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Santé

Lundi vert : "remplacer chaque lundi la viande et le poisson par d’autres aliments"

"Cap ou pas cap ?" De remplacer chaque lundi la viande et le poisson par d'autres aliments ? C'est l'objet de l'opération "Lundi vert", qui débutera le 7 janvier 2019, initiée entre autres par le chercheur Laurent Bègue-Shankland.

Laurent Bègue-Shankland est professeur de psychologie sociale à l’Université Grenoble-Alpes, Directeur de la Maison des Sciences de l’Homme Alpes. Il est à l’initiative du "lundi vert", une opération visant à sensibiliser à la consommation excessive de viande et ses conséquences sur l'environnement et la santé.

Comment vous est venue l’idée du "lundi vert" ?

Il s'agit de l’importation dans l’Hexagone d’une initiative lancée par l’école de santé publique de Baltimore aux Etats-Unis il y a quelques années. Cela s’appelait le "Meatless Monday", c’est actuellement mis en œuvre dans une quarantaine de pays à travers le monde.

Le principe est de remplacer chaque lundi la viande et le poisson par d’autres aliments, pour des motivations qui sont liées à l’environnement, la santé humaine ou le bien-être animal. Les personnes qui adhèrent au "lundi vert" le font pour un ou pour ces trois critères. En France, le "lundi vert" a une originalité, il est assorti d’une recherche scientifique sur le changement alimentaire. Les participants volontaires peuvent remplir un questionnaire permettant de calibrer leur identité, leurs motivations pour recevoir chaque lundi un message en lien avec leurs principales motivations, et chaque mardi, nous leur demanderons s’ils ont mis en œuvre ou non leur décision. C’est donc un accompagnement au changement basé sur des modes de communication ajustés. Et nous avons également proposé une option "recettes" pour les personnes qui souhaiteraient recevoir des indications pour remplacer la viande et le poisson le lundi.

Accompagner au changement demande de poser un cadre pour aider les participants ?

Il est possible de changer seul, mais il est plus simple que le contexte social et organisationnel évolue également. Il est aussi important d’échanger avec les proches avec qui l'on partage les repas du lundi, afin de se mettre d’accord. Et un accompagnement scientifique aide à être au courant des informations nutritionnelles, mais aussi des ressorts qui peuvent nous aider à changer. Tout cela permet de comprendre et d’envoyer un coup de pouce aux participants chaque lundi pour leur rappeler leurs motivations et lever des obstacles.

En plus de cet accompagnement, vous allez mener une étude sur le sujet ?

Cela permettra d'identifier, au bout d’un an, les personnes inscrites sur le site qui ont répondu à un questionnaire et qui vont nous faire un retour le mardi afin d’établir un profil de personnes qui ont réussi à changer, qui ont échoué aussi mais également à identifier les types de messages qui auront eu un effet sur le changement. Ainsi, nous aurons une idée plus précise de ce qui peut avoir une influence sur la transition alimentaire des individus.

Combien de personnes aimeriez-vous impliquer dans cette démarche ?

Nous manquons de recul pour savoir dans quelle mesure cette initiative va mobiliser, mais nous aimerions avoir au minimum 50 000 personnes, et si nous pouvions atteindre 500 000 personnes ce serait un succès, cela pourrait d’ailleurs prendre plusieurs années.

Votre initiative intervient dans un contexte plutôt favorable s'agissant des sujets liés à la transition…

C’est vrai, je suis même un exemple assez frappant. Étant assez indifférent à la question il y a encore quelques mois, je me sens désormais très intéressé par cette démarche. Je pense qu’il y a effectivement une lame de fond qui, consciemment ou non d’ailleurs, rapproche et sensibilise les citoyens à la question environnementale, sanitaire et animale. Et la convergence de ces motifs nous conduit probablement à des mutations importantes à court et à long terme. Il y a une dynamique incontestable, qui est très intéressante à observer et à stimuler en tant que chercheurs.

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Pour écouter la chronique Social Lab :