Choisir comment sera dépensé l’argent public ? Dans certaines collectivités, c’est possible. En 2014, la maire de Paris nouvellement élue Anne Hidalgo a lancé un dispositif pour permettre aux habitants de choisir leurs projets municipaux préférés : le budget participatif. Selon une note d’Antoine Bézard, consultant, spécialiste de la participation citoyenne, en partenariat avec la Banque des territoires et le Réseau national des budgets participatifs, plus de 460 collectivités proposent aujourd’hui ce système. Des communes comme Rennes, Grenoble ou Dijon, mais aussi des départements et des régions.
Un dispositif qui renforce la démocratie directe…
Le principe est simple : la collectivité propose, généralement via une plateforme en ligne, une liste de projets qu’elle souhaite mettre en place. À Paris, en 2024, 235 projets ont été soumis au vote : 14 à l’échelle parisienne, et 221 dans les différents arrondissements. Les thématiques sont variées : culture et patrimoine, environnement, cadre de vie, éducation et jeunesse ou encore solidarités.
Chaque projet comporte une description détaillée ainsi que le montant nécessaire à sa mise en œuvre. Par exemple, 800 000 € pour végétaliser les toits des quartiers populaires du 10e arrondissement. Ou bien 290 000 € pour créer de nouveaux îlots de fraicheur Place des Fêtes, dans le 19e arrondissement.
À Paris et dans les autres collectivités, chaque résident peut voter pour le ou les projets qu’il préfère. Ensuite, les collectivités s’engagent à réaliser les projets élus. Mais si ce dispositif permet de renforcer la démocratie directe au niveau local, il n’est cependant pas sans limites.
… mais qui présente quelques limites
La principale difficulté à laquelle font face les budgets participatifs, c’est la mobilisation des résidents. Selon la note d’Antoine Bézard, le taux de participation s’élève en moyenne à 6,4 %. Bien en deçà de la participation aux élections de représentants locaux ou nationaux, qui souffrent pourtant elles aussi d’une faible mobilisation.
Les budgets participatifs sont également répartis de manière inégale sur le territoire : ils sont principalement mis en place dans les collectivités de l’Ouest de la France. Et, presque pour moitié, dans des collectivités de gauche.
Enfin, il existe des disparités entre les métropoles et les petites communes qui, même lorsqu’elles mettent en œuvre un budget participatif, ont du mal à le rendre pérenne. "Les plus petites communes de moins de 2000 habitants et de moins de 5000 habitants représentent 44% de celles qui n’ont pas renouvelé leur démarche depuis 2022 quand celles de 20 000 à 50 000 habitants représentent 36% des démarches suspendues" explique Antoine Bézard. Selon lui, l’une des raisons pourrait être les montants alloués aux projets — entre 14 000 et 17 000 € — qui interrogent "sur la pertinence d’une telle ingénierie au regard des réalisations permises par ces sommes". À l’inverse, plus de 90 % des communes de plus de 20 000 habitants proposent un budget participatif.
Pour aller plus loin : "Ecologie : gagner plus, dépenser moins"
Malgré tout, le budget participatif est un outil qui permet de développer la démocratie locale et qui offre aux résidents la possibilité de s’exprimer pour améliorer leur commune ou leur collectivité. "Cette démarche a […] permis à des habitants de quartier délaissés d’améliorer substantiellement leurs conditions de vie, notamment via la mise en œuvre de travaux de voirie et d’assainissement", conclut Antoine Bézard.