Entre 2023 et 2024, les heures durant lesquelles l'électricité n'était pas rentable ont doublé.
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Economie

Eolien en mer : la production électrique est désormais suspendue lorsque les prix sont négatifs

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Auparavant achetée par l’Etat à un prix plafond, les parcs éoliens offshore arrêteront désormais leur production si celle-ci n’est pas rentable, a annoncé lundi 2 juin le ministère de l’Economie dans un communiqué. 

Ils sont 3 à alimenter des foyers en électricité sur le territoire français. Les parcs éoliens en mer sont en plein développement depuis l’inauguration du tout premier, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Il a été complété par ceux de Fécamp (Seine-Maritime) et de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) en 2024. Et deux autres suivront bientôt cette année et l’année prochaine. 

Après avoir encouragé les sociétés d'exploitation à produire au maximum de la capacité de leur parc, le gouvernement a changé de politique sur le sujet. Le ministère de l’Economie a annoncé lundi 2 juin dans un communiqué la signature d'"avenants à leur contrat d’achat d’électricité, qui permettent de solliciter l’arrêt de tout ou partie de la production du parc en période de prix négatifs".

Des cours instables

En effet, l’électricité ne pouvant être stockée, ses cours ne sont pas stables. Ainsi, lorsque la production dépasse la consommation, en particulier durant les "heures creuses", l’offre dépasse la demande et les prix baissent, jusqu’à parfois devenir négatifs.  

Le phénomène inverse existe également. Durant l’hiver 2022-2023, les risques de pénurie d’énergie liés à la guerre en Ukraine ont considérablement fait augmenter les prix de l’électricité.

La filière éolienne ajoute à ces variations l’instabilité de la météo. S’il ne vente pas assez, une éolienne produit peu d'énergie, voire pas du tout. Pour pallier ces difficultés, l’État soutient la filière par une obligation d’achat à des tarifs garantis, souvent bien au-dessus des prix du marché. 

359h de prix négatifs en 2024

Mais ces épisodes de prix négatifs ont eu tendance à se multiplier ces dernières années, représentant un budget conséquent pour l’État dans un contexte d’austérité. Dans son bilan 2024, RTE, le gestionnaire du réseau de transport de l’électricité, indiquait que "deux fois plus de prix spot négatifs qu’en 2023 ont été enregistrés en 2024", l'équivalent de 359h cumulé sur un an, soit 4 % de l'année.

Selon la Commission de Régulation de l’Energie (CRE), rien qu’au premier semestre de 2024, l’électricité avait été à prix négatif durant 235h, induisant une perte de 80 millions d’euros pour l’État. 

Les producteurs devront donc désormais "participer au mécanisme d’ajustement et (...) assurer à tout moment l’équilibre entre l’offre et la demande dans le système électrique".

Si elle ne concerne aujourd’hui que les parcs éoliens offshore, cette mesure devrait bientôt être étendue aux autres installations d’éoliennes. En effet, Bercy ajoute que "des dispositions similaires ont également été introduites par la loi de finances pour 2025, pour les anciennes installations terrestres les plus puissantes, soutenues elles aussi par l’intermédiaire de l’obligation d’achat".