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La mobilisation citoyenne pour le climat creuse son sillon

Un mois après une mobilisation inédite pour le climat, les initiatives citoyennes pour l'environnement se multiplient et cherchent à transformer cette énergie en action concrète et durable.

Sous le slogan "Il est encore temps", environ 80 marches sont prévues samedi en France, mais aussi en Suisse, au Luxembourg ou encore en Belgique. Le 8 septembre, des manifestations dans une trentaine de villes avaient rassemblé des dizaines de milliers de manifestants, à l'appel d'un Parisien, Maxime Lelong, en réaction à la démission surprise de Nicolas Hulot du poste de ministre de la Transition écologique.

L'avertissement publié lundi par les experts climats de l'ONU, qui prévient que le monde doit engager des transformations "sans précédent" s'il veut limiter le réchauffement à 1,5 °C, a créé une nouvelle onde de choc.

"La naissance d'un mouvement citoyen"

Le 8 septembre marque "la naissance d'un mouvement citoyen", veut croire Maxime Lelong. "Il y a une envie de collectif, de rassembler toutes les bonnes volontés", s'enthousiasme Danièle Migneaux, une des bénévoles chargée de coordonner les manifestations de samedi.

La page Facebook du mouvement a déjà rassemblé 60 000 abonnés en un mois. En parallèle, 700 bénévoles travaillent sur des thématiques précises via le forum de discussion. Vingt Youtubeurs ont aussi lancé à leurs millions d'abonnés, souvent jeunes, un appel assurant qu'on "peut agir pour éviter le pire du changement climatique".

"On voulait montrer l'éventail des actions possibles pour accélérer la réflexion et l'action", souligne le vidéaste Ludovic Torbey de la chaîne "Osons causer", qui a coécrit la vidéo sur YouTube. "La température monte aussi dans nos têtes!"

Une "énergie folle"

Pas envie de rejoindre des associations ni d'attendre que les responsables politiques et économiques se saisissent du sujet. "On veut garder à tout prix un système horizontal et la fraîcheur de cet élan", défend Danielle Migneaux.

La même volonté d'agir ici et maintenant anime des mouvements nés récemment comme "Nous voulons des coquelicots" contre les pesticides de synthèse. Elle s'est exprimée début octobre lors du rassemblement à Bayonne de l'association Alternatiba, qui promeut des solutions locales pour "changer le système, pas le climat". "Il y une énergie folle", témoigne Maxime Lelong. Au départ porté par des gens de 30-40 ans, le mouvement s'étend désormais à de très jeunes militants, recrutés via les réseaux sociaux.

Comment transformer cet engouement et ce foisonnement d'idées en actions concrètes ? Pour Maxime Lelong, "marcher c'est très bien mais ça ne résout rien. Si on veut avancer, il faut mettre en place des solutions concrètes." Avec d'autres, il a monté la plateforme "ilestencoretemps.fr". Elle relaie des campagnes d'ONG, comme celle montée contre la Société Générale pour qu'elle arrête de financer des énergies fossiles ou une initiative pour changer de mode de vie en 90 jours.

À terme, les internautes choisiront trois actions qu'ils jugeront prioritaires. Elles seront présentées à l'Elysée "qui s'engage à donner une réponse", assure Maxime Lelong. "Si cette réponse ne nous convient pas, on redescendra dans la rue." "On a une société plus encline à se mobiliser au coup par coup", analysait récemment Maxime Combes d'Attac. Les ONG s'adaptent en étant plus actives sur les réseaux sociaux et avec une organisation moins pyramidale. "L'aspiration à des cadres moins hiérarchisés existait déjà, on n'assiste pas à une rupture", mais peut-être à une "nouvelle phase", estime-t-il.

Pour "Nous voulons des coquelicots", pas question en revanche de débattre avec les pouvoirs publics. "Nous ne sommes pas dans une logique de discussion et de négociation", expliquait à l'AFP Fabrice Nicolino, journaliste chez Charlie Hebdo et un des porteurs de l'appel.

Ce mouvement compte rassembler tous les premiers vendredi du mois devant les mairies dans tout le pays pour permettre aux gens de s'approprier le mouvement, explique une organisatrice. "Les réseaux sociaux sont un formidable porte-voix, mais énormément de gens n'en sont pas familiers" et se retrouver dans la rue reste un bon moyen de fédérer, explique-t-il.

Avec AFP.