Malgré le volontarisme des banques, KPMG relève plusieurs auxquelles elles ont dû faire face.
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Banques : KPMG analyse les premiers rapports CSRD de 20 grands établissements européens

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Le cabinet d’audit KPMG publie ses conclusions après avoir analysé les premiers rapports CSRD de 20 grandes banques européennes. Il souligne les "efforts des établissements bancaires européens" tout en insistant sur "le chemin à parcourir".

D’abord rendue obligatoire dès 2026, l’obligation de reporting des données extra-financières des grandes entreprises européennes (CSRD) a finalement été repoussée à 2028 par la Commission européenne pour des raisons de "simplifications administratives". 

Ce report n’a toutefois pas empêché un certain nombre d’entreprises de maintenir la publication de leurs rapports, notamment dans le secteur bancaire. Le cabinet d’audit et de conseil français KPMG a analysé ceux des 20 plus grandes banques de l’UE afin de tirer des conclusions de cette première publication. 

De nombreux défis à relever

Dans son communiqué publié le 22 mai, KPMG note que les 20 banques du panel d’étude cherchent à faire preuve de transparence. Leurs publications contiennent en moyenne 200 pages, dont près de la moitié est consacrée à l’étude des critères ESG, une taille qui a "presque doublé par rapport à l’année précédente". 

Malgré le volontarisme des établissements étudiés, le cabinet relève plusieurs difficultés, en particulier concernant le traitement des données climatiques. Ainsi, seules "65 % des banques ont complété les informations chiffrées sur les scopes 1, 2 et 3".

Les scopes correspondent à différents types d’émissions de gaz à effet de serre, définis en 2001 par le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) et le World Resources Institute (WRI). Le scope 1 regroupe les émissions directes de CO2, qui résultent de la combustion d’énergies fossiles. Il est suivi du scope 2, qui correspond aux émissions indirectes générées par la consommation d'énergie nécessaire à la fabrication d’un produit.

Pour terminer, le scope 3 rassemble toutes les autres émissions indirectes, comme l’extraction des minerais et des matériaux nécessaires à la création d’un produit, ou encore les émissions liées aux transports des salariés, du matériel et des clients se déplaçant pour acheter un produit

Pour le secteur bancaire, ce dernier niveau est le plus important. En effet, dans le panel des 20 banques étudiées par KPMG, 95 % de l’empreinte carbone "provient des émissions financées", c’est-à-dire du financement de projets ayant une forte empreinte carbone. 

Des engagements "trop génériques"

Le cabinet d’audit souligne aussi les engagements "trop génériques" des plans de transition des banques étudiées. En effet, si 80 % d’entre elles ont publié une stratégie de transition, celles-ci ne couvrent que rarement l’entièreté des scopes, donc des postes d’émission de l’entreprise. Elles sont aussi parfois "sans lien clair avec les actifs concernés".

KPMG attire également l’attention sur l'impact environnemental "sous-estimé" du numérique, qui reste selon lui "peu documenté". Le cabinet relève qu’il représente 35 % des émissions du scope 2 des banques du panel et déplore que les initiatives responsables restent "rarement valorisées", "alors qu’elles pourraient devenir un pilier stratégique de performance durable".

90 % des banques sont également membres de la Net-Zero Banking Alliance (NZBA), le programme de l’ONU œuvrant pour le respect des objectifs des Accords de Paris dans le secteur bancaire. L’alliance a toutefois revu ses ambitions à la baisse, en abandonnant notamment l'obligation pour les banques de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.