Les salariés d'une entreprise repeignent le centre d'hébergement d'urgence Romain Rolland, du Samu Social, à l'occasion d'une journée de RTT solidaire, Ça me regarde.
©Ça me regarde
Entreprises

Ça me regarde : des "RTT solidaires pour faire changer les entreprises"

Ça me regarde est une entreprise coopérative unique en son genre. Elle organise des journées citoyennes, des RTT solidaires et des séminaires d'équipe au sein des entreprises. Les salariés se retrouvent en immersion au cœur d'une structure associative, pour aider les bénévoles à la réalisation d'un chantier.

Le plus grand centre d’hébergement d’urgence du Samu Social vient d’être entièrement repeint. Une douzaine d’entreprises sont intervenues sur ce chantier, soit plus de 300 personnes, grâce à Ça me regarde. Cette "entreprise coopérative", comme elle se définit, a pour mission de faire intervenir les salariés d’une entreprise au sein d’une association, pour la réalisation d'un "chantier solidaire", dans le cadre de journées de RTT solidaires.

Ces opérations hors du commun profiteraient à la cohésion d'équipe au sein des entreprises. Les secrétaires côtoient les stagiaires, qui côtoient les grands patrons, et partagent ensemble une expérience transcendante."Il n'est pas rare que des larmes soient versées à la fin de la journée" résume Arnaud Fimat, l'un des fondateurs de Ça me regarde. Repeindre le Samu Social ou servir la Soupe Populaire avec ses collègues "réveille bien souvent des vocations". 

Immersion au cœur des structures associatives

Ça me regarde met un point d’honneur à l’accompagnement des associations, mais surtout des entreprises, pour le bon déroulement de ces rencontres. "Il est important d’analyser la situation interne des équipes, pour comprendre les besoins de l'entreprise", Il faut s'adapter à chaque cas. L’objectif est de permettre aux salariés de retrouver la cohésion et l’entente sur leur lieu de travail. Après avoir œuvré par exemple chez Emmaüs, les discussions sont différentes le lendemain autour de la machine à café. Ça me regarde se distingue par "la volonté de faire changer les entreprises", explique Arnaud.

On a vécu quelque chose, on a voulu en faire notre vie."

L’histoire commence au sein de l’entreprise Manutan, il y a cinq ans. Ségolène Delahalle et Arnaud Fimat sont tous deux salariés alors que la société décide d’organiser, de manière un peu bancale, une journée de "RTT solidaire". Tous remuent ciel et terre pour trouver un sens à donner à cette journée, jusqu’à ce qu’ils tombent sur le potager d’insertion de la Maison de la Solidarité à Gonesse. L’association a besoin de poser des clôtures autour de ce potager, constamment pillé par les habitants du quartier. Les salariés ont trouvé leur mission. Après cette journée, Arnaud et Ségolène veulent réitérer l’expérience, mais "ce n’est pas notre travail", répond le patron. Les deux collègues décident alors de tout plaquer pour donner naissance à Ça me regarde. "Ça nous a dépassé. On a vécu quelque chose, on a voulu en faire notre vie. Quelque chose qui répondait à notre éthique, à nos valeurs. On est partis avec des convictions." résume Arnaud.

Embarqués à deux dans ce projet fou, ils sont sept aujourd'hui. Ça me regarde est devenu grand. À ce jour, plus de 300 chantiers solidaires ont été réalisés, par plus de 7000 salariés. De la SNCF à Sanofi en passant par La Poste, la liste des entreprises conquises est longue. Même son de cloche du côté des associations, où l'on peut citer Emmaüs, les écoles de la Deuxième Chance, ou encore le Samu Social... Et les choses s'accélèrent : un tiers de l'ensemble des chantiers ont été réalisés en 2017. Pour mieux comprendre cette success story, nous avons posé trois questions au cofondateur de Ça me regarde, Arnaud Fimat

Comment expliquer le succès de Ça me regarde ?

Les gens sont en recherche de sens. 70 % des personnes que l’on rencontre dans les entreprises se disent "désengagées", pourtant, tout le monde veut se sentir utile. Ce qui est époustouflant, pour nous, c’est que l’on réveille de l’empathie chez les gens, et l'empathie rend heureux.

Un tiers des missions de Ça me regarde ont été réalisées en 2017, pourtant, l'entreprise a cinq ans. Pourquoi ?

Concrètement, nous sommes passés de deux à sept au sein de l’équipe, donc nous avons des moyens de communication plus importants. Il est également vrai que l’économie repart, donc les séminaires aussi. Mais finalement, on est encore au début de l’histoire et les choses vont encore s’accélérer, parce qu’en toute humilité, nos journées sont belles. Ce que l’on fait, c’est un peu un mélange entre "Rendez-vous en terre inconnue" de Frédéric Lopez et "Tous ensemble" de Marc-Emmanuel… Mais finalement on est juste des petits qui essaient de faire de grandes choses.

Les entreprises comme les associations reviennent vers vous après avoir participé à une journée de RTT solidaire ?

Oui car nous créons des partenariats de confiance. Un tiers des entreprises avec lesquelles nous travaillons refont appel à nous et il y a 70 associations auprès desquelles nous intervenons régulièrement. On aime revenir parce que la confiance s’installe : les associations connaissent les journées Ça me regarde, ils savent qu’ils peuvent nous confier leurs missions et d’ailleurs on devient souvent amis. Autrement, du côté des entreprises, même pour celles avec lesquelles on ne travaille qu’une seule fois, bien souvent, nous faisons naître des vocations, les salariés deviennent bénévoles… Nous avons la volonté de faire changer les entreprises, c’est pour cette raison que ça marche. Lorsqu’on a participé à une journée Ça me regarde, on ne peut plus organiser des journées au karting ou à l’accro-branche pour la cohésion des équipes. Ça n’a plus aucun sens. 

Ça me regarde sera présent au salon Produrable les 4 et 5 avril prochain.

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