En fait, ce ne sont pas les coiffeurs qui posent problème mais les cheveux. Les déchets capillaires peuvent, en effet, devenir de véritables pièges pour les oiseaux. "Des pelotes de cheveux trainent sur les trottoirs, les pigeons s'y prennent les pattes et se retrouvent entravés et atrocement mutilés" s'indigne Val Réiyel.
À l'Ecole Vétérinaire de Maison Alfort, le Professeur Jean-François Courreau, président de "Faune Alfort", confirme : "Nous recevons constamment des pigeons présentant des plaies de striction (resserrement) provoquant souvent des gangrènes et des pertes de doigts. La prévention de ce type d’affection est possible en contrôlant les sources de cheveux". Alertée, la mairie du 10ème à Paris a promis d'aviser les coiffeurs de l'arrondissement afin qu'ils ne laissent plus les cheveux sur les trottoirs. Ils pourraient même donner l’exemple à l'ensemble de la capitale, voire à d'autres villes de France. Le destin pathétique des pigeons victimes des cheveux abandonnés renvoie à l'usage qu'il serait possible d'en faire.
Des impacts sur l'environnement
Dès 2015, Thierry Gras, artisan coiffeur, avait perçu les impacts sur l'environnement de son métier. En réponse, il eut l'idée de créer l'association "Coiffeurs Justes", autrement dit "l'Association pour le Recyclage des Cheveux". Les potentialités semblent multiples. Intégrés dans des boudins flottants, les cheveux absorbent les pollutions par hydrocarbures. Ils peuvent également servir d'isolant pour la protection des maisons ou de "renforçateur" de béton.
Une machine récemment mise au point permet même d'envisager un tissage à grande échelle. Reste à savoir comment récupérer tous les cheveux vagabonds. Un réseau dépassant les 4 300 professionnels adresse déjà des mèches coupées à "Coiffeurs Justes" (Saint-Zacharie dans le Var) grâce à la solidarité de La Poste. Des conteneurs ont également été disposés pour permettre à quiconque de participer à cet élan de solidarité. Sachant que, chaque année, 3 à 4 000 tonnes de cheveux sont coupés rien qu'en France, on devine les dangers pour les oiseaux et les perspectives pour les industriels. Arrêtons de couper les cheveux en quatre, recyclons !
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