©Capture d'écran/Facebook
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Sur la Toile, un emballement vert, plus ou moins durable

Défis ramassage de déchets ou repas sans viande, pétitions pour le climat, manifestations... Les réseaux sociaux boostent la mobilisation citoyenne pour la planète, même si l'engagement ne va pas toujours au-delà du clic.

En quête d'un défi responsable ? Chacun peut participer au "trashtag challenge", qui invite à nettoyer un coin de rue, un bout de plage ou de forêt, et à en poster les clichés avant/après. Depuis début mars, la collecte de déchets fait fureur du Sénégal au Canada. En quatre semaines, le #trashtag a fait l'objet de plus de 200 000 tweets, trois fois plus que le #climat, selon l'outil de veille des réseaux Visibrain.

Tout a démarré par un post Facebook d'un habitant de l'Arizona, montrant le 5 mars un jeune homme entouré de sacs poubelle remplis. Le héros? Un Algérien de 27 ans, Younes Drici Tani, qui vient de nettoyer un coin de nature dans son village. "Je voyais ces derniers temps plein de challenges stupides. J'ai essayé de faire quelque chose de révélateur", a-t-il expliqué au Parisien. Le post de l'Américain reprenant ses photos sera partagé 333 000 fois!

Sur Twitter, l'affaire prend de l'ampleur le 10 mars (plus de 2.500 tweets ce jour-là), avec un pic le 17 mars : près de 25 000 messages sur la journée. En 2015, le même défi, lancé par une marque américaine de matériel de camping, n'avait pourtant généré que... 187 tweets, note Visibrain.

Nettoyeurs occasionnels, familles "à énergie positive" ou "résistants climatiques", ils sont nombreux à se lancer dans la bataille des déchets, des pesticides, de l'impact carbone... sur fond de mauvaises nouvelles pour la planète. Rien de neuf acheté pendant un an ! Ou bien pas de viande le lundi. Ou alors fini les voyages en avion. Le projet, qu'il dure deux heures ou deux ans, paraît d'autant plus porteur qu'il prend la forme d'un "défi", relayé et soutenu à travers les réseaux.

"Nombreux à pousser"

"Il y a l'idée de jeu", explique l'Américaine Shannon Dosemagen. "Mais surtout les gens veulent sentir qu'ils appartiennent à une communauté, quelque chose de plus grand qu'eux", constate la fondatrice de l'ONG Public Lab, qui soutient les populations locales face aux risques environnementaux.

Mais la question c'est "comment prolonger cette action, construire quelque chose de plus durable", éviter un simple "activisme du clic" ? "Par exemple, le trashtag challenge pourrait transformer en événement mensuel" la journée annuelle du nettoyage des plages ("coastal clean up") organisée depuis 30 ans dans une centaine de pays, suggère Shannon Dosemagen. Rien ne semble impossible tant la Toile offre de passerelles et multiplie les ressorts possibles d'action.

Les marches de la jeunesse pour le climat se sont ainsi organisées aussi sur les réseaux sociaux, sans infrastructure formelle. Comme les défilés nés en France après la démission choc du ministre Nicolas Hulot.

Tout cela n'a pas échappé aux grandes ONG. Le WWF France a lancé en novembre son application WAG ("We act for good"), qui revendique 300.000 téléchargements et 1,5 million de défis relevés autour des gestes du quotidien (comment se fournir en électricité verte, consommer local, installer un potager sur le toit... et mettre ses amis au défi de faire de même ?).

"Beaucoup de gens nous demandaient 'qu'est ce que je peux faire?'", explique sa présidente Isabelle Autissier. WAG c'est "l'idée des petits ruisseaux qui font les grandes rivières et des effets d'entraînement qu'on peut avoir sur ses collègues, sa famille..." Sujets plébiscités : l'alimentation, les déchets (plastiques), les transports.

Pour l'ex-navigatrice, ce succès traduit un vrai changement de mentalités. "On est dans une accélération très nette de la prise de conscience. La difficulté c'est comment faire cette transition pour continuer à vivre à peu près correctement sur cette planète? Quels moyens d'actions? WAG en est un".

"On prend aussi conscience qu'on arrive à faire changer les choses quand on est nombreux à pousser dans la même direction. Et ça, le numérique y contribue", ajoute-t-elle. "Si on est des centaines de milliers voire des millions, on pèse sur les industriels et bien sûr le politique".

Avec AFP.

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