L'équipe derrière "Rox", un nouveau service de transport lancé en juin 2018.
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Rox, une alternative à Uber qui reverse un don à une association à chaque trajet

"Rox", un tout nouveau service de transport avec chauffeur, vient de voir le jour en France. L'une de ses particularités : il reverse un don à l'association de notre choix à chaque trajet. 

Depuis fin juin dernier, la plateforme française "Rox"propose à ses usagers d'effectuer leurs trajets en soutenant une cause. Une partie de leur course reviendra à l'association de leur choix, parmi celles suggérées par le service, pour l'instant uniquement proposé en Île-de-France. ID s'est entretenu avec l'un des six fondateurs de cette entreprise atypique, Yanis Kerdjana.

Pourquoi avoir décidé de lancer "Rox" ?

Nous avons comme tout le monde été confrontés au phénomène "Uber", qui prend grosso modo 25 % de commission (ndlr : Uber a porté sa commission à 25 % depuis l'automne 2015, selon Le Monde). Il reste au chauffeur 75 % sur lesquels il doit payer sa voiture, son assurance, et plein de frais annexes. On a érigé "Uber" comme un modèle d'entrepreneuriat : il y a quelques années, tout le monde voulait être le "Uber" de quelque chose. Il y avait plein d'entreprises dans cette mouvance, celle d'avoir des travailleurs paupérisés, de prélever des commissions importantes pour réaliser une mission et de gagner leur vie ainsi. Ils promeuvent un monde qui n'est pas celui dans lequel nous souhaitons vivre. Nous avons donc réfléchi à plusieurs à ce que l'on pouvait faire : proposer un service qui fasse exactement la même chose qu'Uber, mais avec des valeurs et une humanité différentes. Nos finalités sont d'augmenter le niveau de vie des chauffeurs et d'aider des associations. À prix équivalent, est-ce que vous voulez donner à Uber ou à une association ? Le but est que chacun se dise : à mon échelle, je peux faire quelque chose de bien, quand je rentre de soirée, quand je vais à l'aéroport, pour mes déplacements professionnels... Je vais utiliser un autre service qu'Uber, plus positif. 

Quand avez-vous commencé à travailler sur ce projet et quand a-t-il été lancé officiellement ? Existait-il déjà des initiatives de la sorte ?

Nous avons commencé à travailler dessus l'année dernière, et le lancement a eu lieu fin juin dernier. Quand nous nous sommes lancés et que nous avons réalisé notre étude de marché, personne n'existait sur le marché. Brièvement, nous avons vu des gens apparaître et disparaître, mais pour le moment, nous sommes les seuls. C'est justement parce que c'était "Uber ou rien" que nous avons souhaité lancer ce projet. 

Comment votre service fonctionne-t-il ? 

Pour le moment, nous sommes uniquement disponibles à la réservation. Nous annonçons le prix à l'avance, c'est obligatoire. Nous avons une dizaine de chauffeurs ; une cinquantaine a donné ses documents et nous avons les contacts de plusieurs centaines d'autres conducteurs. 

Vous êtes en voie de développement : vous souhaitez donc par la suite proposer de la commande immédiate comme Uber ? 

Exactement : l'idée c'est d'être une alternative à Uber, avec un impact plus positif. Nous espérons pouvoir proposer cela d'ici moins d'un an. 

Pour bénéficier de vos services, on passe par une application ?

Nous proposons pour le moment un chat box : on clique dessus sur notre site et ça renvoie vers une application développée par Messenger, sur laquelle on réserve sa course.

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Au niveau du coût de votre service, où vous situez-vous ? Quelle est votre commission et quelle part du prix de la course revient à une association ?

On s'est alignés sur les prix du marché : le but n'est pas d'être moins chers, on ne voulait pas contribuer à la diminution du prix des courses alors que les chauffeurs ne gagnent déjà pas très bien leur vie. Nous avons une commission globale de 8 % et dans ces 8 %, 5 % est un don de l'utilisateur. Donc 5 % du montant de la course va à une association, 3 % revient au service, et le reste est pour le chauffeur. Ce qui rendra le service viable, c'est d'avoir un nombre suffisant de courses par mois pour faire face à nos charges. Il reste encore beaucoup de travail, nous sommes encore petits !

Quelles associations pouvons-nous soutenir et comment les avez-vous choisies ?

Nous les avons répertoriées sur notre site, ce sont des associations fiables qui se situent toutes dans des secteurs un peu différents de l'action sociale. Il y a Le Refuge (ndlr : qui propose "un hébergement temporaire et un accompagnement social, médical, psychologique et juridique aux jeunes majeurs victimes d'homophobie ou de transphobie"), La Cloche, bénéficiaire d'un prix de la part de la mairie de Paris (ndlr : qui cherche à réhabiliter l'image des plus démunis) ou encore Chiens Guides d'Aveugles. Nous souhaitions que chaque utilisateur puisse trouver une cause qui lui convienne et nous lui laissons le choix de l'association à qui ira le don. Il lui suffit de le préciser sur le chat au moment de l'inscription, quand il enregistre sa carte bleue. Et il peut le changer dans ses réglages ensuite. 

Vous êtes pour le moment implantés uniquement en Île-de-France. Souhaitez-vous vous étendre par la suite au reste de la France ?

Bien sûr ! Nous espérons que ce sera le cas en 2019.