Et si jouer pouvait nous aider à mieux appréhender les multiples enjeux liés à la crise climatique ? C’est le pari de "La balance carbone", un "serious game" qui mobilise l’intelligence collective afin d’imaginer une société moins dépendante des énergies fossiles. Le tout en une heure top chrono. Concrètement, en manipulant des cartes, des poids et une balance, les joueurs évaluent l’empreinte carbone de leur mode de vie et tentent de l’adapter aux différents objectifs du Giec à l’horizon 2030, 2040 et 2050. Ce jeu innovant a été conçu par le Studio EnJeux qui réunit Marie Danet, Laura Thulièvre et Cyprien de Hauteclocque, tous trois designers. Ces créateurs affirment se distinguer des autres ateliers de sensibilisation existants en misant sur une approche tangible et didactique.
Pallier le "manque d’outils simples et ludiques"
"La balance carbone est née d’une prise de conscience sur les enjeux énergétiques et climatiques ainsi que d’un constat sur le manque d’outils simples et ludiques pour comprendre le sujet et s’en emparer", précise Cyprien de Hauteclocque, l’un des co-fondateurs.
Pour rendre palpable le déséquilibre entre notre consommation d’énergies fossiles et l’ampleur des objectifs climatiques, les créateurs du jeu ont choisi de placer au centre de l’expérience une balance sur laquelle les participants peuvent placer plusieurs poids. A gauche, les poids correspondants à l’empreinte carbone des joueurs. A droite, les poids objectifs 2030, 2040, 2050 fixés par le Giec.
Nous voulions créer un objet central et ludique autour duquel les joueurs allaient réinventer leur mode de vie. La balance nous a alors paru évidente : facile à s’approprier, c’est l’outil parfait pour peser son empreinte carbone de façon tangible”, appuie le designer.
Un jeu d’équilibre
Face à la balance, trois plateaux de jeu, répartis en trois catégories (alimentation, logement, transport), sont disposés devant les équipes, qui peuvent être constitués de deux à cinq joueurs. A eux ensuite de démarrer la partie, en suivant les instructions d’un animateur qui les guident dans leur cheminement. Au début, les joueurs sont invités à reproduire leur mode de vie à l’aide de cartes, puis ils vont peser l’empreinte carbone de ce mode de vie à l’aide de poids sur la balance. On découvre ainsi qu’acheter 10 vêtements neufs par an équivaut à l’émission de 300 kg de CO2e ; ou bien que manger de la viande trois fois par semaine entraîne l’émission de 1600 kg de CO2e.
Tous les calculs se basent sur les travaux de l’ADEME ou de Carbone 4, ils ont été réalisés en collaboration avec des ingénieurs de la junior entreprise des arts et métiers”, note Cyprien de Hauteclocque.
Après avoir déposé les différentes cartes sur les plateaux, on prend rapidement conscience de l’impact de nos modes de consommation. Vient ensuite le moment de comparer notre empreinte carbone avec les objectifs fixés par le Giec en 2030. Des discussions, voire négociations, s’amorcent alors entre co-équipiers afin de déterminer quels changements sont à effectuer pour atteindre l’équilibre de la balance.
Faut-il passer à la voiture électrique ou bien réduire sa consommation de viande ? Suis-je prêt à diminuer mon temps passé devant les écrans voire sacrifier les trajets en avion ? Une fois l’équilibre trouvé, le jeu se poursuit avec les objectifs à atteindre en 2040. Les cartes de cette nouvelle décennie viennent se poser sur celles de 2030 en y apportant des alternatives. Pour réduire son empreinte, on peut alors choisir de consommer exclusivement de la viande blanche, ou bien de troquer son SUV contre un véhicule léger. A mesure que l’on avance vers l’objectif 2050, les choix deviennent de plus en plus complexes.
Nourrir les débats
On se rend alors compte que des changements profonds et significatifs seront plus que nécessaires pour être dans les clous. La dernière étape de la partie ouvre des discussions autour d’innovations low tech et high tech, et d’actions citoyennes et gouvernementales à soutenir pour s’aligner sur les recommandations du Giec. Parmi celles mises sur la table ce jour-là : la création de forêts urbaines, le développement de labels CO2 ou encore de conventions citoyennes...
Autant de pistes qui donnent matière à réfléchir individuellement mais surtout collectivement. Le jeu est notamment destiné aux entreprises, "des acteurs clés de la transformation écologique" selon les concepteurs de "La balance carbone".
"Elles ont un pouvoir considérable pour réduire leur empreinte environnementale, et influencer d’autres entreprises et les consommateurs à faire de même”, souligne Cyprien de Hauteclocque, avant d’ajouter : "Lorsque nous sensibilisons les collaborateurs d’une entreprise, nous nous adressons à la fois aux salariés qui vont contribuer à la transformation de leur entreprise et à des citoyens qui peuvent s’engager et mobiliser leur entourage."
Si aujourd’hui "La balance carbone" s’adresse principalement aux professionnels, le jeu touche aussi d’autres publics. Il a notamment été mis en place dans des universités. Et bientôt, ce sera au tour des collectivités de relever le défi lancé par "La balance carbone".
En partenariat avec La balance carbone.
Vous avez apprécié cette information ? Abonnez-vous à notre newsletter en cliquant ici !
Pour aller plus loin et agir à votre échelle, découvrez notre guide Idées Pratiques #13 : "Sport et écologie : mode d’emploi”.
Au sommaire : enjeux, analyses, entretien décryptages... 68 pages pour faire du sport en étant écolo au quotidien !
Cliquez ici pour découvrir et commander votre guide Idées Pratiques.
#TousActeurs
Enseigner le respect des animaux à l’école : un voeu pieux ?
