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Education/Citoyenneté

Climat : l'organisation de débats vendredi, un casse-tête pour de nombreux lycées

Annoncés par le ministre de l'Éducation, les débats sur le climat auront du mal à se tenir vendredi dans tous les lycées de France, préviennent des proviseurs, pris de court par cette initiative de dernière minute.

"Il y aura des débats vendredi dans tous les lycées de France, de 16h à 18h", a déclaré lundi 11 avril Jean-Michel Blanquer, suscitant la surprise chez les chefs d'établissement. Pour le ministre, il s'agit de "manifester l'importance" du sujet et de permettre aux élèves de faire remonter des propositions concrètes, durant cette journée où la jeune suédoise Greta Thunberg a appelé à "une grève mondiale" pour le climat.

Mais pour les proviseurs chargés d'organiser ces débats, il ne sera pas toujours possible de répondre à cette demande. L'AFP en a interrogés une dizaine : seuls deux assurent qu'un débat aura bien lieu au sein de leur établissement, à l'horaire indiqué. "Une docteure en géographie va venir nous aider à l'organiser et il sera ouvert demain à tous les lycéens", indique Jean Bastianelli, proviseur du Lycée Louis-Le-Grand à Paris.

Au lycée Alexandre-Dumas de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), il n'y aura pas "un" mais "plusieurs" débats vendredi : "chaque professeur est invité à discuter du sujet dans sa classe", souligne la proviseure. Mais ailleurs, on invoque de nombreuses contraintes d'emploi du temps et un calendrier trop serré.

"Nous avons été pris de court par cette annonce", résume Philippe Vincent, secrétaire général du SNPDEN, principal syndicat des chefs d'établissement. "Les lycées ont leur rythme, on ne peut pas organiser un débat du lundi pour le vendredi". La consigne a donc été donnée par le syndicat de "faire dans la mesure du possible". "D'autant que de nombreux établissements n'ont pas attendu la demande du ministère pour travailler sur le sujet", tacle M. Vincent.

"Pas sérieux"

Parmi ses collègues du syndicat, Lysiane Gervais, à la tête du lycée Philippe-Cousteau, près de Bordeaux, regrette qu'on n'ait pas prévu "un temps de préparation pédagogique". "Trois jours pour organiser un tel débat, ce n'est pas sérieux". Sans parler de l'horaire, "pas approprié", selon elle : "à partir de 15h le vendredi, il n'y a plus beaucoup d'élèves au lycée..."

À Lyon, Lydia Advenier se dit également surprise par "le timing". "En ce moment, on fait passer des bacs blancs, on termine les inscriptions sur Parcoursup (la plateforme de vœux universitaires, ndlr) et c'est aussi la période des conseils de classe. Ce n'est pas au ministre de programmer notre agenda", juge-t-elle. "On partage le constat de l'urgence climatique, on est plus dubitatif sur l'urgence pédagogique" cette semaine, relève Gwenaël Surel, du SNPDEN, et proviseur d'un lycée à Ancenis (Loire-Atlantique).

Son établissement avait "anticipé la date du 15 mars", journée symbolique dans le monde, en planifiant une mini-conférence dans la matinée sur la dérégulation du climat, une initiative qui permet, selon lui, d'honorer la demande tardive du ministre.

Bruno Bobkiewicz, également membre du syndicat et proviseur à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), a, lui, organisé un forum spécifique sur le sujet, mais "dans deux semaines". "Pas question de tout déconstruire", dit-il. Un débat oui, mais pas vendredi. Au ministère, on insiste sur le fait que l'organisation du débat "n'est pas une option", même si une certaine "souplesse" peut être tolérée dans l'horaire. "Il faut juste une salle, un minimum d'encadrement et prévenir le conseil de la vie lycéenne (les élus lycéens, ndlr)", fait-on valoir.

Si ces débats ont lieu, difficile de prévoir s'ils feront le plein : de nombreux jeunes ont prévu de sortir du lycée pour rejoindre vendredi 15 mars les manifestations pour le climat organisées dans plusieurs villes de France.

Avec AFP.