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Européennes : les écolos créent la surprise

Avec environ 13 % des voix, la liste EELV a créé la surprise en arrivant, comme en 2009, en troisième position du scrutin devant la liste de la droite LR et en damant le pion à l'ensemble des listes de gauche dont celle des mélenchonistes.

Victoire du Rassemblement national de Marine Le Pen qui devance de peu la liste du président Emmanuel Macron, percée des écologistes et effondrement de la droite : principaux vainqueurs et perdants d'un scrutin européen marqué par une forte mobilisation.

Sans atteindre les 16,28 % des voix obtenus par la liste Cohn-Bendit en 2009, elle dépasse largement son score des européennes de 2014 (8,95 %). Une réussite personnelle pour la tête de liste Yannick Jadot, qui avait pris le risque de partir seul à la bataille en refusant la main tendue à gauche et en se posant en défenseur d'une écologie authentique face aux "opportunistes", adeptes selon lui du greenwashing (écoblanchiment).

Jamais le thème de la transition écologique n'a été aussi présent dans les programmes des européennes. Et la liste Loiseau pouvait se prévaloir du soutien de Daniel Cohn-Bendit et de la candidature de figures de l'écologie comme Pascal Canfin, l'ex-patron du WWF France, et l'euro-député Pascal Durand.

Le Pen gagne son duel contre Macron

En mettant en avant le clivage progressistes contre nationalistes, Emmanuel Macron a instauré une confrontation directe avec Marine Le Pen, qui a elle-même fait du scrutin un "référendum anti-Macron". L'arrivée légèrement en tête de la liste RN conduite par Jordan Bardella donne à la dirigeante d'extrême droite l'occasion de prendre sa revanche sur le chef de l'État, deux ans après son échec à la présidentielle, et de s'affirmer comme sa première opposante.

La patronne du RN, qui s'est beaucoup impliquée dans la campagne, sort des européennes relégitimée pour représenter son parti à la présidentielle de 2022. Mais la victoire du RN, qui enregistre un score d'environ un point inférieur à celui des européennes de 2014 (24,86 %), aura peu d'impact au plan européen où l'influence de l'extrême droite reste limitée.

Le score de la liste "Renaissance" conduite par la LREM Nathalie Loiseau constitue un revers pour Emmanuel Macron qui s'était posé en rempart contre l'extrême droite et le populisme, au sortir du grand débat consécutif au mouvement des "gilets jaunes".

Mais cette deuxième place, avec un écart très faible entre les deux listes et peut-être un même nombre de sièges, ne devrait pas obérer la capacité d'action du chef de l'Etat. S'estimant conforté par la résistance de son parti, ce dernier a fait savoir qu'il comptait "intensifier l'acte II" de son quinquennat.

L'effet Bellamy n'a pas suffi, la droite s'effondre

Traumatisés par la défaite de François Fillon en 2017 et amputés d'une partie de leurs membres passés à LREM, Les Républicains (LR) subissent un nouveau revers en recueillant autour de 8 % des voix.

Loin des 20,81 % de l'UMP aux européennes de 2014 ou des 20,1 % de François Fillon à la présidentielle de 2017, le parti de Laurent Wauquiez s'effondre.

L'enthousiasme militant suscité durant la campagne par François-Xavier Bellamy, professeur de philosophie étiqueté conservateur, n'aura pas suffi. Et l'état-major du parti, qui avait un moment espéré dépasser les 15 % avant de se satisfaire des 12 à 13 % promis par les sondeurs, devra tirer les leçons d'un échec.

Le reste de la gauche paye son émiettement

Éparpillée en pas moins de quatre listes (LFI, PS/Place publique, PCF, Générations), la gauche (hors écologistes), qui totalise un peu plus de 18 % des voix, est la grande perdante du scrutin.

Pour la liste LFI de Manon Aubry, qui recueillerait 6,3 %, c'est un peu la douche froide. Fort de ses 19,58 % à la présidentielle, le parti de Jean-Luc Mélenchon espérait passer devant LR et déjouer le duo LREM-RN. Mais malgré une grosse campagne et son soutien appuyé aux "gilets jaunes", les Insoumis n'ont pas capitalisé comme ils l'escomptaient sur le vote sanction anti-Macron.

Crédité du même score (6,3 %), le Parti socialiste sauve les meubles après sa descente aux enfers de la présidentielle de 2017 (6,36 %). Après avoir tenté l'élargissement et visé les 10%, la liste Place publique-PS, conduite par l'inexpérimenté Raphaël Glucksmann s'était repliée sur sa base militante pour échapper au pire des scénarios: une absence d'élu, inédite depuis la première élection européenne de 1979. Conscient du risque, les derniers éléphants du parti, de François Hollande à Lionel Jospin, se sont mobilisés dans la dernière ligne droite.

L'ex-candidat PS à la présidentielle en rupture de ban, Benoît Hamon (Générations), a payé cash son isolement et le réflexe du vote utile. Sans élu, il pourrait, comme il l'a laissé entendre, mettre fin à plus de 30 ans de vie politique.

Les communistes, redevenus autonomes depuis leur désalliance avec le Front de gauche et Jean-Luc Mélenchon, peinent à émerger, avec 2,4 % à 2,7 % des voix. Ils retrouvent l'étiage des dernières législatives (2,72 %) malgré la campagne dynamique de sa tête de liste Ian Brossat.

Avec AFP.