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Education/Citoyenneté

Une petite commune lance son grand casting de la transition

Depuis près de dix ans, la commune de Malaunay, située en Normandie, a entamé une transition vers un mode de fonctionnement plus durable. Pour cette rentrée 2018, la ville lance un nouveau projet pour impliquer ses citoyens dans ce changement. Rencontre avec le directeur général des services de la commune de Malaunay, Laurent Fussien, qui nous en dit plus.

Au cours des dix dernières années, la commune s'est beaucoup investie en faveur du développement durable, pouvez-vous nous en dire quelques mots ? 

La ville a d'abord engagé une transition sur le plan énergétique et écologique. Elle a répondu aux appels d’offres du Ministère de l’environnement et de l’Ademe pour obtenir des moyens financiers. Ces subventions nous ont permis de rénover intégralement notre patrimoine municipal pour bénéficier d’une meilleure efficacité énergétique. Nous avons également impliqué les usagers des services publics pour faire en sorte que ces rénovations soient accompagnées d'une évolution des usages. Nous avons également installé sur les bâtiments municipaux des toitures solaires photovoltaïques en autoconsommation qui permettent de faire baisser considérablement la facture énergétique de la ville. 

Quelle est l’empreinte écologique de Malaunay actuellement ? 

Sur l’ensemble du patrimoine et des activités de la commune, on a constaté une division par deux des émissions de gaz à effet de serre. Cela représente 35 % d’économies pour 100 % d’électricité verte, ce qui nous permet d'avoir un vrai impact sur l'environnement.

Qu'est-ce que le casting "la transition prends ses quartiers" et pourquoi la ville organise-t-elle cet évènement ? 

La ville a donné l'exemple mais nous avons également pris conscience de la modestie de l'impact de tout ce que nous avons fait par rapport aux enjeux environnementaux, c'est pourquoi il était nécessaire d'impliquer les habitants. On a eu l'idée d'un grand défi, un grand jeu en quelque sorte, car nous voulions que cet évènement soit ludique. Nous allons proposer aux sept familles sélectionnées à ce casting de participer à des expériences de mobilité durable et de consommation durable tout à fait inédites. Par exemple, ils devront faire attention à ce qu'ils jettent, à ne pas acheter des produits suremballés. Le but est de montrer que l'écologie du quotidien, ce n'est pas quelque chose que l'on nous retire ou qui va nous manquer mais quelque chose que l'on va conquérir. Nous bénéficierons aussi du soutien de scientifiques. C'est-à-dire que nous allons nous faire aider par des psycho-sociologues, des experts en matière en matière de changement de comportement.

Cette initiative, soutenue par l'Ademe, est unique en France, qu’attendez-vous d'une telle expérience ? 

L’objectif est de montrer que lorsqu’on se donne des moyens importants, à une autre époque on aurait appelé ça de la propagande, on peut obtenir des résultats à la hauteur des défis. Par exemple en proposant des coachs par équipes qui accompagnent, rassurent, conseillent et mettent en valeur les efforts de chacun. On a également voulu tirer un récit de cette expérience sous la forme d’une B.D. Le but est de faire une transition de pair à pair, du peu vers la majorité.

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Sur l'affiche du projet, on peut voir une famille déguisée en super-héros, dans quelle mesure pensez-vous que leur expérience va inspirer le reste des habitants ? 

Effectivement, nous avons trouvé ça amusant de les représenter comme des héros mais ordinaires, accessibles aux autres. Je pense que le mimétisme fonctionne assez bien sur les questions de représentations et de pratiques sociales et culturelles. Par exemple quand on a des voisins qui vont avoir l’idée de faire un jardin potager ou d’installer des panneaux photovoltaïques, on constate, études à l’appui, que le mimétisme social à l’échelle du quartier fonctionne beaucoup plus que tous les autres moyens. 

On a du mal à se représenter la ville comme un acteur important de la transition au quotidien, que répondez-vous à cela ? 

Je crois que c’est tout le contraire. Je pense que c’est grâce à la proximité avec les citoyens, parce que nous sommes au plus près de leurs préoccupations, que les choses peuvent évoluer. Je crois également qu’il existe au sien des territoires des milliers d’initiatives qui montrent que tout est possible, à partir du moment où on laisse un espace aux habitants, sans leur confisquer ces sujets ou tenter d'y répondre à leur place. Donc une transition qui partirait des territoires et des citoyens me parait être le seul moyen de répondre aux défis qui nous attendent. 

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Pour écouter la chronique Social Lab, cliquer ici.