Pour proposer des prix plus bas, l'entreprise mise sur les volumes et l'industrialisation.
©DR/Le Slip Français
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"Quitte ou double" : Le Slip Français poursuit sa révolution pour redresser l'industrie textile française

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Objectif 1 million de pièces : Le Slip Français engage la suite de sa "révolution" pour redresser l'industrie textile ce 5 mars. Après le succès du repositionnement de ses prix sur les sous-vêtements, en misant sur les volumes et l'industrialisation, l'entreprise en fait de même pour ses t-shirts, débardeurs, pyjamas, chaussettes... Et appelle à une manifestation générale de soutien.   

"Condamné à la réussite, à la prise de risque totale, Le Slip Français incarne une vision courageuse de l'industrie française". Un an après son opération de sauvetage et son défi relevé des 400 000 sous-vêtements vendus grâce à des prix réduits en se basant sur une stratégie de volume, l'entreprise poursuit sa "révolution" industrielle.

L'entreprise se dit déterminée à redresser l'industrie textile française par des commandes massifiées sur de nouvelles catégories de produits textiles. En l'occurrence, des t-shirts, des débardeurs, des pyjamas et des chaussettes. Avec un objectif pour 2025 d'1 million de pièces vendues. Le Slip Français engage d'ailleurs les Français à se joindre à un appel de manifestation générale de soutien ce 5 mars à 13h en direct live sur le site leslipfrançais.fr. Et à partager leurs idées et actions. 

C'est dans un contexte économique toujours plus tendu que les dirigeants de l'entreprise, Guillaume Gibault, fondateur, et Léa Marie, directrice générale, ont décidé de proposer un prix compétitif sur leurs produits, convaincus que le Made in France ne pourra être soutenu qu'ainsi. Pour proposer des prix plus bas, ils misent sur les volumes et l'industrialisation.

"Seuls les volumes véritablement industriels permettront une véritable pérennité à la filière qui pourra investir, former, recruter et se projeter dans le temps long", pointe l'entreprise, par voie de communiqué. Tisseurs, tricoteurs, ennoblisseurs, teinturiers, confectionneurs... Le Slip Français dit mobiliser 300 emplois et 80 entreprises à travers le territoires. 

Elle propose avec cette stratégie des prix divisés par deux en assurant ne pas renoncer à la qualité et à l'éco-conception. À titre d'exemple, un tee-shirt à manches courtes, vendu 35 € l'unité, est proposé à 80 € les trois. ID en a discuté avec Guillaume Gibault, qui a créé Le Slip Français il y a 14 ans.

Pouvez-vous nous rappeler l'ambition de votre entreprise ?

Notre ambition, c'est de montrer qu'il est possible de fabriquer en France, face à tous les défis que nous avons, techniques et économiques, un produit de façon compétitive et le vendre à un prix compétitif. Ce n'est pas évident, la preuve en est qu'il n'y a que 3 % de vêtements fabriqués en France sur les trois milliards de vêtements mis sur le marché dans le pays par an (ndlr : source : Le DÉFI). 

L'équation, c'est comment faire un produit compétitif dans le système français avec le coût de la main d'œuvre important que nous avons (et tant mieux, parce que cela défend un modèle social, ce sont nos 35 heures, nos congés payés, notre assurance maladie, notre assurance chômage, etc). Depuis plus de 14 ans, j'essaie de trouver la solution.

Nous mettons des solutions pragmatiques sur la table et je pense que Le Slip Français incarne une vision optimiste, qui fait du bien par les temps qui courent."

Nous avons commencé à écrire le début d'une solution avec notre projet "Révolution" de l'année dernière, en se disant que si nous voulons réussir, nous n'avons pas d'autres choix que d'industrialiser le produit et d'arriver à proposer un prix compétitif aux clients. Les Français ont bien envie de soutenir le Made in France, ils ont tous compris l'emploi derrière, la réduction de CO2... Mais par rapport aux prix du reste du marché, ils ne peuvent pas suivre en 2025, et chaque semaine encore un peu moins vu le contexte économique.

L'enjeu pour nous est de montrer que nous pouvons fabriquer en France à un prix accessible, nous avons déjà réussi à le faire en divisant le prix de vente par deux l'an dernier sur nos sous-vêtements, et là nous le faisons sur nos autres catégories, l'équipement de l'homme. Plus on se fixe des objectifs de volumes importants, plus on peut charger les ateliers qui peuvent recruter et investir dans des machines pour aller plus vite et à la fin être capables de fabriquer de façon plus compétitive. 

Guillaume Gibault - Fondateur du Slip français
©DR/Le Slip Français

C'est donc la "Révolution 2", à partir de ce 5 mars ?

Oui, sur la même mécanique. Nous lançons une manifestation générale sur notre site en se disant que ce serait sympa d'avoir une foule de gens connectés en même temps. Il y aura un lien visio. Nous allons prendre le temps d'expliquer, avec les mêmes mots que ce que je vous raconte, comment nous y arrivons, pourquoi c'est important et pourquoi surtout, chacun a une part de la solution entre ses mains. 

Cela implique de lancer une production à grande échelle et donc de prendre des risques... Vous lancez ce pari au regard du projet de l'an dernier qui a fonctionné ?

Oui, nous continuons à prendre des risques, à être ambitieux, et c'est par cette prise de risques de volumes que nous arrivons à proposer un prix plus accessible qui permet au grand public de nous suivre. L'an dernier, nous avons relevé le défi des 400 000 pièces vendues, nous en avons même vendu 410 000. Maintenant, nous nous fixons cet objectif d'un million de pièces sur toute l'année 2025.

Nous comptons vraiment sur le soutien du grand public, c'est pour cela que nous essayons de rivaliser d'idées ingénieuses pour faire parler de nous. Nous sommes une petite boîte, nous n'avons pas beaucoup de moyens. Il faut que nous arrivions à changer d'échelle. Si nous bataillons toujours avec des petits volumes et une industrie qui tâtonne, nous n'arriverons pas à faire ces économies d'échelle et à aller chercher un prix plus compétitif. 

Votre enjeu, c'est la communication ?

Exactement, la communication, la notoriété, le soutien de nos clients. Expliquer les enjeux tout en donnant envie, c'est un équilibre qui n'est pas simple. Il faut viser juste pour que les gens nous suivent dans la démarche, parce qu'on n'y arrivera pas sans eux. 

Le but de ces "révolutions" industrielles, c'est qu'elles durent dans le temps ? 

Bien sûr, le but est que ce soit pérenne et que l'on puisse même aller plus loin, qu'on continue à baisser les prix. Qu'on soit d'accord ou non, le prix est le critère le plus important. Nous sommes en plus une marque d'équipements, donc réussir à se faire connaître en vendant des slips, ce n'est pas évident. 

Êtes-vous malgré tout optimiste pour l'avenir du textile français ?

Je n'ai pas tellement d'autre option. Ce qui est sûr, c'est que ce sont des initiatives comme celle-là, collectives, pleines d'envie, de bon sens et d'enthousiasme, qu'on y arrivera. Nous le défendrons jusqu'au bout, même si nous ne sommes pas aidés par l'actualité. Mais s'il faut attendre que l'actualité soit favorable, ça peut être long !

Nous mettons des solutions pragmatiques sur la table et je pense que Le Slip Français incarne une vision optimiste, qui fait du bien par les temps qui courent. Les clients, quand ils achètent Le Slip français, sont fiers de le porter. On change le monde en commençant par changer de slip !