Expliquez-moi ce que fait l'association "Les Boîtes à Vélo", quels sont ses objectifs et ses actions ?
Le premier objectif est d’abord de rassembler les entrepreneurs à vélo : nous représentons une frange des professionnels très réduite et nous avons ressenti le besoin de nous rapprocher, d’apprendre à nous connaître, à parler matériel… Faire communauté. L’idée était également de créer un plaidoyer en 10 points pour préciser ce que nous attendons de la part de l’État. Nous demandons notamment l'adaptation des villes à ces nouvelles mobilités. Aujourd’hui, des villes comme Strasbourg, Paris ou Grenoble se réaménagent pour accueillir les nouvelles mobilités dont le vélo fait partie. Nous sommes par ailleurs sur un sujet spécifique qui est le vélo cargo, donc le transport de charges à vélo avec certains encombrements et poids à transporter. Cela implique des aménagements cyclables particuliers. Autre point, la puissance moteur autorisée sur les vélos qui nous permettrait, si nous pouvions dépasser les 250 watt légaux actuels, de transporter plus de charge et d’être plus efficients dans notre travail.
Est-ce que la séquence des municipales qui s’ouvre présente pour vous un moment clef pour essayer de pousser des grandes villes ou des candidats ?
Aujourd’hui, nous ne sommes pas assez structurés pour travailler là-dessus, nous nous appuyons beaucoup sur les associations vélo : les associations de la Fédération des usagers de la bicyclette. Nous espérons pouvoir avoir la force de frappe demain afin de travailler là-dessus, mais étant globalement une équipe de bénévoles et avant tout d’entrepreneurs, de micro-entreprises, nous sommes toujours au four et au moulin. Nous cherchons encore à nous développer et cela passe par la mise en place de projets qui puissent nous rémunérer et payer des salariés qui feront sur le long terme ce travail de fourmi qu’est le lobbying.
Aujourd’hui, quels types d’entrepreneurs à vélo sont membres de votre association ?
Une bonne tranche de nos adhérents sont des artisans : des plombiers, des jardiniers, des menuisiers… Nous avons aussi des logisticiens, c’est-à-dire des livreurs à vélo. Mais également des professionnels dans le domaine du service en entreprise, dans le secteur de la santé ou de la culture. En gros, l’idée est de regrouper toutes les familles de métiers en considérant que pour chacune d’elles, certains déplacements sont transférables à vélo. Sûrement pas en intégralité, puisqu'une une partie de la livraison des artisans doit se faire par camion. Mais dès que possible, nous prônons l’utilisation du vélo.
Selon vous, la montée en puissance de la thématique de l’écologie en France et les préoccupations environnementales donnent-elles envie à certains professionnels de passer au vélo ?
Ce qui pousse les modalités de déplacement, c’est surtout l’aménagement du territoire. Là, les entreprises qui constatent la construction de ces autoroutes à vélo, se disent : "Moi je suis bloqué dans les bouchons, les vélos me dépassent…", et cela provoque un questionnement et un changement de mentalité. Mais ce n’est pas une prise de conscience écologique : si cela avait été le cas, cela ferait longtemps que ces entreprises ne rouleraient qu’en vélo-cargo. Nous connaissons tous les enjeux liés à l'environnement, même s’ils apparaissent de plus en plus prégnants et que nous sommes capables de les expliquer de manière de plus en plus précise. Globalement, c’est vraiment la politique d’aménagement du territoire qui fait que l'on attire les vélos en ville.
On a tendance à opposer les automobilistes et les vélos, ce qui donne lieu à un débat assez clivé.
Effectivement, et l’une des missions de "Les Boîtes à Vélos", c’est de ne surtout pas travailler sur cette opposition. D’ailleurs, je pense que la majorité des "assos vélo" sont moins dans le militantisme que dans la proposition de solutions concrètes. Nous sommes d’abord une association d’entreprises, nous ne sommes pas du tout là pour faire la morale aux autres entreprises mais plutôt pour les accompagner vers un changement, une mobilité à la fois efficace, sobre et heureuse.
Est-ce que vous avez un territoire, un lieu, une ville, qui serait l’exemple à suivre ?
La ville de Grenoble fait partie des exemples avec de gros aménagements, notamment l’autoroute à vélo, vous avez aussi la ville de Nantes qui a été assez précurseure sur les aménagements cyclables et routiers : les zones 30 km/h, pour faire cohabiter vélos et voitures. Il y a aussi les zones à circulation restreinte qui sont des zones réservées aux mobilités douces sur certains créneaux horaires, la ville de Strasbourg travaille là-dessus. Cela pousse les entreprises à s’adapter, parce que si elles n’ont pas l'autorisation à entrer avec de grosses camionnettes, elles pensent au vélo. L’idée n’est pas d’empêcher le business mais de créer un cadre juridique et légal qui permettra de s’adapter à des enjeux dépassant le seul objectif du chiffre d’affaires en fin de mois.
Qu’est-ce qui peut motiver un entrepreneur à passer le cap du vélo ?
Jusque-là, on observe que les entrepreneurs qui font partie du réseau l’ont fait par conviction, parce qu’ils le voulaient. Ils ne l’ont pas fait par contrainte. Très vite, ils se sont aperçus de la pertinence et de l’efficacité de ce mode de déplacement. Peut-être les plus jeunes générations d’entrepreneurs à vélo sont des entreprises qui sont néo-cyclistes et qui se disent qu’il y a quelque chose à faire avec le vélo. Aujourd’hui, nous sommes en train de passer du "vélo loisir" ou "vélo gênant" à l’idée que ce puisse être un véhicule.
Votre association en quelques chiffres ?
Aujourd’hui, nous sommes 90 membres, l’association nationale existe depuis mars 2019. Au départ, ce n’était que des associations locales. Nous les avons centralisées. Du 15 au 17 mai, à Grenoble, nous organisons un congrès dont nous espérons qu’il nous permettra d’engranger un maximum d’adhérents, l’idée étant de faire masse pour pouvoir discuter en direct avec les ministères.
On peut vous soutenir en adhérant via votre site internet ?
Ce qui n’ont pas fait le pas peuvent adhérer en tant que soutiens et peuvent participer à des réunions locales. Et ceux qui ont passé le pas et dont 75 % des déplacements se font à vélo, peuvent prétendre à l’adhésion. C’est pour éviter les entreprises qui font tout en camion mais qui veulent verdir leur image : pas de greenwashing, ce n’est pas la politique de la maison.
Une interview réalisée en partenariat avec France Inter : pour écouter la chronique Social Lab de Valère Corréard c'est ici :
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