Aujourd’hui, l’industrie représente environ 18% des émissions de gaz à effet de serre en France.Trois filières sont en tête des émissions du secteur : la chimie, la sidérurgie et la production des matériaux de construction. Pour répondre à ses objectifs environnementaux dans le cadre France 2030, le pays doit réduire ses émissions de 30% d’ici à 2030 et de 81% d’ici à 2050. La décarbonation qualifie l'ensemble des mesures permettant à une entité de réduire ses émissions de gaz à effet de serre afin de limiter l'impact sur le climat.. Ce marché prometteur attire de plus en plus de start-ups innovantes à l’instar de CarbonLoop.
Quel est l’état du marché de la décarbonation industrielle française ?
Le marché de la décarbonation est confronté à des problématiques complexes. Certaines usines fonctionnent par exemple en flux continu, ce qui signifie qu’elles ne peuvent pas mettre leurs machines à l’arrêt sans interrompre la production de manière lourde. C’est souvent le cas pour les sites qui travaillent sur différents états de leur matière première (le verre par exemple, l’acier ou encore les produits chimiques,…). Ainsi, installer des dispositifs de décarbonation s’avère parfois difficile. Les travaux se font donc souvent en amont de la construction de l’usine, ce qui implique de longs délais d’amortissement.
Pour gommer cette tendance, l’État joue sur le prix du carbone. Mais pour être rentables, il faut que ces entreprises de décarbonation industrielle garantissent une réduction drastique des émissions, ce qui n’est pas nécessairement le cas.
La pyrolyse : une solution ?
Lancée en 2021, la jeune société CarbonLoop est spécialisée dans la transition énergétique de l’industrie. Son procédé se base sur la valorisation de la biomasse (matière organique type déchets forestiers ou agricoles, bois, paille,..), en la transformant en électricité et en chaleur vertes et décarbonées. Grâce au système de la pyrolyse, la matière est chauffée à 500°C sans oxygène en laissant deux types de résidus à revaloriser, le biochar, un charbon végétal qui capte tout le carbone produit lors du processus ainsi qu’un gaz de synthèse. L’entreprise propose deux formules, l’une pour produire de l’électricité et de la chaleur pour l’usine, l’autre pour produire de l’hydrogène vert. Dans les deux cas, ces engagements sont convertis en crédits carbone, c'est-à-dire une certification officielle du carbone économisé sur la structure : environ 3400 pour la première formule et 6200 pour la deuxième).
Le dispositif se compose de trois containers installés en série, le premier sert à stocker la biomasse et le biochar, le deuxième accueille le système de thermolyse, et le troisième permet de générer et purifier l’hydrogène. L’entreprise prend entièrement en charge l’approvisionnement en biomasse, les travaux, la maintenance, les négociations de reventes du biochar et l’attribution des crédits carbones.
Le biochar et l’hydrogène reconnus comme solutions d’avenir
Poudre noire mentionnée plus de deux cent fois dans le dernier volet du rapport du GIEC en tant que negative émission technology (solution de long terme pour la séquestration carbone), le biochar demeure pourtant méconnu du grand public. De nombreux experts mettent d’ailleurs en avant le fait de réinjecter le carbone de l’air dans le sol comme un objectif absolu du défi climatique.
Les végétaux, quand ils sont brûlés, rejettent tout le carbone capté au cours de leur vie. Empêcher ce processus permet donc de gérer le carbone en circuit fermé. D’autre part, le biochar est reconnu pour améliorer les propriétés physiques des sols, en leur apportant notamment, une plus grande absorption de l’eau et des nutriments. Il permet également de stabiliser un niveau optimal du PH et de favoriser l’activité microbienne.
Quant à l’hydrogène, il représente un grand espoir pour la transition écologique. La France a lancé sous l’impulsion de Nicolas Hulot, un grand plan de déploiement de ce gaz prometteur car moins polluant. En effet, l’hydrogène est obtenu par électrolyse, avec de l’eau et de l’électricité. Cependant, son déploiement à grande échelle reste freiné par une production électrique qui devrait être beaucoup plus importante qu’actuellement. D’ailleurs, la plupart des industriels qui produisent de l’hydrogène le font à l’aide d’hydrocarbure : un non-sens écologique.
L’hydrogène, s’il est produit sans émission (c’est le cas pour Carbon Loop), pourrait alors répondre à la problématique du déplacement propre, sans contrainte d’autonomie, comme avec le moteur électrique. Il serait notamment candidat à l’impulsion des voitures, des poids lourds, des trains et des avions.
En partenariat avec CarbonLoop.