En France, c’est SNCF Réseau qui possède et entretient les infrastructures qui donnent accès aux voies.
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Transport ferroviaire : ces entreprises qui peinent à se faire une place

Le 1er juin, Midnight Trains a annoncé mettre fin à son projet de trains de nuit. Un échec qui suit celui de Railcoop et illustre la difficulté des petites entreprises à intégrer le réseau ferroviaire français.

Une nouvelle start-up ferroviaire atteint son terminus : Midnight Trains. L’entreprise souhaitait lancer des trains de nuit, avec chambres privatives, mais le projet ne verra finalement pas le jour. Ses trois créateurs ont annoncé la nouvelle le 1er juin, justifiant qu’ils n’avaient pas réussi leur deuxième tour de table financier. La société ferroviaire avait pour projet de créer des trains de nuit avec chambres privatives, reliant Paris à différentes grandes villes européennes. 

Le 27 mars, c’est la société Railcoop qui avait, elle aussi, annoncé la fin de son projet. Ce dernier visait à assurer une liaison ferroviaire entre Bordeaux et Lyon, sans avoir à passer par Paris. Pour 38 euros, les voyageurs auraient pu circuler entre Périgueux, Limoges, Montluçon et Roanne et le tout, dans des wagons confortables, conçus pour pouvoir accueillir et stocker skis, vélos ou encore poussettes. 

C’est hyper compliqué de se lancer dans le ferroviaire si l’on n’est pas un acteur historique du secteur”

Seulement, la coopérative était en contentieux avec une société qui stockait ses rames et lui demandait 800 000 euros de frais de charge. Le tribunal de commerce de Clermont-Ferrand a rendu sa décision, le 21 mars, et a donné tort à la société ferroviaire. "Cette décision de justice incompréhensible scelle le sort de Railcoop," avait conclu l’entreprise dans un courrier adressé aux 14 800 sociétaires, que Rue89Lyon s’était procuré. 

Ces deux fermetures illustrent la difficulté de jeunes startups à s’imposer dans ce domaine. "C’est hyper compliqué de se lancer dans le ferroviaire si l’on n’est pas un acteur historique du secteur," précise l’économiste Patricia Perennes auprès de Reporterre. Cette dernière explique que les coûts du matériel roulant neuf sont importants, tout comme leur temps de réception. Pour une seule rame, il faut compter plusieurs millions d’euros et 3 à 4 ans de délai de livraison. Railcoop avait levé plus de 8,5 millions d’euros, auprès de 14 000 sociétaires et 36 collectivités. Une somme importante, mais qui n’a pas suffi à l’entreprise pour éviter le redressement judiciaire, à l’été 2023. 

Le difficile accès aux rails

Autre difficulté : l’accès au réseau ferroviaire. En France, c’est SNCF Réseau qui possède et entretient les infrastructures qui donnent accès aux voies. "N’importe quel opérateur qui veut mettre un train sur une voie française doit demander à SNCF Réseau un sillon, autrement dit une autorisation de passage sur une ligne donnée à un horaire donné," explique Michel Quidort dans les colonnes des Echos. Il faut donc trouver de la place aux nouvelles lignes, de s'assurer qu'elles soient ouvertes et qu’il y ait des employés aux postes d’aiguillage.

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Ces difficultés empêchent donc le développement du réseau ferroviaire en France, notamment dans les zones rurales. Selon un sondage réalisé pour Réseau action climat en 2023, 81 % des habitants des grandes agglomérations et de l’agglomération parisienne s’estiment bien desservis par les trains. Dans les petites agglomérations, ce chiffre descend à 45 % et en zones rurales, à 35 %. Ce manque d’accès, mais aussi les prix souvent jugés trop élevés des billets de train, poussent donc les Français à se tourner vers d’autres modes de transport, moins respectueux de l’environnement.