Sur la période allant d'avril à septembre, les échouages d'algues vertes sur les baies sableuses bretonnes s'établissent à un "niveau qui devrait être autour de 20 à 25 % inférieur à la moyenne" selon "les premières évaluations provisoires", a indiqué à l'AFP Sylvain Ballu, chef de projet surveillance marées vertes au Ceva (Centre d'étude et de valorisation des algues).
Depuis 2002, le Ceva réalise un vol chaque mois entre avril et octobre, à marée basse et par grand coefficient de marée, dans le cadre de la surveillance des marées vertes. Présentes en mer à l'état naturel, les algues vertes prolifèrent dans les baies bretonnes, où elles sont nourries par des apports de nitrates épandus par les agriculteurs dans les champs et dont les excédents sont acheminés par les fleuves côtiers.
Les surfaces d'algues vertes inédites relevées en octobre 2023 (611 hectares contre 286 ha en moyenne) laissaient craindre une forte reprise de la prolifération au printemps 2024.
Des différences selon les baies
Mais les tempêtes de l'hiver dernier ont dispersé les algues des baies les plus exposées, retardant fortement la reprise de la prolifération au printemps. Seule la baie de Saint-Brieuc a échappé à ce phénomène de "déstockage".
Influencée par les conditions météorologiques (pluviométrie, ensoleillement, température de l'eau), la prolifération des algues a progressivement rattrapé son retard au cours de la saison, avec des différences selon les baies.
En septembre, les échouages d'algues vertes s'étendaient sur une surface légèrement inférieure à la moyenne annuelle en cette saison, selon les premières analyses de M. Ballu.
Ces algues deviennent dangereuses quand elles se décomposent car elles émettent du sulfure d'hydrogène (H2S), un gaz potentiellement mortel à forte dose. Début septembre, le seuil d'alerte sanitaire a ainsi été dépassé à Guissény (Finistère), où une plage a été fermée temporairement en raison de la concentration en H2S dans l'air.
La situation s'est améliorée ces vingt dernières années, la plupart des cours d'eau ayant vu leur concentration d'azote baisser fortement, mais "on est encore dans la zone de turbulence, dans la zone de danger", souligne M. Ballu.
"On n'est pas à l'abri d'une année comme 2021, qui a été une année catastrophique avec des surfaces qui étaient beaucoup plus élevées que la moyenne pluriannuelle", a pointé l'ingénieur.
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Avec AFP.