Des bénéficiaires de l’association People Welfare Center en Inde reçoivent une formation informatique.
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Social

Les congés solidaires, des vacances utiles

L’association Planète Urgence a créé les congés solidaires. Lors de missions de deux semaines, des salariés volontaires transmettent leurs compétences à des ONG locales.

Sa première mission : deux semaines de soutien scolaire au Bénin en 2011. Emmanuelle Puistienne s’en souvient comme si c’était hier : « ça me bouleverse encore ». Chaque année, cette banquière part en congé solidaire, un dispositif créé par l’association Planète Urgence en 2001. Des entreprises financent des missions de solidarité internationale de deux semaines auxquelles participent leurs collaborateurs sur leurs congés.  

S’investir sans changer de métier

« Je cherchais depuis longtemps comment m’investir sans changer de métier » explique Emmanuelle Puistienne. Sans formation adéquate, elle ne peut entamer une carrière dans l’humanitaire. Banquière depuis 15 ans, elle n’affiche aucune frustration professionnelle. « Ce n’est pas une manière de fuir mon boulot », assure-t-elle, « il y a une éthique dans mon entreprise, j’y suis attachée ». Lorsqu’elle découvre Planète Urgence et ses congés solidaires, ce besoin d’engagement prend corps. Elle contacte l’association et sollicite sa direction dans la foulée. « Ils ont tout de suite adhéré », se souvient la jeune femme. « Dès la première année, 5 volontaires sont partis. »

Les compétences d’abord

« Ces partenariats, c’est l’assurance d’avoir une grande diversité de profils », estime Muriel Roy, directrice des partenariats de Planète Urgence. « Nous sommes dans une démarche de transfert de compétences et répondons à des besoins exprimés par les ONG locales. » poursuit la responsable de l’association.

La Cegos, entreprise de formation partenaire de Planète Urgence depuis 12 ans, a ainsi envoyé ses collaborateurs « renforcer le savoir-faire commercial d’une ONG qui promeut des sites culturels au Cambodge », détaille son DRH Christophe Le Bars « mais aussi vers des missions sur les fonctions support : informatique ou administration ». Avant leur départ, les aspirants volontaires sont formés aux enjeux de la solidarité internationale. « Nous nous réservons la possibilité de refuser quelqu’un qui partirait pour de mauvaises raisons », met en garde Muriel Roy. Pour partir, il faut postuler aux missions émises par les ONG locales, qui recrutent elles-mêmes les candidats.

Enrichissement professionnel

Devenue responsable des congés solidaires au Crédit mutuel, Emmanuelle Puistienne estime que ce partenariat leur « permet de recruter et de fidéliser les collaborateurs, surtout les jeunes, en quête de sens dans leur travail ».

« C’est aussi un enjeu d’image interne qui pousse les entreprises à s’engager », nuance Muriel Roy. « Ce type de mission a un apport personnel très fort pour nos collaborateurs. Les conditions de travail sur place les poussent à innover. C’est bénéfique pour leurs pratiques professionnelles au retour » renchérit Christophe Le Bars. « Nous finançons la totalité des coûts de la mission », soit un don à Planète urgence et les frais de voyage, explique le DRH de la Cegos. D’autres entreprises limitent leur participation financière au don quand certaines vont jusqu’à offrir des congés supplémentaires.

Reste qu’il n’est pas toujours simple de convaincre les salariés. Les freins, Emmanuelle Puistienne les évacue d’un revers de main. « Il ne me reste peut-être que trois semaines de vacances avec enfants, mais je ne fais pas de sport tous les week-ends. Chacun son truc ! »