campagne à l'approche de la date du comité.

78% des tomates bio en France est importée

Prônant une "tomate bio française dès le printemps", les partisans des serres chauffées, au premier rang desquels la FNSEA, les chambres d'agriculture et les coopératives font valoir que "78% de la tomate biologique présente dans les circuits longs de distribution en France est importée". Ils se défendent de vouloir produire des tomates bio en hiver ou de discréditer le label bio mais s'opposent notamment aux "distorsions de concurrence" au sein de l'Europe, qui pourraient résulter d'une interprétation de la règlementation européenne interdisant l'usage des serres chauffées.

Un bilan carbone trop important

Cette pratique culturale "préventive", font-ils valoir, "permet d'utiliser moins de pesticides, dont le cuivre et d'augmenter l'efficacité du biocontrôle (insectes auxiliaires). Outre leur opposition à la production de fruits et légumes hors saison, la Fédération nationale des agriculteurs biologiques (FNAB) pointe de son côté le bilan carbone des serres chauffées. "Autoriser la vente de tomates bio dès le premier jour du printemps revient à autoriser de chauffer les serres bio pendant tout l'hiver à plus de 20 degrés, l'équivalent de 200.000 à 250.000 tonnes de fioul par hectare", a déclaré Jean-Paul Gabillard, producteur maraicher et secrétaire national légumes à la FNAB.

Le ministre de l'agriculture s'y oppose

La décision pourrait cependant être reportée, "faute de consensus", selon Florent Guhl, directeur général de l'Agence bio, agence française chargée de développer ce type d'agriculture. Un avis que ne partage pas la FNAB. Au sein du comité national de l'agriculture biologique, selon elle, les partisans et les adversaires des serres chauffées compteront un nombre de voix égal, si la décision est mise au vote. "Ce qui va faire pencher la balance, c'est clairement les voix de l'administration, la voix du ministre", au nombre de quatre, selon la FNAB. A titre personnel, le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, ancien président du premier département bio de France, la Drôme, a souligné son opposition aux serres chauffées, le 18 juin dernier, pour : "respecter les rythmes biologiques". 

"Les acteurs du bio attendent que vous vous prononciez clairement", écrivent une centaines de députés et sénateurs de toutes tendances, dans une lettre ouverte adressée au ministre, parue mardi sur le site du Monde. "Au-delà du sujet des serres chauffées, c'est la transition agricole et énergétique de notre pays qui est en jeu", affirment les élus, "doit-on pour en assurer la croissance à court terme banaliser l'agriculture bio à l'heure de l'urgence climatique ?"

Les signataires appellent le ministre de l'Agriculture "à refuser l'utilisation de chauffage sous serres bio en France et à défendre cette interprétation cohérente du règlement européen auprès de la Commission européenne". Un arbitrage selon eux "capital pour défendre une bio éthique, attendue par nos concitoyens et précieuse pour la transition agro-écologique de notre pays".

Avec AFP 

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