France Industrie a appelé les parlementaires européens à ne pas adopter la directive sur le "devoir de vigilance".
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Les PME à la peine en matière de transition écologique

Même quand la volonté de mener leur entreprise vers la transition écologique semble là, des PME reconnaissent à contrecoeur être de "mauvaises élèves" en la matière, du fait d'obstacles intrinsèquement liés à leur activité.

"On a beaucoup de choses à mettre en place", admet Thibault Nicodeme, 37 ans, venu représenter son entreprise de secours aérien en hélicoptère lors d'une journée dédiée à la mise en transition écologique des PME-ETI, organisée cette semaine par Bpifrance à Lyon. Quelques 700 dirigeants d'entreprise sont venus partager leur questionnement et leur expérience au travers de "masterclasses" et d'exercices ludiques.

Pour SAF Aerogroup, le verdict de l'atelier destiné à établir un diagnostic environnemental sur mesure est sans appel: bien en dessous de la moyenne, notamment dans leurs politiques d'innovation durable concernant leurs produits et services. "C'est vrai que l'impact environnemental" est "vu comme secondaire" car "nous avons déjà un fort impact positif à travers nos activités du secours, du sanitaire, de l'urgence...", justifie le chef de cette entreprise basée en Savoie. "Mais aujourd'hui, on essaye quand même d'y penser".

La France comptait 3,9 millions de petites et moyennes entreprises en 2018, selon les derniers chiffres de l'Insee, et leurs efforts sont cruciaux pour atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050, comme le prévoit le pacte vert européen. Mais, selon une étude de Bpifrance, si 80% des dirigeants de PME considèrent le climat comme un enjeu majeur, autant déclarent ne pas savoir comment entamer leur transition verte. Olivier Dereu, 44 ans, directeur QHSE d'Attila, une entreprise d'entretien et de maintenance de toiture, envisage de faire un "bilan carbone", obligatoire tous les quatre ans depuis 2010 pour les sociétés de plus de 500 salariés. Le but: mesurer la portée écologique de l'ensemble des flux de l'entreprise.

Le quadragénaire admet qu'"énormément" de pollution est générée par les quelques 300 véhicules de l'entreprise et que les produits à base de résine utilisés peuvent libérer des composés organiques volatiles. La société essaye donc d'être davantage "eco-friendly", notamment en n'utilisant plus de chalumeaux pour l'étanchéité. "Certes, c'est plus long, c'est plus contraignant et ça demande des formations parce que notre métier ne se prête pas à ce genre d'innovations... Mais pourquoi ne pas essayer de faire plus?", s'interroge le représentant de cette entreprise basée à Montargis (Loiret), sachant que "nos clients nous demandent de progresser en matière environnementale".

"La transition, c'est maintenant"

Isabelle Raes croit en cette "théorie des petits gestes". Elle a pris le virage de l'électrique pour son entreprise de trains touristiques dès 2017. Mais elle rencontre également des obstacles. "Certains trains électriques ne sont pas assez puissants pour certains types de circuits, par exemple quand il y a de fortes côtes", explique la responsable administration et finance de France Voguette. "On est bloqué, contrairement aux anciens opérateurs qui utilisent des trains qui fonctionnent au diesel et qui sont plus puissants", ajoute l'entrepreneure de 46 ans. Elle déplore également le fait que les trains touristiques ne soient pas concernés par le bonus écologique de 30.000 euros pour l'achat de véhicules lourds mis en place par le plan France Relance pour l'accompagnement des nécessaires évolutions. Sans pour autant se décourager: "au contraire, car la transition, c'est maintenant et on est obligé de s'engager", dit-elle.

En effet, le dernier rapport des experts climat de l'ONU (Giec) affirme que sans une réduction "rapide" des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs, il ne sera pas possible de limiter le réchauffement climatique. "Un bilan alarmant", prévient Anne Guérin, directrice du financement, du réseau et du Plan climat à Bpifrance. "La transition, c'est vraiment un enjeu de survie pour les entreprises car aujourd'hui, même si tous les clients ne sont pas prêts à payer le surcoût lié au fait d'avoir une offre verte, demain ce sera un +must have+", assure-t-elle.

Avec AFP.