Education/Citoyenneté

Plogging, sensibilisation, co-voiturage : quand les sportifs veillent sur l'environnement

La nature est leur terrain de jeux. Un rapport ambivalent prévaut entre les sportifs et leurs espaces de prédilection : entre ignorance et sauvegarde, certains trouvent une voie.

"Quand je me promène en montagne, évidemment, je ne jette pas mes déchets n'importe où, j'essaie au maximum de respecter la nature". Comme nombre de sportifs amateurs, Pierre, 37 ans, transpose son comportement éco-citoyen du quotidien dans ses loisirs en pleine nature. Certains sportifs font du plogging (ramassage de déchets en courant), d'autres participent à des campagnes de sensibilisation, privilégient le co-voiturage, etc.

Chaque année, l'association Mountain Riders organise par exemple les "Mountain days" : des bénévoles viennent ramasser les déchets en montage. "C'est une action symbolique, explique Camille Rey-Gorrez, présidente de l'association. Mais elle permet de réfléchir à son impact sur les espaces naturels et à comment on peut réduire les déchets et faire évoluer notre consommation".

Prise de conscience grandissante

La jeune femme se félicite de voir que les sportifs amateurs sont de plus en plus préoccupés par l'impact de leurs actes sur la nature : "la prise de conscience grandit", notamment chez les jeunes. Et elle concerne également l'achat du matériel et son renouvellement plus ou moins fréquent ou encore le choix de la destination.

Jean-Pierre Mounet, sociologue et écologue à l'Université de Grenoble tempère cependant l'enthousiasme : "Les sportifs de nature se sentent plutôt proches de la nature, mais la plupart d'entre eux n'ont pas de compétences environnementales, notamment sur la biodiversité : ils évoluent plus dans un paysage que dans des écosystèmes". Difficile dès lors de ménager la faune et la flore. Si la gestion des déchets et le comportement éco-citoyen sont mieux intégrés par les sportifs, la fragilité de certains écosystèmes reste beaucoup plus difficile à maîtriser.

Si on leur explique et que les contraintes sont raisonnables, les sportifs les acceptent plus facilement.

"Il faut une médiation, explique Jean-Pierre Mounet. Les impacts environnementaux sont difficiles à mesurer ou à montrer. S’il n’y a pas quelqu’un qui fait l’intermédiaire, les sportifs ont du mal à comprendre. A l’inverse, si on leur explique et que les contraintes sont raisonnables, ils les acceptent plus facilement".

"Concilier la façon dont chacun utilise les espaces"

Le Parc Naturel Régional de Chartreuse situé à côté de Grenoble, par exemple, organise depuis deux ans, un travail en concertation avec, entre autres, des accompagnateurs en montagne ou encore la Fédération Française des Clubs Alpins et de Montagne afin de définir des zones de protection pour le coq Tétras Lyre, une espèce très fragile, facilement dérangée par les randonneurs ou les skieurs.

Paul Boudin, chargé de mission biodiversité au Parc détaille : "l'information est diffusée aux sportifs via les canaux qu'ils utilisent, notamment le site SkiTour ou les magazines et sites des partenaires". Et le dispositif fonctionne. "Les moniteurs de ski de fond m'ont confirmé que les zones de protection sont globalement bien respectées", se félicite Paul Boudin. Depuis, les membres des Clubs Alpins participent aussi aux actions de comptage, au suivi des bouquetins, par exemple, ainsi qu'au balisage des zones sensibles.

Le Parc Naturel Régional de Chartreuse, qui abrite un des principaux espaces de vol libre de France, travaille également avec la LPO, le département de l'Isère et les parapentistes à un travail sur les rapaces, pour "concilier la façon dont chacun utilise les espaces", détaille Pierre Boudin. Panneaux, discussions : là encore, l'essentiel est de communiquer et de co-créer les actions.