Ces machines totalement "made in France" collectent nos bouteilles en plastique et les transforment sous nos yeux en paillettes.
©Amélie Richer de GreenBig
INFO PARTENAIRE

Une machine normande pourrait donner à tout le monde l’envie de recycler ses bouteilles en plastique

Donner de l’argent pour inciter à rapporter ses bouteilles, on pourrait presque dire que c’est vieux comme le monde. Trois entrepreneurs français ont décidé de réinventer ce concept de consigne : ils proposent une véritable petite révolution dans la boucle du recyclage des bouteilles.

Vers un nouveau système vertueux ? Une entreprise normande baptisée Green Big se donne actuellement pour mission de réinventer complètement le modèle économique du recyclage de la bouteille plastique, pour le rendre plus écologique et économiquement viable. Cette révolution s’appuie sur la technologie de transformation à la source mise au point dans sa machine b:bot - les bouteilles sont broyées en paillettes triées par couleur - combinée à un écosystème digital pétri d’intelligence.

Ces premières machines capables de collecter les bouteilles en plastique des consommateurs contre des bons d'achat et de les transformer directement en paillettes revendues aux recycleurs sont déployées depuis plusieurs mois dans quelques supermarchés Auchan, E.Leclerc, Système U et Intermarché. Une solution qui vient s'inscrire en complément de la poubelle jaune pour améliorer les performances de tri du territoire, et déjà accessible en Normandie, à Paris, et dans le Nord.

Baptisées "b:bot", ces appareils totalement "made in France" et plus précisément à Dieppe, collectent nos bouteilles en plastique et les transforment sous nos yeux en paillettes prêtes à être récupérées et recyclées. En échange de cet apport, nous recevons des bons d'achat (si la machine est installée dans un supermarché, à utiliser dans celui-ci), ou la possibilité de faire un don à l'association de notre choix.

D’un côté il y a 16 milliards de bouteilles en plastique qui sont consommées en France tous les ans et qui sont dans nos poubelles, l’un des plastiques les plus recyclables et recyclés aujourd’hui. De l’autre des industriels qui cherchent à incorporer dans leurs nouvelles bouteilles plus de PET recyclé, mais… qui n’en trouvent pas suffisamment.

Le paradoxe du recyclage

Derrière ce concept novateur, Benoît Paget, Fabien Rimé et Baptiste Danezan, trois Normands à l'origine de Green Big, dont b:bot est le premier projet. "La naissance de b:bot vient d’un constat et d’un paradoxe : d’un côté il y a 16 milliards de bouteilles en plastique qui sont consommées en France tous les ans et qui sont dans nos poubelles, un plastique qu’on appelle le PET qui est probablement l’un des plastiques les plus recyclables et recyclés aujourd’hui. De l’autre, les industriels metteurs en bouteilles qui cherchent à incorporer dans leurs nouvelles bouteilles plus de PET recyclé, mais… qui n’en trouvent pas suffisamment, déplore le président, M. Paget.

©Amélie Richer de GreenBig.

Il y a trop de fuites dans les systèmes de collecte et de tri, et ils n’ont pas accès à suffisamment de matière pour atteindre leurs objectifs de "bottle to bottle", la boucle circulaire vertueuse du recyclage des bouteilles plastique. A peine plus d’une bouteille sur deux est recyclée, l’autre finit en incinération ou en enfouissement, ce qui est quand même un paradoxe absolu considérant que des industriels cherchent à la récupérer. Mais comme souvent dans l’écologie, l’explication est économique : le coût du recyclage est élevé car la bouteille dans une poubelle c’est beaucoup d’air et peu de poids. Or dans les déchets, ce qui coûte c’est le m3 et ce qui rapporte c’est la tonne. Voilà pourquoi nous avons au départ réfléchi à des systèmes venant en complément de la bouteille jaune, pour améliorer et récupérer cette matière, que tout le monde cherche."

Optimiser le tri

Une solution imaginée pour recycler plus, mais aussi pour recycler mieux. M. Paget rappelle qu'actuellement, une fois nos déchets dans la poubelle jaune, ceux-ci vont dans un camion-poubelle qui écrase les déchets ensemble, en les mélangeant. "Trier des déchets qui ont été mélangés compactés, c’est compliqué. Cela génère des erreurs de tri qui dégradent la qualité de la matière recyclée. Autant trier dès le départ !

La bouteille ainsi triée à la source est beaucoup plus facile à recycler. Le fait d’aller jusqu’à la transformation en paillettes avec du tri par couleurs permet d’augmenter la densité, donc de réduire le nombre de m3, et donc de diviser les coûts, tout en augmentant la valeur de revente de la tonne.

Même comparée à la bouteille écrasée, les gains sont substantiels : une machine b:bot contient 3500 bouteilles dans moins de 1m2, alors que les machines concurrentes de même taille n’en contiennent que 500. C’est beaucoup moins de vidages, de stockage et de transport pour celui qui exploite la machine. Il n’y a pas d’étape de tri, pas d’étape de massification, cela génère énormément d’économies. En réduisant les coûts et en optimisant la valeur de revente à la tonne apparaît alors un système vertueux économiquement et qui peut être déployé sans subvention ou éco-contribution, donc qui ne coute rien au consommateur/citoyen ».

Comment fonctionne b:bot ?

Une fois devant b:bot, il suffit d'insérer une à une ses bouteilles - une vingtaine sont ramenées en moyenne - que la machine va reconnaître grâce au code-barres. Le supermarché va financer une incitation en général de 1 à 2 centimes par bouteille. Le consommateur va ainsi avoir une réduction sur son panier à la sortie du magasin sous forme de bon d’achat - ou il pourra en faire don à l’une des associations partenaires de GreenBig.  

Douze machines b:bot sont actuellement mises en service. Depuis l'installation des premières machines il y a neuf mois, un million de bouteilles ont été récoltées. Les machines sont vendues aux magasins : "Nous leur rachetons la matière, et à partir du moment où un magasin collecte par machine 1200 bouteilles par jour cela lui amortit le coût d’investissement de sa machine."

Des discussions sont en cours entre Green Big et la SNCF (une b:bot va ainsi être installée à l’entrée de la gare de Bécon-les-Bruyères, en région parisienne, début 2021) pour implanter ces appareils dans des lieux publics, d'autres ont eu lieu - avant le début de la crise sanitaire - avec le groupe ADP pour en installer dans les aéroports où de nombreuses bouteilles d'eau sont jetées avant et après les contrôles de sécurité.

Derrière b:bot, une quête de solutions plus globale

Le concept b:bot est une solution parmi d'autres que cherche aujourd'hui à développer le trio d'entrepreneurs. "Notre mantra est de se dire que ce qui est durable doit être rentable. C’est un peu bizarre de le dire comme cela mais dans la thématique 'déchets', souvent connectée à l’économie circulaire, il y a énormément de financements extérieurs : quand on prend le traitement des déchets aujourd’hui, il est essentiellement financé par le consommateur ou le citoyen qui va soit payer des impôts, et donc la taxe d’ordures ménagères, soit payer sans le savoir une éco-contribution dans le prix de son produit.

À la fin, il achète le process qui va permettre de traiter le déchet. Notre idée, c’est quelque part de renverser ce raisonnement, en se disant : comment, sur certaines matières, pouvons-nous disrupter le marché pour dire que c’est la revente de la matière qui va permettre de financer en amont le traitement du déchet ? Notre approche est de dire que pour qu’une solution soit durable et déployable à grande échelle, il faut qu’elle soit rentable dans le sens auto-financée, et qu’elle ne dépende pas de subventions ou de financements extérieurs. Parce que par définition, être dépendant c’est dépendre d’une décision politique et d’une organisation règlementaire."

Le sujet n’est pas que de réduire, il est aussi de trouver des solutions efficaces qui permettent rapidement de faire que ce plastique ne soit plus un déchet."

L'idée de ce vaste projet, dans le contexte actuel, est ainsi de venir en complément de la poubelle jaune pour améliorer les performances de tri dans les zones où elles ne sont pas bonnes, et de le faire en partenariat avec les grandes enseignes ou les collectivités. "Devant 16 milliards de bouteilles en plastique, plutôt que de faire l’incantation en disant il faudrait qu’il n’y en ait plus, nous disons plutôt : non, il y en a 16 milliards, elles ne vont pas s’envoler dans les années qui viennent, souligne M. Paget. Le sujet n’est pas que de réduire, il est aussi de trouver des solutions efficaces qui permettent rapidement de faire que ce plastique ne soit plus un déchet."

L'équipe envisage de mettre en service environ 100 machines d’ici la fin de l’année, entre 500 et 700 de plus en 2021, et d’en installer entre 3000 et 4000 à l’horizon 2023. Green Big, qui représente une équipe d'environ 15 personnes, prévoit d'en employer 25 de plus d'ici la fin 2021, et de se déployer à l'international avec une priorité européenne. À terme, l'objectif est également de développer des machines capables de collecter les briques en carton et les canettes.

En partenariat avec Green Big.

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